@yoananda2
Je n’essentialise
pas les régimes politiques puisque je ne crois pas que les institutions aient
des natures et des essences, ce sont des conquêtes historiques produites par
des processus sociaux contextuels, qui ont une évolution dynamique et ce sont
les gens à l’intérieur qui les transforment. Cela ne change rien au fait qu’une
loi constitue un interdit, que tous les régimes n’ont pas les mêmes ( et un même
régime peut en avoir de différentes chronologiquement) et ne sanctionnent pas
ceux qui les violent de la même façon.
Prenons deux
familles, la première interdit aux enfants de manger entre les heures du repas
et la seconde interdit aux enfants de rater la prière familiale matin et soir. Dans
la première, lorsqu’un enfant viole la règle, la mère le punit et le met au
coin pendant 30 minutes pour qu’il ne recommence pas. Dans la seconde, lorsque
la règle est enfreinte, le père fouette à sang au fil de fer barbelé. La
symétrie entre les deux familles, c’est qu’il y’a des règles et des sanctions. Mais
de toute évidence ces deux familles ont des règles et des sanctions très
différentes en termes d’intensité de souffrance infligées à ceux qui violent
les règles. Tu peux préférer être un enfant de la première ou dela seconde famille
selon tes propres aspirations mais elles ne se valent pas. L’enfant de la première
famille peut trouver qu’etre mit au coin est une menace existentielle s’il veut,
mais lui ne se fera pas fouetter jusqu’au sang comme les enfants de la seconde
famille, tout ne se vaut pas en termes d’intensité de souffrance infligée.
C’est la même
chose pour les régimes politiques, ils ont des institutions qui font leur identité
(et une identité n’est pas une essence), et ils n’infligent pas la même quantité
de souffrance à leurs opposants. Sous le stalinisme, celui qui critiquait le
régime se retrouvait condamné aux travaux forcés à -30 en Sibérie, sous la
cinquième république, il n’arrive rien à celui qui critique Macron, il pourra d’ailleurs
se défouler tranquillement sur internet ( du moins pour le moment). Après, on peut préférer le Stalinisme à la cinquième
république mais dans tous les cas, les deux régimes ne se valent pas en termes
de souffrances infligées à ceux qui critiquent le pouvoir et même en général de
liberté ( dans le sens de « droit de »). Les deux peuvent cogner mais
pour des raisons très différentes et avec une intensité incomparable ( il y’avait des dizaines millions de gens dans les camps sous Staline).