@yoananda2
« on
est précaire parce qu’on a une mentalité de criminel »
Le
crime n’existe pas en soi (et par conséquent il n’y a pas d’ontologie du
criminel), il y’a une multitude de comportements extrêmement divers qui vont être
définis à un moment donné et dans une société donnée, comme étant hors la loi. C’est
la loi qui crée l’infraction (pas le comportement bien entendu, mais son
existence en tant que crime), un comportement n’existe en tant que crime que
si une pratique sociale l’objective comme tel.
La
criminalité est donc le résultat d’une définition, et les codes qui la
désignent ne sont ni universels ni intemporels, ils varient selon les époques
et les sociétés, et ils se modifient constamment en fonction des contextes
historiques et sociaux qui peuvent ainsi expliquer le caractère fluctuant de
certaines criminalisations. En France, le
vagabondage au départ n’était pas un crime. Puis, des mesures terrifiantes réprimant
le vagabondage furent systématisées après des afflux énormes de migrants que la
guerre de cent ans, les épidémies et la faim avaient chassés des campagnes, se
dirigent vers les villes ( c’est d’ailleurs là l’origine de l’institution policière). Et puis à un moment donné, il a perdu cette qualité d’infraction.
Tout
ça pour dire que le crime est un objet « normatif/juridique » qui
relève d’une construction sociale. Il faut faire très attention aux contre sens
qui consistent à parler d’une « nature » du criminel ou d’une « mentalité »
de criminel, ça relève simplement d’une forme de scientisme et de biologisation
à outrance de constructions sociales. Ça ne veut évidemment pas dire que
certains comportements spécifiques qui vont être jugé problématiques et donc désigné
par la loi en tant que crime, ne peuvent pas avoir des déterminations biologiques,
il y’a de nombreuses études sur les tueurs en série par exemple qui recherchent
s’il y’a quelque chose de l’ordre de l’anomalie biologique qui influe sur ce
comportement. Mais mettre tous les crimes dans ce panier-là, comme s’il y’avait
une nature criminelle, une « mentalité » criminelle ou une ontologie
du crime n’aurait aucun sens.