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Commentaire de Anthony Michel

sur Anthony Michel sur le socialisme des origines


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Anthony Michel Anthony Michel 4 juin 2015 13:29
Votre remarque est intéressante. Je suis d’accord pour dire qu’il faut faire attention de ne pas utiliser « n’importe comment » les mots « totalitarisme » et « totalitaire ».
En fait, tout dépend où l’on met le curseur de la conscience. Si je suis conscient qu’on bafoue mes libertés alors je reste toujours plus libre que celui qui n’en est pas conscient.
Les hommes enchaînés dans la Caverne (du mythe platonicien) sont consentants à leur condition. Mais alors il existerait un consentement libre et un autre, conséquence d’un lavage de cerveau.
En outre, la dimension absolutiste du totalitarisme peut nous amener à considérer que le phénomène totalitaire se fait en deux temps : il est d’abord exogène puis endogène. 
Sauf qu’il est vrai que le phénomène anthropologique néolibéral, s’il est endogène — et je suis d’accord avec vous pour le qualifier ainsi —, il ne succède pas à une dictature militaire prônant explicitement son uniformisation idéologique, radicale et forcée de la société. Et en même temps, ce phénomène se renforce à chaque mutation importante du capitalisme, avec toute la violence économique associée et bel et bien ressentie par les populations dont certains bastions entretiennent une conscience sociale. Il faut voir aussi si le néolibéralisme pratique est démuni de toute origine idéologique. Il faut revoir alors ce qu’on appelle par idéologie. Le libéralisme théorico-originel de Thomas Hobbes est-il idéologique ? Si non, une « idéologie libérale », si elle existe, ne l’a-t-elle pas succédé, en s’inspirant de sa pensée ?
Une des originalités du libéralisme culturel qui travaille, avec ses intellectuels médiatisés et ses politiciens sponsorisés par les néolibéraux économiques, c’est qu’il se veut séducteur, sympathique et bienfaisant dans le but de laver plus efficacement les cerveaux, prôner, de façon subliminale dans un premier temps, une inversion des valeurs avec une inversion du sens des mots.
D’où notamment « la guerre » qui, en vérité, serait « la paix » (en faisant une allusion au roman La ferme des animaux, de George Orwell).
D’où concrètement, à notre époque, la préférence judicieuse, par les tenants du pouvoir, d’un agent de leur pensée en tailleur – ou même en petite tenue – plutôt qu’en képi militaire. Et ceci parce que – selon les mots de Jean-Claude Michéa dans son entrevue pour la revue A contretemps de juillet 2008 – « le dressage capitaliste des classes populaires ne repose plus, prioritairement, sur l’action de la police ou de l’armée (sinon pourquoi la droite aurait-elle pris la peine de supprimer le service militaire ?) ». Les capacités de contrôle des industries « combinées du divertissement, de la publicité et du mensonge médiatique » sur le « temps de cerveau humain disponible » sont aujourd’hui « autrement plus redoutables que celles du policier, du prêtre ou de l’adjudant ».
En fait, j’imagine que, quand vous parlez d’endogénéité concernant l’anthropologie néolibérale, ce n’est pas pour relativiser sa gravité. 
Mais alors, si l’endogénéité est un phénomène plus grave que l’exogénéité (dans la mesure où l’on a intériorisé des comportements nuisibles), ne relève-t-il pas alors d’une logique totalitaire ? 
Cordialement.


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