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Les commentaires de Éric Guéguen



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    Éric Guéguen Éric Guéguen 6 décembre 2012 15:59

    @ Machiavel : (réponse au mesage de 15h26min).
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    C’est là que Strauss intervient : il vous rejoint, et au-delà de Strauss, c’est Platon qui vous tend la main ! Il vous répondrait en effet : "Vous avez raison, on ne peut pas forcément convaincre. La vertu de s’enseigne pas, elle n’est pas non plus qu’un cadeau de la nature, c’est un effet du hasard ou, au mieux une faveur divine. Donc on n’a pas à "convaincre", et la démocratie, au sens de pouvoir accordé à tous, n’est pas viable, elle est même pernicieuse".
    Et à partir du moment où vous reconnaissez, vous, Machiavel, que certains êtres sont capables de ce que l’on a dit plus haut et d’être justes, et qu’il est impossible de convaincre tout le monde d’agir de même, la démocratie n’est plus de mise. (! !!!!!) C’est pas énorme ça ? smiley



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    Éric Guéguen Éric Guéguen 6 décembre 2012 15:51

    @ Yoann :
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    Bonjour à vous.
    Tout à fait disposé à parler de Spinoza : "Messieurs les Anglais, tirez les premiers !" smiley
    Mais à mes yeux, LA référence, c’est quand même le Nicomaque d’Aristote. Spinoza court après lui en permanence.



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    Éric Guéguen Éric Guéguen 6 décembre 2012 15:09

    @ Machiavel :
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    Donc il n’y aurait rein d’autre que la coutume et l’histoire, il ne vous semble pas y avoir un ordre des choses les supplantant ? Il ne vous paraît pas possible de trouver, en tout point du globe, des gens qui auraient le réflexe - pour reprendre notre exemple - de ramasser le billet, quel qu’en soit le montant, pour le rendre à son propriétaire ? Ce au-delà de toutes considérations culturelles ?
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    Nous arrivons à un point délicat du débat, Machiavel : toutes proportions gardées, nous sommes presque dans le cas de figure d’un croyant discutant de Dieu avec un non-croyant. Hors de question pour l’un de convaincre l’autre de quoi que ce soit dans un tel cas, c’est notre moi profond qui est concerné.
    Mais admettons que je me trompe, je veux dire admettons que ce que je raconte ne soit que pure croyance, non fondée en réalité : est-ce qu’une telle "croyance" vous semblerait dangereuse ? Vectrice de tyrannie ? Ne vous semblerait-elle pas plutôt plus viable que le système actuel, réputé "réaliste" ? Mieux à même de concilier les êtres, d’obtenir - je ne dis pas la paix, je ne suis pas naïf à ce point - mais en tout cas plus d’harmonie au sein des communautés ?



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    Éric Guéguen Éric Guéguen 6 décembre 2012 13:03

    @ Niza :
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    Bonjour Niza et merci d’intervenir en connaisseur.
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    Je vais tout de suite vous décevoir : j’ai vu la vidéo BBC en question il y a environ 3 ans et serais bien incapable de l’analyser pour vous. Je me souviens en effet qu’il y était question de Strauss, du 11 septembre aussi si mes souvenirs sont bons. N’était-ce pas dans celle-ci qu’il était aussi question d’une récupération de Strauss en Iran ? Parce que j’avais vu ça également quelque part, preuve que chacun peut trouver à boire et à manger dans la prose straussienne !
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    Mais je vais vous dire en quoi l’assimilation des néocons’ et de leur politique étrangère à une application des points de vue de Strauss me paraît tout à fait erronée, ce malgré ce que vous avez pu ajouter sur la question.
    Le cœur de la critique qu’adresse Leo Strauss à la modernité se trouve dans Droit naturel et histoire, où il est dit qu’à l’ancienne prérogative du devoir dans la philosophie politique antique a succédé celle du droit dans la science politique moderne. Ceci est capital car désormais l’homme n’est plus l’élément d’une communauté qui mérite ses droits à l’aune du respect de ses devoirs mais l’inverse : c’est la société qui se doit de garantir les droits de l’individu avant que de lui imposer des devoirs (sinon, il y a rupture de contrat). Et c’est là qu’apparaît aussi la critique de Strauss portant sur les philosophies de Machiavel et de Hobbes, qui abaissent tous les êtres humains (pour faire vite, trop vite peut-être) à leur seule animalité (estomacs sur pattes attachés uniquement à leur conservation). Et tout ceci prête inévitablement le flanc à beaucoup de choses : je vous laisse imaginer ce qu’une civilisation peut faire, peut devenir - en bien comme en mal - une fois qu’elle a fait de l’intérêt des individus une fin unique et ultime, et de la recherche effrénée du confort un principe d’action politique. Nous en ressentons précisément les désagréments aujourd’hui... et c’est là que je dis que Strauss est très puissant,et beaucoup plus profond à mes yeux qu’Arendt.
    Or, une fois que l’on a dit ça, quel rapport trouver entre cette critique straussienne et le fait que les USA soient un empire utilitariste au possible, enfermé dans une boulimie de confort, de production de gadgets en tous genres et enclins, par surcroît à rendre le monde entier à leur image ??? RIEN.
    Peut-être que Strauss, en revanche, aurait été patriote (je sais que son film préféré était Zoulou...). Mais comme tous les Juifs expatriés en Amérique, peu ou prou (à l’exception de Chomsky ?...). Peut-on leur jeter la pierre de savoir gré à ce pays de les avoir accueillis dans l’entre-deux guerres ?
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    Autre chose : on dit souvent que Huntington et Fukuyama furent des disciples de Strauss. D’abord c’est assez étrange car ils n’ont rien à voir ensemble. De plus, si vous avez lu Huntington et son fameux Choc des civilisations (encore un livre honni par la presse française sans même l’avoir lu), vous savez qu’il était à cent lieues de prôner l’hégémonisme américain, bien au contraire.
    Donc beaucoup de sottises sont dites un peu partout il me semble...
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    Sur ce, bon appétit.
    Éric G.



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    Éric Guéguen Éric Guéguen 6 décembre 2012 12:40

    @ Machiavel1983 :
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    Ce dont vous me parlez là, Machiavel, est vraiment passionnant... mais ressortit totalement à la tradition. C’est bien la tradition des Nguandis qui leur commande une telle pratique. Comme c’était bien la tradition qui commandaient aux Romains de vendre leurs fils et aux Spartiates de maintenir l’ilote en esclavage. Sont-ce des "valeurs" pour autant ? Des valeurs relatives, oui, c’est-à-dire relatives à un corpus de traditions, de coutumes qui façonnent telle ou telle communauté. Mais de là à leur concéder le statut de valeurs absolues, certainement pas. Je sais que ce n’est pas ce que vous faites, mais vous, vous basculez dans l’excès inverse consistant à dire que les valeurs ne peuvent être que relatives. À ce moment-là, pourquoi s’offusquer que des êtres soient maintenus en esclavage ? Le juste et l’injuste (en évacuant le bien et le mal, trop connotés), ou le droit et le biais si vous préférez, ou encore l’équilibre et le déséquilibre, l’harmonie et la disharmonie (selon les écoles de pensée), s’accordent à reconnaître des valeurs universelles. Celles-ci ne sont pas des Droits (douce farce que ces Droits de l’Homme tombés du ciel), elles ne s’écrivent pas, ne prescrivent rien et ne font même pas appel à Dieu, elles se ressentent. Je ne vous parle pas là de conscience, mais de logique. Une logique se présente à vous (dans le cas du billet tombé par terre) ; libre à vous de la négliger ou d’écouter votre conscience qui, elle, vous recommande de la respecter (c’est là qu’intervient la morale et les religions en particulier).
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    Je crois qu’il y a deux travers typiquement modernes en morale. Typiquement modernes car fruits du même arbre, celui de l’homogénéité de la nature humaine et de l’égalité parfaite entre les êtres (préjugés propre à l’Occident moderne).
    D’un côté certains nous disent que l’Homme naît bon et que l’emprise des contraintes sociales le pervertissent. Cette tradition est angélique et se veut "humaniste" (mais rien d’humaniste là-dedans).
    De l’autre, nombreux (et de plus en plus nombreux à notre époque, car l’aigreur y fait beaucoup) sont ceux qui postulent que l’Homme est par essence égoïste et qu’il faut mettre à profit cet égoïsme. Cette tradition, elle, est parfaitement cynique et se dit "réaliste", ce avec quoi je suis en désaccord. Vous conviendrez aisément que vous appartenez à cette deuxième catégorie.
    Or, selon moi, la nature humaine est bien plus complexe : d’ailleurs si nous connaissons les notions de juste et d’injuste, si nous avons donné des mots à ces concepts pour en discuter, c’est qu’ils existent. Et ils existent parce qu’il se rencontrent, sans être un produit de l’espèce humaine. Il y a des êtres naturellement porté à la justice, d’autres naturellement portés à l’injustice. Il y a des êtres vertueux, des êtres vils et abjects, c’est ce qui fait la richesse de l’humanité, ou du moins sa véritable, sa réelle diversité. Diversité totalement oblitérée par l’Occident moderne, qui boude la nature, ce pour des raisons proprement utilitaristes.



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    Éric Guéguen Éric Guéguen 6 décembre 2012 11:27

    @ Machiavel1983 :
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    Mais alors, pourquoi le voleur en question n’applique-t-il pas directement cet "instinct de conservation" dans la communauté originaire de ses semblables ? Pourquoi y avoir recours dans une communauté subsidiaire, en quelque sorte ? Il devrait se dire qu’il est de son intérêt d’être honnête avec n’importe lequel de ses semblables (voleur ou non), ne serait-ce que pour en attendre la même chose en retour ?
    Je vais tenter de devancer votre réponse : vous pourriez en effet me répondre qu’il est obligé de recourir à l’honnêteté au sein d’une communauté qui partage ses "valeurs"... J’aurais tendance à vous répondre que c’est précisément parce qu’il s’est volontairement mis au ban des valeurs communes (absolues, comme la probité) qu’il est contraint de se trouver une communauté de substitution, communauté qui le contraint quand même d’avoir recours aux valeurs absolues, sans lesquelles, aucune communauté n’est possible, seul moyen pour l’homme d’exercer ce à quoi le dispose la nature. Ce qu’il y gagne en flouant LA communauté au sein d’une entité plus petite ? Le fruit de son larcin, applaudi par ses pairs, c’est-à-dire des individus sans scrupules, individus qui n’ont pas un autre système de valeurs, mais qui plutôt nie le corpus de valeurs communes.



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    Éric Guéguen Éric Guéguen 6 décembre 2012 10:08

    @ Machiavel :
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    Une chose sur laquelle j’ai oublié de rebondir : vous parlez à un moment de "valeurs" différentes dans l’esprit d’un voleur. Mais imaginez une communauté de voleurs... ne seraient-ils pas contraints d’être honnêtes au moins entre eux pour pouvoir "faire communauté" ? Ce me semble là une exigence qui tombe sous le sens... un principe absolu donc. Non ?



  • 1 vote
    Éric Guéguen Éric Guéguen 5 décembre 2012 20:51

    @ Machiavel :

    Non, là il y a profond désaccord entre nous. Car je pense qu’un voleur qui ramasse le billet (et il y a plus immoral que mon exemple, j’en conviens, c’est un vol assez modique, mais un vol quand même) SAIT pertinemment qu’il agit CONTRE une justice absolue, SAIT pertinemment, s’il est sain d’esprit, qu’il est injuste. Il n’a simplement aucun scrupule à l’être, ça peut être parce qu’il est vraiment dans la merde et a besoin de cet argent d’ailleurs ou vouloir donner cet argent à Emmaüs, mais cela n’y change rien : son manquement est contraire à la vertu. Il vous soutiendra même le contraire, pour ne pas se trahir, sa raison est commune à n’importe quelle autre : il SAIT qu’il a mal agit.
    Et la plupart des gens, dans un cas pareil, se diront : "Bah, de toute manière, si ce n’est pas moi qui le ramasse, ce sera un autre". Voilà typiquement l’empire du nombre que je dénonce dans mes écrits, le fait de se dire "je me contente de suivre le troupeau, en brave mouton, car j’ai tout à y gagner et la justice (positive j’entends), en l’occurrence, n’est pas contre".
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    Il y a donc pour moi des valeurs absolues, à l’instar de l’exemple donné, valables aux quatre coins de la planète et qui ne dépendent nullement d’un corpus de lois écrites. C’est pour moi une véritable démarche humaniste, et de tels réflexes ne concerneraient-ils que 2 à 3% de la population mondiale importe peu. Le nombre ne pèse rien. Avec le nombre, on reste dans les faits. Et le nombre, aujourd’hui englué dans les faits, s’en mord les doigts et, curieusement, demande plus de morale (en politique ou en économie notamment).



  • 2 votes
    Éric Guéguen Éric Guéguen 5 décembre 2012 19:21

    @ Machiavel :
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    Désolé pour les fautes dans mon dernier message. Je n’ai pas eu le temps de me relire.

    Et quand je dis "la justice ne s’y oppose pas", je veux parler, bien sûr, de la justice positive (qui n’est que relative, dépendante des lois du moment), pas du sentiment général de justice, pas de la justice absolue. La justice des hommes peut très bien vous enjoindre d’accomplir des actes que la morale réprouve... L’important, c’est d’être conscient, ET de l’absoluité de certaines valeurs, ET de la relativité de certaines lois.



  • 3 votes
    Éric Guéguen Éric Guéguen 5 décembre 2012 19:06

    @ Machiavel :
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    Je vous rassure, je ne crois pas à la naturalité du bien et du mal, je veux dire que c’est bien dans l’état de culture que l’homme prend conscience, à mes yeux, que son intelligence l’enjoint d’opérer cette distinction. L’idée de bien et de mal, chez les animaux autres que l’homme, est totalement absurde.
    Cela dit, je ne peux pousser jusqu’à dire que les valeurs ne comportent pas un caractère absolu et que l’éthique serait soumise aux modes, aux traditions ou à l’histoire. Puisque nous avons vocation à parler du réel, prenons un exemple concret :
    Vous vous baladez dans la rue quand, tout à coup, la personne devant vous laisse échapper un billet de 50 euros de sa poche. Vous l’avez vu, et êtes le seul à l’avoir remarqué. Que faits-vous ? Quoi que vous décidiez, il est advenu un "désordre", et l’"ordre des choses" vous invite gentiment à y remédier. Autrement dit, le juste en l’occurrence consiste à rattraper la personne et à lui rendre son billet. Si c’est ce que vous faites, vous répondez à une injonction morale et êtes de ce fait vertueux. Peut-être choisirez-vous ne garder le billet, et la justice ne s’y opposera pas, car, "pas vu, pas pris". Quoi qu’il en soit, vous aurez été injuste et immorale. Ce n’est pas une opinion, c’est un fait. Et pas n’importe quel fait : un fait qui découle d’une valeur.
    Vous pourriez me dire, j’agis simplement par empathie en rendant son billet à la personne car j’aimerais que l’on fasse la même chose à sa place. Eh bien poussons jusqu’à prendre l’exemple d’une personne sue vous détestez, qui vous a fait virer et qui est parti avec votre femme. Là, l’empathie est difficile, pour le moins. Eh bien le résultat reste le même : si vous décidez de ne pas lui rendre son billet, vous serez immoral et injuste. C’est un absolu. Un absolu qui ne prescrit rien et se contente de décrire les choses dans votre esprit, mais un absolu quand même.
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    Pour approfondir ce que je viens de dire, je dirai que la fait que les faits, justement, soient devenus nos seuls vecteurs normatifs est précisément ce que déplore Arendt, Strauss, d’autres encore. Or, dans notre exemple, c’est un jugement moral qui s’actualise forcément, qui se transforme en fait. Les gens qui ne se gouvernent que par les faits, eux, peuvent très bien se passer de toute valeur. D’où la supériorité des valeurs sur les faits, contrairement à ce que prétendent certains trolls sur le net en ce moment (...).
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    Enfin, pour parler d’esclavage, le fait qu’il soit contraire à la nature humaine n’a rien à voir avec les Droits de l’Homme (vous ne l’avez pas dis, je sais, c’est une simple précision de ma part), mais touche plutôt au fait qu’en rendent un être esclave, on l’empêche de donner le meilleur de lui-même... donc d’accomplir sa nature !



  • 4 votes
    Éric Guéguen Éric Guéguen 5 décembre 2012 17:20

    @ Mouche :
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    Pour les valeurs, merci de vous reporter à mon échange avec Machiavel, un peu plus bas. Ce n’est pas que je bote en touche, mais vous en aurez un aperçu.

    J’aurais aimé que vous agrémentiez cette phrase de vous : "il faut lire ses écrits pour voir qu’elle est parfaitement de son siècle et décadente comme lui".
    Comme nous avons lu, vous et moi, ses écrits, pouvez-vous me dire en quoi elle était "parfaitement de son siècle" et "décadente" ?
    À vous lire, merci.



  • 2 votes
    Éric Guéguen Éric Guéguen 5 décembre 2012 17:03

    @ Machiavel :
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    "Être réaliste" peut tout aussi bien consister à permettre à l’homme d’exploiter au maximum ses capacités, capacités intellectives incluses.
    Si le "réalisme" consiste à façonner l’homme générique à l’image des penchants de la plupart, cet homme générique devient nécessairement égoïste et feignant. Toute la modernité s’est construite sur ça, et c’est parce qu’elle n’est jamais parvenue à canaliser ces mauvais penchants dans le sens d’un intérêt général que nous en sommes réduits à vivre la "crise" actuelle.
    Pour ma part, la "nature de l’homme" est ce qu’il est capable de réaliser, ce qui ne se traduit pas par ce dont la plupart sont capables, mais ce dont certains seulement sont capables. Ces derniers prouvent ce que l’homme est réellement capable d’être.
    Pour reprendre l’exemple de la vidéo (il me semble...) : le simple fait qu’il y ait des Mères Teresa invalide la thèse de l’homme égoïste par nature. Certains sont dotés d’une meilleure nature que d’autres, à porter en exemple, mais il faut prendre en compte la diversité humaine, et la prendre en compte, ce n’est pas niveler les attentes par le bas, c’est admettre qu’il y a des pourris et des gens bien, qu’il y a des pourris capables de s’amender et d’autres non, qu’il y a des gens bien qui peuvent devenir pourris, etc.
    En cela, Strauss et Arendt sont d’accord pour demander à l’homme d’être exigent avec lui-même, ce qui va à l’encontre de la modernité. D’où leur attachement aux "valeurs", n’en déplaise à certains insectes.



  • 4 votes
    Éric Guéguen Éric Guéguen 5 décembre 2012 16:27

    Bonjour Machiavel, et merci pour votre commentaire.
    Désolé, par ailleurs, de n’avoir pas trouvé d’autres vidéos en français sur Strauss, mais c’est un auteur que nos élites se plaisent à conspuer sans avoir lu, et que notre peuple ignore copieusement. Le livre de Carole Widmaier, que j’ai lu il y a quelques mois, est réellement passionnant, même si elle laisse clairement paraître sa préférence pour Arendt.
    Le livre fondamental sur Strauss, en français, c’est celui de Corine Pelluchon, Une autre raison, d’autres lumières, paru chez Vrin, qui est prodigieux et lumineux.
    En outre, un film allemand sur Arendt doit sortir au mois de mai en France. Je ne l’ai donc pas vu, mais gageons que l’on n’en parlera pas beaucoup.
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    1. Ce que, pour ma part, je trouve intéressant dans la démarche de Carole Widmaier, c’est qu’elle permet de voir en quoi Strauss et Arendt peuvent être complémentaires.
    Je veux dire par là qu’Arendt congédie la philosophie pour ne s’attacher qu’au politique dans un souci d’être, d’une certaine manière, plus en adéquation avec les attentes de la base (et encore, celle-ci en fait du coup de la "philo de comptoir"...), alors qu’elle s’est elle-même colletée avec la lecture des classiques en philosophie politique. Bref, elle semble prétendre secondaires des choses qui pourtant ont été essentielles dans sa compréhension de la modernité.
    Strauss, quant à lui,fait très bien comprendre ce que le passage à la modernité nous à fait perdre, mais une fois que l’on a dit ça, en effet, il faut employer ce savoir à trouver des solutions concrètes, d’où le fait, je pense, que l’auteur lui préfère Arendt, mieux ancrée dans le quotidien.
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    2. Sur le totalitarisme : la "liberté", je la comprends comme celle de pensée et d’exprimer le fruit de sa pensée. En revanche, je ne suis qu’à moitié d’accord avec elle lorsqu’elle prétend que le totalitarisme n’a rien à voir avec la religion. Il y a une part de "religiosité" indéniable, il me semble, dans les idéologies civiles, conscientes qu’elles sont, je pense, de remplacer un manque. Et elles en ont profité. Cependant, quand j’entends dire que l’islam(isme) est un "fascisme", ou même un "totalitarisme", je trouve ça grotesque. Non que je le trouve sympathique, mais l’islamisme n’est résolument pas moderne. Le nazisme et le communisme, eux, ont été tout ce qu’il y a de moderne (des individualismes ayant dégénérés en holisme). Louis Dumont est un auteur que je vous conseille à ce sujet.
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    3. & 4. Je ne retiens pas la même chose que vous de ce qu’elle dit des valeurs. Elle prétend que nous avons, de ce point de vue, plus de points communs que de points de désaccord, c’est-à-dire que nous pourrions tous nous accorder sur des principes qui sont garants de l’amitié, principes éminemment vertueux, et je suis d’accord avec elle. Bien sûr - et nous en avons déjà parlé - nous ne pouvons pas être amis avec tout le monde, mais ce socle commun existe bel et bien. Après, lorsqu’elle décrit le relativisme, peut-être n’emploie-t-elle pas les meilleurs exemples qui soient, mais c’est Strauss (dont le relativisme, le positivisme et l’historicisme sont les bêtes noires) qu’elle vise là...
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    5. & 6. Sur la religion et la nature humaine : c’est surtout Strauss que ça concerne, et Carole Widmaier se focalise au bout d’un moment sur Arendt, en disant que pour elle, la religion est, en quelque sorte, un épiphénomène (je ne suis pas d’accord avec elle... Strauss non plus, cela va sans dire). Il faut dire aussi que le Monsieur du public qui intervient est assez lourd avec ses questions sur l’antisémitisme...
    En outre, vous avez raison de souligner la parenté entre catholicisme et socialisme.
    Quant à la nature humaine d’après les Anciens, elle était, je suis désolé, tout à faire réaliste : l’homme n’a-t-il pas été nanti d’un cerveau pour s’en servir ? N’est-il qu’un estomac sur pattes ? Ce que l’on pourrait dire, c’est que l’homme Antique est mû par un finalisme naturel, tandis que l’homme Moderne est mû par un utilitarisme (de plus en plus matérialiste).



  • 3 votes
    Éric Guéguen Éric Guéguen 5 décembre 2012 16:01

    @ la mouche du coche :
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    Ah, il faut bien que vous illustriez votre pseudo, mais de cette manière, c’est un peu gros.
    Je vous parle des écrits de la dame, vous m’opposer sa "bio". De quelle bio parlez-vous ? De celle de Laure Adler ou de celle lue sur Wikipedia ? Avez-vous lu Hannah Arendt ? La Crise de la Culture en particulier ? Sa réflexion sur la tradition, sur l’autorité ? Son intérêt pour Aristote et Augustin ?
    Et quelles sont les "VRAIES" valeurs en question ?



  • 4 votes
    Éric Guéguen Éric Guéguen 5 décembre 2012 15:12

    @ fafafafa1964 :
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    Merci pour ce commentaire.
    Les vidéos sur Arendt, ou plus encore sur Strauss sont suffisamment rares, je trouve, pour mettre en exergue le peu qu’on peut trouver. Si je parviens au moins à inviter ne serait-ce qu’une seule personne ici à lire, non pas Carole Widmaier, mais directement Strauss, par exemple, je serai content de moi. Arendt et Strauss font partie de ces auteurs qui nous font voir les choses de très haut, sans jamais toutefois quitter terre, et c’est très rare.
    Bien sûr, ils ne nous parlent pas de francs-maçons, de complots, de banques, de CAC40 et de pouvoir d’achat, mais de l’essence de l’homme, du devenir qu’il s’est choisi et de ses manquements les plus révélateurs. Chacun son point de vue, mais à mes yeux, c’est autrement plus important... à condition, bien sûr, que tout le monde s’en saisisse, ce qui n’est pas gagné...



  • 7 votes
    Éric Guéguen Éric Guéguen 5 décembre 2012 14:11

    @ Romios :
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    Merci d’avoir prévenu par avance que vous alliez faire de la "philo de comptoir". On sait au moins ensuite à quoi s’attendre...
    -----

    Et sinon, à part Marx, quoi de neuf sous le soleil ? Carole Widmaier n’a pas à partir de Marx, tout simplement parce qu’elle n’a pas écrit sur Marx (on est encore libre d’écrire un livre sans citer Marx). Quant à Arendt, si elle vous répugne tant, sauriez-vous au moins me dire ce qu’a contrario vaut pour vous la philosophie de Strauss ? "Philo de comptoir" là aussi ?



  • vote
    Éric Guéguen Éric Guéguen 1er décembre 2012 18:09

    Machiavel, à mon tour de vous inviter à me rendre visite... par ici.



  • 6 votes
    Éric Guéguen Éric Guéguen 1er décembre 2012 14:16

    @ Machiavel :
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    Exact. Il est coprophage, il se nourrit et se gargarise de la merde qu’on lui balance. On dirait que chacune de ses vidéos moisies est une invitation à lui déféquer dans les pompes. Non qu’il soit à ce point masochiste, mais il est prêt à tout pour entendre parler de lui.



  • 34 votes
    Éric Guéguen Éric Guéguen 1er décembre 2012 10:34

    @ GAIPORC :
    ---------------------

    Imaginez que vous rêviez d’être aussi connu que Soral dans le monde éristique, sans toutefois en avoir ni la gouaille, ni le style écrit, ni la faculté de produire un système historique - par défaut de connaissances. Imaginez en outre que vous ayez suffisamment de temps devant vous pour éplucher les vidéos du web - celles de Soral en tête - et confectionner de petits montages susceptibles d’être largement diffusés grâce à des sites tels que celui-ci. Que feriez-vous ? Vous passeriez votre temps à monter de toutes pièces un pseudo-conflit entre vous et Soral, afin de vous hissez - par le bourrage de crâne - au niveau d’un ennemi à sa mesure, en imprimant au passage votre nom dans des mémoires qui ne vous connaissent par ailleurs aucun talent. C’est ce que fait précisément Jean Robin. Et ça marche.



  • 4 votes
    Éric Guéguen Éric Guéguen 30 novembre 2012 22:10

    @ Machiavel :
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    Bon exemple, Avatar. Il faut avoir à l’esprit que le film qui a engrangé le plus de pognon dans l’histoire du cinéma (jusqu’à présent du moins) est une histoire de science-fiction opposant de méchants Terriens progressistes à de gentils Na’vi conservateurs, autrement dit une société ouverte, démocratique et impérialiste à une société close, traditionaliste et monarchique. Et devinez quoi ? Le spectateur lambda prend fait et cause pour ce qu’on nous a appris à détester à l’école comme étant rétrograde, réactionnaire, fasciste, tribal, sexiste et mystique. Et les gens, lassés du progrès de commande et des injonctions droits-de-l’hommistes, n’y ont vu que du feu.
    En plus de ça, on nous annonce une trilogie ? Ce Cameron est décidément très fort.