Pierre Jovanovic explique ce qui s’est
passé en Turquie, et c’est passionnant :
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Après 2 années de préparations
minutieuses (prenez le pdf de la chronologie dans l’article
suivant), le 15 juillet 2016, la CIA lance son opération "Coup
d’Etat" pour sortir Erdogan du pouvoir et le remplacer par un
opposant venant du "mystique" Mohamed Fetullah Gullen.
Celui-ci est à la tête du mouvement progressiste Hizmet
(traduction : "Service", leur site en français est
ici). On pourrait un peu comparer les Gullistes à la
franc-maçonnerie française du Grand Orient. Forte de 2 à 3
millions de personnes, majoritairement fonctionnaires d’Etat,
policiers, militaires, enseignants, etc., la CIA a donc estimé que
le peuple se rallierait massivement à Gullen et qu’Erdogan serait
renversé en deux ou trois mouvements.
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Pour 1 U$ dollar, vous aviez 2,5
Livres turques (LT)
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Le peuple turc n’a pas suivi les
militaires gullistes ni leurs chars, et la tentative de Coup d’Etat
qui a duré 2 jours a fait long feu, explosant à la figure des
Américains comme des Européens qui s’étaient bien gardés de
hurler au scandale pendant ces 2 jours de flottement. Un vrai
boomerang qui leur est revenu au visage, rempli d’explosifs de
toutes sortes, dont diplomatiques. Bruxelles n’a même pas osé
sortir un communiqué, c’est vous dire à quel point l’Union
Européenne dépend des Américains.
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L’enquête des services turcs a
établi que la CIA était bien à l’origine du Coup d’Etat avec la
participation de tous les supporters de Fetullah Gulen qui, lui,
suivait l’affaire de son exil lointain sur le sol américain.
Erdogan a même officiellement accusé le général américain
Joseph Votel, commandant des forces américaines, d’être avec les
traîtres et de les avoir aidés avec tous les moyens de la CIA et
de la NSA.
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En décembre 2016 (donc 5 mois
après), Erdogan arrête le pasteur américain Andrew Brunson et sa
femme, installés à Izmir, et le jette dans une prison de 10 m2
avec 8 autres prisonniers. Midnight Express. Erdogan l’accuse d’être
non seulement l’agent de liaison de la CIA avec les Kurdes du PKK
sous couvert d’activités évangéliques, mais également la
courroie de transmission principale entre la CIA et tous les
fonctionnaires qui ont pris part au Coup d’Etat. Depuis 20 ans,
Andrew Brunson s’était en effet installé à Izmir pour évangéliser
les païens (LoL).
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Pendant deux ans, Erdogan a
ensuite conduit une vraie purge à la Midnight Express. Les prisons
étaient pleines et les officiers et sous-officiers qui s’étaient
révoltés ont vécu de sales moments. Certains ont été accrochés
à un ventilateur pendant des heures. D’autres se sont réfugiés....
en Grèce, l’ennemi héréditaire !!! Environ 400.000 fonctionnaires
ont été limogés, du simple instituteur jusqu’au général de
corps d’armée, en passant par des professeurs d’université et bien
sûr les journalistes d’opposition. Tout le pays a été purgé des
"gullistes".
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Les relations diplomatiques ET
économiques entre les Etats-Unis et la Turquie se sont évidemment
sérieusement refroidies. Problème : l’armée américaine a une
immense base aérienne à Incyrlik, remplie de forces spéciales,
espions, pilotes, balistique atomique, interprètes satellites, etc.
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Pour 1 U$D, vous avez 3,5 Livres
turques.
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Erdogan demande l’extradition de
Fetullah Gullen car il est le symbole du coup d’Etat. Washington
refuse.
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Parallèlement, les relations
diplomatiques ET économiques entre la Russie, l’Iran et la Turquie
ont subi un brutal réchauffement : les ennemis de mes voisins sont
doublement mes ennemis. Oublié le pilote russe abattu.
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En 2017, Erdogan demande à Donald
Trump d’échanger Fetullah Gulen contre l’espion de la CIA Andrew
Brunson. Trump refuse.
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Humiliée par ce ratage
phénomènal, la CIA a alors mis en branle son département de
guerre économique avec une méthode déjà testée au Vénézuéla,
sur la Russie, et en cours en ce moment en Iran : détruire la
monnaie, la livre turque, afin de déclencher des révoltes dans la
population. But ultime : que le peuple finisse par haïr Erdogan à
cause d’une crise économique et pour une monnaie qui ne vaut plus
rien.
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Persuadé que le gouverneur de la
Banque Centrale turque (un ex de la banque américaine Meryll Lynch
en poste à Londres dans la City) est à la solde de Washington,
Erdogan le limoge en juillet 2018 et le remplace par le mari de sa
fille. Un peu comme Macron nomme son petit Benalla
Lieutenant-Colonel de gendarmerie.
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La CIA met la totalité de ses
forces d’influence financières et médiatiques contre la monnaie
turque qui s’effondre, au point de raser une grande partie des
excédents monétaires (et bancaires) du pays en monnaies
étrangères, principalement dollar.
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Washington impose des sanctions
économiques contre Abdulhamit Gul, ministre de la Justice, et
Soliman Soylu ministre de l’Intérieur !!!
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Ankara décide alors de prendre
possession des Trump Towers de 40 étages à Istanbul : "President,
Recep Tayyip Erdogan, to "seize Trump Towers Istanbul" as
relations between the two nations continue to spiral downwards".
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Le 9 août 2018, des avocats
d’Istambul, proches d’Erdogan, demandent à Washington de leur
livrer 8 autres agents de la CIA qui se trouvent dans la base
américaine d’Incyrlik OTAN. Malaise du commandant de la base
aérienne qui stocke plusieurs bombes atomiques : "The 60-page
criminal complaint specifically names Col. John C. Walker, Col.
Michael H. Manion, Col. David Eaglen, Col. David Trucksa, Lt. Col.
Timothy J. Cook, Lt. Col. Mack R. Coker, Sgt. Thomas S. Cooper, Sgt.
Vegas M. Clark and others deployed to Incirlik Base, asking for
their detention. However, those "individuals mentioned are not
currently stationed at Incirlik’’".
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Pour 1 U$D, vous avez 7,2 Livres
Turques !!! La livre turque se transforme en barrage gigantesque sur
le point de céder et d’inonder toute l’Europe avec une nouvelle
méga crise bancaire. Les banques allemandes, italiennes, espagnoles
et françaises sont en première ligne.
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Le Qatar et l’Allemagne viennent
au secours d’Erdogan. L’un avec 15 milliards de dollars, l’autre
avec un renforcement des liens diplomatiques.
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Les traders américains ont reçu
le feu vert pour attaquer la livre turque pendant la semaine. De son
côté, Trump a déclaré que les sanctions économiques contre
Ankara vont continuer, même si Andrew Brunson est libéré...
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Ce dimanche 19 août, Standard and
Poors et Moodys, les deux agences de notation co-responsables de la
crise mondiale et des escroqueries des banques, ont placé les Bons
du Trésor turcs au même niveau que le papier toilette (ne faites
pas de mauvais esprit, moi même je n’ai pas fait exprès, LoL)
c’est à dire Ba3. Avec une prévision d’un rétrécissement de
l’économie turque de 0,5% et une inflation de 22% en 2019. Message
secret : il faut jouer à fond sur les différences de taux : - ) et
les étrangler.
http://www.jovanovic.com/blog.htm