En
complément de mon précédent post, Moscou depuis le début du conflit a joué
les médiateurs entre le PYD qui aspire à l’autonomie territoriale des zones
sous son contrôle et Damas qui refuse ce projet fédéraliste et souhaite reprendre
le contrôle de l’ensemble du territoire national, par la force militaire si
besoin. Lorsque le rapport de force était favorable au PYD qui était protégé
par son allié américain, Moscou, bien conscient que la guerre ne pouvait être
gagnée militairement et qui recherche une sortie politique d’un conflit qui constitue pour lui une charge financière, a tenté de tempérer l’intransigeance de Damas quant au
degré d’autonomie accordée aux zones contrôlées par le PYD. Mais cette
médiation a toujours échoué car les positions étaient inconciliables. Avec l’offensive
turque, les rapports de force sont entrain de changer, le PYD perd son pouvoir
de négociation face à Damas et risque d’être contraint de renoncer à l’autonomie
des territoires sous son contrôle, ce qui signifie la mort du système politique
qu’il a érigé. La médiation russe s’en retrouve donc facilité, Moscou va bien
montrer au PYD que pour les américains il n’est qu’une variable d’ajustement et
que s’il veut se sauver, il doit définitivement changer de camp mais pour cela, il doit
abandonner ses velléités d’autonomie.
Moscou et
Damas sont donc entrain de remporter la mise dans leur rapport de force face au PYD, ils ont utilisé un vieux stratagème chinois théorisé par Sun Tzu qui
consiste à « assassiner avec un couteau d’emprunt », c’est-à-dire à
utiliser les ressources d’un adversaire contre un autre adversaire, pour ne pas avoir à se fatiguer soi même. Ici en occurrence, le couteau d’emprunt utilisé
par Moscou et Damas pour « assassiner » les kurdes, est turc. Mais bon, plus que d’un assassinat, il s’agit ici de contraindre l’adversaire à accepter une offre.