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Commentaire de TchakTchak

sur La Dose de trop (ni pardon ni oubli)


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TchakTchak 14 février 09:01

@Norman Bates

On a des lettres de résistants expliquant qu’ils ont choisi le maquis car de toute façon, ils étaient incapables de vivre dans le nouveau monde nazi. La peur de ses gestes, paroles, pensées qui peuvent échapper. Les délateurs tout à leur plaisir de tirer les slips des autres pour un chercher dedans ce qui peut assurer leur promotion (on en a un ici fait de ce bois qui attend de savoir ce qu’il y a dans le vôtre).

Les soviétiques ont dû vivre avec les saletés humaines aussi et l’effondrement du régime s’est ensuivi, en toute logique, d’un régime maffieux sous Elstine.

La Chine aussi doit être dedans. Ce qui tient est que le régime améliore pendant ce temps les conditions matérielles d’existence depuis des décennies. Mais le revers et la menace a été très bien dépeinte ici 

Et ça n’a rien de neuf, ce sont juste les moyens technologiques qui sont décuplés. J’a déjà présenté cet extrait du Politique d’Aristote. Mais nous aussi, on la droit de faire des piqures de rappel.

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« § 2. Quant aux tyrannies, elles se maintiennent de deux manières absolument opposées. La première est bien connue, et elle est mise en usage par presque tous les tyrans. C’est à Périandre de Corinthe qu’on fait honneur de toutes ces maximes politiques dont la monarchie des Perses peut offrir aussi bon nombre d’exemples. Déjà nous avons indiqué quelques-uns des moyens que la tyrannie emploie pour conserver sa puissance, autant que cela est possible. Réprimer toute supériorité qui s’élève ; se défaire des gens de cœur ; interdire les repas communs et les associations ; interdire l’instruction et tout ce qui tient aux lumières, c’est-à-dire, prévenir tout ce qui donne ordinairement courage et confiance en soi ; empêcher les loisirs et toutes les réunions où l’on pourrait trouver des amusements communs ; tout faire pour que les sujets restent inconnus les uns aux autres, parce que les relations amènent une mutuelle confiance ;

§ 3. de plus, bien connaître les moindres déplacements des citoyens, et les forcer en quelque façon à ne jamais franchir les portes de la cité, pour toujours être au courant de ce qu’ils font, et les accoutumer par ce continuel esclavage à la bassesse et à la timidité d’âme : tels sont les moyens mis en usage chez les Perses et chez les barbares, moyens tyranniques qui tendent tous au même but. En voici d’autres : savoir tout ce qui se dit, tout ce qui se fait parmi les sujets ; avoir des espions pareils à ces femmes appelées à Syracuse les délatrices ; envoyer, comme Hiéron, des gens pour tout écouter dans les sociétés, dans les réunions, parce qu’on est moins franc quand on redoute l’espionnage, et que si l’on parle, tout se sait ;

§ 4. semer la discorde et la calomnie parmi les citoyens ; mettre aux prises les amis entre eux ; irriter le peuple contre les hautes classes, qu’on désunit entre elles. Un autre principe de la tyrannie est d’appauvrir les sujets, pour que, d’une part, sa garde ne lui coûte rien à entretenir, et que, de l’autre, occupés à gagner leur vie de chaque jour, les sujets ne trouvent pas le temps de conspirer. C’est dans cette vue qu’ont été élevés les pyramides d’Égypte, les monuments sacrés des Cypsélides, le temple de Jupiter Olympien par les Pisistratides, et les grands ouvrages de Polycrate à Samos, travaux qui n’ont qu’un seul et même objet, l’occupation constante et l’appauvrissement du peuple.

§ 6. Les vices que présente la démocratie extrême se retrouvent dans la tyrannie : licence accordée aux femmes dans l’intérieur des familles pour qu’elles trahissent leur maris ; licence aux esclaves, pour qu’ils dénoncent aussi leurs maîtres ; car le tyran n’a rien à redouter des esclaves et des femmes ; et les esclaves, pourvu qu’on les laisse vivre à leur gré, sont très partisans de la tyrannie et de la démagogie. Le peuple aussi parfois fait le monarque ; et voilà pourquoi le flatteur est en haute estime auprès de la foule comme auprès du tyran. Près du peuple, on trouve le démagogue, qui est pour lui un véritable flatteur ; près du despote, on trouve ses vils courtisans, qui ne font qu’oeuvre de flatterie perpétuelle. Aussi la tyrannie n’aime-t-elle que les méchants, précisément parce qu’elle aime la flatterie, et qu’il n’est point de cœur libre qui s’y abaisse. L’homme de bien sait aimer, mais il ne flatte pas. De plus, les méchants sont d’un utile emploi dans des projets pervers : « Un clou chasse l’autre », dit le proverbe.

§ 7. Le propre du tyran est de repousser tout ce qui porte une âme fière et libre ; car il se croit seul capable de posséder ces hautes qualités ; et l’éclat dont brilleraient auprès de lui la magnanimité et l’indépendance d’un autre, anéantirait cette supériorité de maître que la tyrannie revendique pour elle seule. Le tyran hait donc ces nobles natures, comme attentatoires à sa puissance. C’est encore l’usage du tyran d’inviter à sa table et d’admettre dans son intimité des étrangers plutôt que des nationaux ; ceux-ci sont pour lui des ennemis ; ceux-là n’ont aucun motif d’agir contre son autorité. Toutes ces manœuvres et tant d’autres du même genre, que la tyrannie emploie pour se maintenir, sont d’une profonde perversité.

§ 8. En les résumant, on peut les classer sous trois chefs principaux, qui sont le but permanent de la tyrannie : d’abord, l’abaissement moral des sujets ; car des âmes avilies ne pensent jamais à conspirer ; en second lieu, la défiance des citoyens les uns à l’égard des autres ; car la tyrannie ne peut être renversée qu’autant que des citoyens ont assez d’union pour se concerter. Aussi, le tyran poursuit-il les hommes de bien comme les ennemis directs de sa puissance, non pas seulement parce que ces hommes-là repoussent tout despotisme comme dégradant, mais encore parce qu’ils ont foi en eux-mêmes et obtiennent la confiance des autres, et qu’ils sont incapables de se trahir entre eux ou de trahir qui que ce soit. Enfin, le troisième objet que poursuit la tyrannie, c’est l’affaiblissement et l’appauvrissement des sujets ; car on n’entreprend guères une chose impossible, ni par conséquent de détruire la tyrannie quand on n’a pas les moyens de la renverser. »



Lien : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Aristote_-_La_Politique.djvu/458 (fin de page et suivantes).


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