@Vraidrapo
Ce sont
surtout des gens avec un imaginaire particulier que je qualifie d’occidentalisme
ou de suprématisme occidental. Dans cet imaginaire messianique, l’occident a la
mission exceptionnelle de façonner l’ordre mondial en exportant ses valeurs,
ses normes, ses modèles à tous les pays et tous les peuples de la Terre. Et puisque
l’hégémonie matérielle est étroitement liée aux hégémonies spirituelle,
intellectuelle, culturelle et informationnelle, les personnes qui ont cette
représentation du monde légitiment la perpétuation de l’infrastructure technique,
économico-financière, politico-militaire permettant potentiellement un contrôle
mondial.
Et
évidemment, dans cet universalisme des valeurs de façade qui est en réalité un
suprématisme qui ne reconnait que la légitimité de l’occident à agir au
nom de l’humanité entière en tant que centre unique de décision sur la
majeure partie des grands enjeux, les Etats unis sont la plus exceptionnelle des
nations exceptionnelles. Cela donne lieu au sein de l’élite américaine à des
réactualisations de la fameuse « Destinée manifeste », qui a une forte
imprégnation vétéro-testamentaire lié à leur culture calviniste : les US
sont la nation choisie par Dieu, historiquement unique, prééminente dans les
affaires du monde et méritant un statut spécial, presque divin. L’ordre mondial
est alors conçu comme une construction occidentalo-centrique dans laquelle les
USA constituent le noyau faisant office d’arbitre mondial tandis qu’une
constellation de pays occidentaux organisés autour de ce centre reproduisent le
modèle états-unien selon divers degrés d’exactitude. C’est le fameux « Nouvel
ordre mondial » invoqué par Bush au début des années 90. Ce monde unipolaire
semblait être une réalité établie dans ces années là et c’est ce qui a fait
déduire par certains analystes états-uniens qu’on était arrivé à la « fin
de l’histoire ».
C’est fondamentalement
pour ça qu’il y’a une telle haine de la Russie et de la Chine chez les journaleux
qui sont imprégnés de cet imaginaire : en rejetant le principe d’universalité
des valeurs occidentales, en postulant que les spécificités culturelles de
chaque civilisation doivent être préservées et consolidées et non pas dissoute
dans un occidentalisme cosmopolite, et surtout en ayant la puissance de faire
valoir leur point de vue, ils contestent à l’occident la prétention à être une référence
universelle pour tous les autres pays du monde, la Chine et la Russie sont donc
considérés comme des menaces et des puissances
révisionnistes.
Les simples
citoyens qui sont solidaires de cet imaginaire suprématiste ne comprennent pas que
ce suprématisme est aussi très fortement oligarchique : pour ces « élites »
, les masses occidentales ne sont rien d’autre qu’un troupeau qu’elles méprisent
et qu’elles sont prêtes à sacrifier si leurs intérêts l’exigent.