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Commentaire de sirocco

sur Quand la mémoire traumatique devient un enjeu face à la justice - Outreau 3


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sirocco sirocco 24 mai 2015 00:13

@freiheit

Votre commentaire est très intéressant. Je voudrais juste ajouter le mien concernant votre phrase :  "... les magistrats [ ... ] abandonneront très vite la notion de "justice".

Je ne crois pas que c’est ce qui se passera, j’espère que non. Les avocats veilleront de toute façon au respect des principes judiciaires.

Les affaires de moeurs sont connues pour être les seules dans lesquelles l’institution judiciaire n’exige aucune preuve tangible pour condamner. Elle ne dispose souvent que d’une parole contre une autre. Jusqu’à la débâcle d’Outreau, la situation était claire : l’enfant disait toujours la vérité ("parole d’évangile") et l’expert, dans l’immense majorité des cas, entérinait le processus (souvent par complaisance pour le juge d’instruction). Nul ne sait combien d’adultes ont été condamnés à tort en France entre 1992 et 2004 sur de fausses accusations. Quelques cas ont défrayé la chronique mais la plupart des erreurs judiciaires sont restées inconnues.

L’affaire d’Outreau a justement eu le mérite de révéler (tant les mensonges étaient grossiers et nombreux dans le dossier) que les enfants sont capables de mentir autant que les adultes (pour toutes sortes de raisons, en étant instrumentalisés ou non par des adultes). Cela ne signifie absolument pas que la justice n’est plus prête à croire ce qu’ils disent. Cela signifie que les magistrats savent maintenant que la vérité ne sort pas forcément de la bouche des enfants, qu’il convient donc de se montrer un peu plus méfiant qu’autrefois et d’exiger, avant de condamner à des peines souvent très lourdes, un peu plus que de simples paroles, ce qui est la moindre des choses en matière d’équité judiciaire.

C’est pourquoi, sauf la venue de nouveaux éléments crédibles qui interviendraient avant la fin de l’audience, je ne pense pas que les accusations très évasives et surtout très tardives portées par les frères Delay (ils n’avaient jamais mis en cause Daniel Legrand jusqu’à présent) puissent suffire aujourd’hui à la cour d’assises pour condamner l’accusé. Quant aux expertises psychologiques et psychiatriques, depuis les frasques des premiers procès d’Outreau, les juges s’en méfient encore plus que des accusations verbales des enfants. Les experts qui seront appelés à déposer devront être particulièrement clairs, intelligibles et convaincants. C’est pas gagné...


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