Je ne sais pas quelle crédibilité accorder à un homme qui me dit "à
l’adolescence, après des réflexions personnelles, je suis arrivé à la
conviction qu’il n’y a pas de Dieu ; et tous les livres lus par moi
ensuite m’ont confirmé cette conviction".
Je comprends pourquoi Soler a l’adhésion d’Onfray dont l’athéisme
est, de la même manière, un caprice d’adolescent dans une crise
d’adolescence non terminée.
Arguments formalistes. Pourquoi toutes les idées et convictions formées durant l’adolescence seraient-elles absolument fausses, partout, tout le temps, et chez tout le monde ? N’est-on pas potentiellement un peu à 14 ans celui que l’on sera à 20 ou à 30 ? En outre, il y a (aussi) des adolescents posés et intellectuellement matures.
Est-ce que l’œuvre accomplie par Jeanne d’Arc doit être discréditée sous prétexte qu’elle a agi de manière impétueuse voire capricieuse, dans l’enthousiasme de la jeunesse, et qu’elle se disait inspirée - non, mieux, commandée - par des voies divines ? Et que l’Eglise, en juste récompense de ses actions, la fit condamner et brûler - avec l’appui politique des Anglais - pour hérésie ?
Ce n’est pas la forme du discours, ni même la motivation du discours qui importent, mais la cohérence entre le discours et les actes induits par ce discours - bref, l’éthique, même si ce mot peut dégoûter certains croyants dogmatiques qui se croient dépositaires de la morale.
Si une personne athée accomplit un bien dont un croyant serait hypocritement incapable, allez-vous réfuter la valeur de l’acte par simple rejet formel de l’athéisme ?
Il est évident que quoi que nous pensions intimement, nous serons
consciemment ou non toujours inclinés soit à lire des choses qui nous
confortent dans nos convictions soit à voir dans quoi que nous lisions
des versions que notre interprétation va rendre conformes à nos
convictions.
Jésuitisme.
Soler, quel drôle de bonhomme.
Encore une attaque ad hominem... c’est la mauvaise réputation ?
On peut saluer son érudition, notamment en langues, mais sans jamais
perdre de vue qu’il a mené ses travaux moins qui trouver des vérités que
pour se donner raison.
Mais qu’est-ce que vous en savez ? Comment le démontrez-vous sans recourir à des arguments formalistes ou à des préjugés ? Pouvez-vous expliquer en quoi la recherche de la vérité serait radicalement incompatible, sur le plan de l’épistémologie, avec le fait de "se donner raison" ? L’innocent victime d’une dénonciation calomnieuse cherche-t-il à rétablir la Vérité ou à se donner raison ? La distinction un rien vétilleuse entre ces deux notions me paraît encore une fois dénoter une tournure d’esprit un peu "jésuitique".
S’il est discutable sur le strict plan philosophique de s’entendre dire
"Dieu Existe, je le sais, j’en ai la conviction" à notre époque où le
scientisme est triomphant et fait de la preuve l’élément suprême de
toute affirmation, entendre en face "Dieu n’existe pas, j’en ai la
conviction" ne fait pas vraiment avancer le dossier.
Encore un paralogisme. Premièrement, je ne vois pas en quoi le fait de chercher des preuves pour étayer une affirmation relèverait systématiquement et globalement du "scientisme". Cela me semble plutôt révéler d’une approche empirique reconnaissant la valeur de l’expérience et du sens commun. Une méthode de raisonnement ne peut pas être assimilée à une systématisation abusive de ses principes, au même titre que le christianisme ne saurait être réduit à l’Inquisition espagnole, aux papes banquiers de la Renaissance, etc.
Deuxièmement, vous manipulez un paradoxe puisque vous dîtes d’abord qu’une chose est "discutable sur le plan philosophique" avant d’ajouter aussitôt que la discussion en soi procède d’un "scientisme triomphant", manière de sous-entendre l’inverse de ce que vous semblez dire : on ne devrait pas, en bonne philosophie, avoir à accepter la discussion sur le thème de l’existence de dieu.