Bien qu’il fut depuis des siècles accusé faussement de tous les torts par une partie de l’Église, par les institutions occidentales ... jamais, dans l’histoire de l’islam, le Coran n’a été autant invoqué,
brandi, instrumentalisé qu’aujourd’hui. Mais jamais il n’a été à ce
point méconnu et malmené par ceux-là mêmes qui ont la bouche pleine de
ses versets mais qui cherchent surtout à imposer leurs propres vues, à
"réparer" leurs frustrations, à exercer leur haine "au Nom de Dieu".
Détaché de son histoire, lu de manière sélective et partielle pour
servir des intérêts ou pour nourrir des vengeances, le Coran est, de nos
jours, élevé au rang d’idole intouchable et sa dimension historique et
actuelle de texte en dialogue avec la vie des hommes s’en trouve ainsi
niée. Au motif de respecter le Livre saint, les institutions savantes
musulmanes, les mouvements apologétiques et politiques, les musulmans
militants d’aujourd’hui "fossilisent", "dévitalisent" en fait le Coran,
le réduisant à un outil de domination ou de combat.
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Les non-musulmans ne sont pas en reste dans cette entreprise
d’instrumentalisation néfaste ! Nombreux sont ceux, maintenant,
notamment dans les médias et chez les intellectuels, qui ne craignent
pas de se lancer dans des "exégèses" du texte coranique, y débusquant
une violence qui serait ontologique à l’islam car présente dans le texte
fondateur. S’affrontent alors ceux - musulmans et non musulmans - qui
affirment que le Coran légitime l’usage de la violence la plus extrême,
et ceux qui disent que le Coran serait, en réalité, fondamentalement non
violent…
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Dans ce brouhaha médiatique, l’on en vient à oublier que le Coran est un
texte : ce n’est pas lui qui tue, mais les hommes qui décident de faire
telle ou telle lecture de ses versets. Ce sont les hommes de chaque
époque qui choisissent de privilégier telle ou telle interprétation, en
fonction des enjeux de pouvoir de leur temps. C’est toujours le présent
qui instrumentalise le passé, et les hommes d’une époque donnée qui
fabriquent les légitimations qui les arrangent.
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