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Commentaire de enzo

sur Croyance et raison : « Le pari de Pascal » vs « Une bonne vie » de Marc Aurèle


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enzo 15 juillet 2015 02:56

« Je ne sais qui m’a mis au monde ni ce que c’est que le monde ni que moi-même : je suis dans une ignorance terrible de toutes choses ; je ne sais ce que c’est mon corps, que mes sens, que mon âme et cette partie même de moi qui pense ce que je dis, qui fait la réflexion sur tout et sur elle-même, et ne se connaît non plus que le reste. Je vois ces effroyables espaces de l’univers qui m’enferment, et je me trouve attaché à un coin de cette vaste étendue, sans que je sache pourquoi je suis plutôt placé en ce lieu qu’en un autre, ni pourquoi ce peu de temps qui m’est donné à vivre m’est assigné à ce point plutôt qu’à un autre de toute l’éternité qui m’a précédé et de toute celle qui me suit. Je ne vois que des infinités de toutes parts, qui m’enferment comme un atome et comme une ombre qui ne dure qu’un instant sans retour. Tout ce que je connais est que je dois bientôt mourir, mais ce que j’ignore le plus est cette mort que je ne saurais éviter.

Comme je ne sais d’où je viens, aussi je ne sais où je vais ; et je sais seulement qu’en sortant de ce monde, je tombe pour jamais ou dans le néant, ou dans les mains d’un Dieu irrité, sans savoir à laquelle de ces deux conditions je dois être éternellement en partage. Voilà mon état plein de faiblesse et d’incertitude. Et de tout cela je conclus que je dois passer tous les jours de ma vie sans songer à chercher ce qui doit m’arriver. Peut-être que je pourrais trouver quelque éclaircissement dans mes doutes ; mais je n’en veux pas prendre la peine ni faire un pas pour le chercher, et après, en traitant avec mépris ceux qui se travailleront de ce soin - quelque certitude qu’ils en eussent, c’est un sujet de désespoir plutôt que de vanité- je veux aller, sans prévoyance et sans crainte, tenter un si grand événement, et me laisser mollement conduire à la mort, dans l’incertitude de l’éternité de ma condition future »


 Blaise Pascal



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