Belle
analyse de Pierre Lévy sur RT : Le
Brexit et la trahison du thatcherisme.
On peut lire :
« Bien sûr, quitter l’Union européenne ne signifie nullement
qu’adviendra mécaniquement une politique progressiste. Simplement – et c’est
évidemment l’essentiel – le pays partant reconquiert la liberté d’opter
en ce sens. A cet égard, les signaux qui proviennent de Londres
pourraient être pires. Une des premières décisions du « gouvernement du peuple
» (selon l’appellation revendiquée par M. Johnson) a été d’augmenter de 6,2% le
salaire minimum – un record. Le locataire de Downing street a indiqué dans la
foulée qu’il ne se rendrait pas à Davos « parce qu’il y a plus urgent à faire
que d’aller trinquer avec les milliardaires ». Démagogique ? Peut-être. Mais
doit-on également moquer ainsi un programme qui s’engage à réinvestir
massivement dans les services publics (notamment la santé), les infrastructures
(notamment ferroviaires), et à rééquilibrer les priorités en faveur des régions
les plus déshéritées ? Le premier ministre vient même de renflouer un
transporteur aérien dont la faillite aurait laissé à l’abandon nombre de
liaisons régionales. Une décision contraire aux règles de l’UE – mais aussi une
« trahison du thatchérisme », selon le quotidien conservateur The Telegraph.
Boris Johnson s’est-il converti au bolchevisme ? C’est peu probable. Mais au
lieu de faire un bras d’honneur aux classes populaires après que celles-ci ont
assuré sa victoire, il projette sans doute de s’ancrer à long terme au sein de
celles-ci, en profitant du fossé qui s’est creusé entre les ouvriers et une «
gauche » favorable à l’UE et à l’ouverture des frontières ».
Ce qui est
en gras, c’est ce que les défenseurs de l’Etat social qui veulent à tout prix
rester dans l’UE ne comprennent pas, peu importe la façon dont on le leur
explique.