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Les Présidentielles 2017 au "QG Décolonial" : paroles de militants des quartiers populaires et d’invités

 

 

 Paroles engagées de militants chevronnés, paroles "amateur", paroles sacrées, paroles profanes, paroles d'universitaires, paroles d'autodidactes, paroles d'une parole propre, en son nom ou bien au nom de tous les autres, paroles de professionnels de la parole...

 

Paroles de Français - ou de résidents - originaires d'Afrique noire et du Maghreb...

 

 

 Parole stigmatisante, parole en forme de "procès" aussi, parole re-fermée sur elle-même, en boucle... contre un pays d'accueil, d'adoption ou de naissance... on ne manquera pas de noter à propos de cette parole, ceci : pas un mot pour la France, pas un mot en faveur de la France de la part des intervenants de ces quartiers populaires.

 

 Nul doute : il faudra bien y revenir à cette parole, c'est sûr ! Y revenir et y réfléchir dans le but d'y trouver des pistes de compréhension multiples ; de les identifier, de les explorer toutes ces pistes, toutes ces voies, autant que faire se peut.

 

Parole apprise, parole auto-réalisatrice, parole induite, parole vécue, parole par procuration, parole automatique comme l'écriture du même nom, parole incantatoire, parole auto-révélatrice, parole exorciste... d'une grande complexité la nature et les ressorts de cette parole qui ouvre un nombre conséquent de portes d'accès à un vécu et à une réalité composites ; complexité labyrinthique aux oreilles de celui qui n'a jamais connu le racisme, la discrimination raciale, la "gestion" sociale et psychique d'une appartenance multiculturelle, l'enfermement rhétorique ou une hyper-sensibilité à propos de sa condition d'être au monde.

 

 Car enfin : qui parle à qui ? Et puis : qui écoute qui ? Et puis aussi : d'où parle celui qui parle ? Quel vécu vraiment vécu a inspiré cette parole ? Quel réel vraiment réel ? Quelles cohérences trouver dans le vécu et la dénonciation de ce même vécu ? Quelles incohérences y déceler ? Quelles retombées cette parole ? Où ça et auprès de qui ? Pour quel écho ? Avec quels résultats ? 

 

Parole pour soi ? Parole pour l'autre ? Parole raisonnée ? Parole irraisonnable ? Parole qui avance ? Parole qui recule ? Parole qui rapproche ? Parole qui éloigne ? Parole qui vous sauve ? Ou bien, parole qui vous noie ? 

 

Autant de questions adressées à la fois à celui qui reçoit cette parole - celui et celle auxquels cette parole est destinée - ainsi qu'à celle ou celui qui porte cette parole qui fait sans doute autant de bien qu'elle fait de mal : chez l'auditeur autant que chez la voix émettrice ?

 

  Mais alors, qui nous a piégés tous autant que nous sommes ?

 

***

 

  A l'écoute de toutes ces paroles, surprenant ce refus - cette incapacité sans doute aussi -, d'analyser la nature d'un vote FN ! Incapacité pour les uns, ignorance pour les autres (ignorance de la nécessité de faire cette analyse), et d'autres encore par dogmatisme idéologique (aveuglement plus ou moins "prémédité" de la part d'intervenants universitaires)... avec cette absence d'analyse et de compréhension, c'est là encore une autre-réalité sociale qui est ignorée par ceux qui, comme un fait exprès, dénoncent à juste titre, une autre ignorance : celle d'une France de l'immigration et de la colonisation victime de discriminations et de relégation ; deux réalités donc qui s'ignorent l'une l'autre et qui servent sans l'ombre d'un doute les intérêts (principalement carriéristes faute de pouvoir prétendre au pouvoir, au vrai pouvoir !) de ceux qui occupent l'Elysée et Matignon depuis 30 ans.

 

Comme si les vocables "fasciste" et "raciste" dans le contexte qui est le nôtre aujourd'hui, pouvaient expliquer tout - ou même une partie de ce tout -, il semble que le piège de l'association "SOS racisme" tendu par le PS qui a pour principale caractéristique "l'instrumentalisation du racisme", se soit refermé sur eux tous tel un étau : eux tous ayant intégré le procès en dé-légitimation de l'autre, de son vécu, de sa parole et de ses griefs.

 

Aussi, force est de constater que la réconciliation n'est donc pas pour demain au sein des classes populaires.

 

 Mais alors, comment avons-nous pu nous laisser piéger aussi facilement ?

_________________

 

Pour prolonger, cliquez : Paroles d'honneur

Tags : Politique Présidentielle 2017




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3 réactions à cet article    


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    gregoslurbain gregoslurbain 19 mai 2017 12:51

    " L’usage normatif du multiculturalisme présente un danger à la fois pour les individus, les groupes sociaux et la société dans son entier, car il entretient la confusion entre, d’une part, la poursuite de l’émancipation et du combat pour l’égalité et, de l’autre, la quête d’une reconnaissance identitaire individuelle ou minoritaire. Ce qui favorise et diffuse, en retour, l’insécurité culturelle dans l’ensemble de la société suivant un cercle identitaire vicieux. Faire ainsi passer la reconnaissance identitaire pour une forme de redistribution – faire passer politiquement le besoin de la première pour une nécessité au regard de la seconde – conduit à des conséquences destructrices pour le lien social. On a vu plus haut qu’une telle manipulation du social au nom de l’identitaire pouvait d’ailleurs devenir une stratégie.

    D’abord, cela isole les membres des groupes minoritaires du reste de la population en refermant sur eux le piège identitaire, celui précisément de la discrimination dont ils pensaient pouvoir sortir en mettant en avant le critère au nom duquel ils étaient discriminés. L’exemple des programmes de discrimination positive (affirmative action), notamment, dans les universités américaines montre bien ce genre d’effets pervers pour les étudiants qui en ont bénéficié eux-mêmes. Ils sont en effet souvent considérés, au cours de leur vie professionnelle, comme titulaires de diplômes qu’ils ne méritent pas en raison des conditions dérogatoires d’accès à l’université dont ils ont bénéficié.

    Ensuite, cela renforce l’individualisme et le délitement de la solidarité sur un mode universel dans la société en spécifiant les enjeux par « population-cible » et en individualisant les risques et les protections afférentes. Vouloir à tout prix faire passer pour un combat en faveur de l’égalité des mesures réservées à des personnes ou des populations spécifiques en raison de critères identitaires minoritaires, c’est prendre le risque de mesurer l’ensemble de l’action publique à l’aune de tels critères, et donc de renforcer encore la dérive libérale d’une « société des individus » au détriment, précisément, de l’égalité elle-même.

    Cela impose en effet aux promoteurs des causes « minoritaires » de faire passer à tout prix, y compris de mensonges et de faux-semblants s’il le faut, leur combat pour la reconnaissance d’une identité spécifique pour une lutte sociale qui bénéficie nécessairement à toute la société. Pour ce faire, il est indispensable, par exemple, de présenter les inégalités comme la conséquence des préjugés qui traversent la société plutôt que du système social lui-même, ce qui empêche toute critique sociale de se déployer correctement et, donc, toute remise en cause en profondeur de celui-ci. Il est également indispensable de faire passer les personnes discriminées en raison de leur identité culturelle pour opprimées et dominées afin d’assimiler la lutte pour leur reconnaissance à une lutte pour leur émancipation." (l’Insécurité Culturelle / Laurent Bouvet)


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      Serge ULESKI Serge ULESKI 19 mai 2017 14:18

      Merci pour votre contribution.

      Je connais bien les arguments développés dans le passage que vous nous proposez.

      Parler négativement de multiculturalisme c’est déjà faire, et c’est encore faire, le procès de ceux qui, discriminés et relégués, souhaitent trouver des solutions pour eux-mêmes en l’absence d’un engagement ferme en leur faveur de la part de la communauté nationale : Etat, partis de gouvernement et électeurs.

      Parlons de "repli et rejet" et traitons bien plutôt la tentation isolationniste dont on pourra distinguer deux sources :

      - "Vous ne voulez pas de nous, eh bien, nous on ne veut pas de vous !" - notons qu’il a bien été question un temps de désir d’intégration - d’être acceptés et de se fondre dans la masse - de ceux qui optent en désespoir de cause, épuisés et désillusionnés, pour l’isolement et le repli qui ne peut être que communautaire puisqu’à l’origine de cette décision, on trouvera une communauté ethnique et historique facilement identifiable victime de cette discrimination, voire du racisme - c’est donc une lapalissade qui n’explique rien et ne rend compte de rien que de parler de repli communautaire.

      - "Vos valeurs occidentales, pour ne rien dire de votre hypocrisie constante à notre égard, nous n’en voulons pas. Nous ne vous demandons rien d’autant plus que nous n’avons pas choisi de naitre en Europe. Simplement : ignorez-nous... nous on s’occupe de nous" - Il n’a jamais été question d’un désir d’intégration, d’un désir d’appartenance à notre communauté nationale majoritairement européenne de culture.

      Quant à la discrimination positive : quiconque est vraiment sérieux, vraiment soucieux de combler le retard accumulé par des populations discriminées, ne peut pas s’y opposer d’autant plus que les bienfaits surpassent de loin les inconvénients pour les intéressés et la société dans son ensemble. Le procès fait à la "discrimination positive" cache le plus souvent une indifférence, voire une complaisance coupable, à propos du sort injuste et cruel des discriminés dans les sociétés occidentales.

       "Pour ce faire, il est indispensable, par exemple, de présenter les inégalités comme la conséquence des préjugés qui traversent la société plutôt que et % système social lui-même, ce qui empêche toute critique sociale de se déployer correctement et, donc, toute remise en cause en profondeur de celui-ci."

      Si on peut être en partie d’accord avec cette précaution prise par l’auteur, il n’en demeure pas moins que la dénonciation des préjugés reste une nécessité absolue car... ce sont majoritairement les classes ouvrières et les employés qui votent FN et la question de l’immigration post-coloniale et des Français qui en sont issus est au cœur de la rhétorique de ce parti : il est donc bien question aussi d’une responsabilité individuelle en tant que citoyen et électeur (accessoirement) et pas simplement "le système social" lui -même ; dénoncer ces préjugés et l’indifférence à leur sujet c’est aussi et c’est encore faire de la critique sociale ; celle du pouvoir des médias dans la propagation de ces préjugés par exemple. 

      S’il peut être encore question d’un "Classes populaires (travailleurs !) unissez-vous !", il serait bon pour commencer qu’on note le fait que le chômage touche parfois jusqu’à 30 à 50% de ces "populations...racées" telles qu’elles se définissent elles-mêmes (terme que j’ai découvert en visionnant les deux vidéos proposées en partage)...

      Dans mon billet de blog, je fais part d’une découverte : comment au fil des ans le divorce s’est accentué pour devenir un véritable gouffre, notamment chez les plus jeunes - jeunes filles en particulier - qui font usage d’une rhétorique sans nuance, verdict sans appel (notez que les interventions des universitaires n’arrangeront rien !)... une virulence qui ferme toutes les portes et qui les condamne à plus de rejet et à plus d’isolement et discrimination.

      Je garde à l’esprit qu’il s’agit làd’intervenants hyper-conscients (j’allais dire... hyper-politisés à tort) socialement des mécanismes de leur exclusion : éducation, emploi, considération, alors même qu’il existe encore, sur un plan individuel, des possibilités de rejoindre la communauté nationale... il est vrai qu’il ne peut s’agir pour l’heure que tenter individuellement sa chance ; il se pourrait donc bien que les sœurs refusent maintenant de s’en sortir sans les frères et les frères sans leurs parents ; ce qui complique singulièrement le problème à résoudre.


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      Serge ULESKI Serge ULESKI 20 mai 2017 19:18
      Paroles d’honneur - QG décolonial : rebonds

       

       Après la publication du billet Les Présidentielles 2017 au "QG Décolonial"  : paroles de militants des quartiers populaires sur Agoravox, un complément d’argumentation s’est très vite imposé : http://litteratureetecriture.20minutes-blogs.fr/archive/2017/05/20/paroles-d-honneur-qg-decolonial-rebonds-936708.html



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