@wendigo
Je ne pense pas qu’il faille considérer les interdictions (envisagées ou passées) de certains médias comme le seul moyen, ni seulement comme un moyen direct, de faire taire les voix divergentes.
Certes, interdire ces médias et empêcher techniquement leur diffusion peut apparaît comme une erreur de la part des instances politiques, surtout si l’on persiste à croire que les populations attachées à la liberté d’expression exercent encore un contrôle sur ces dernières.
Mais il faut surtout y voir un moyen pour le pouvoir d’envoyer des signaux. D’une part, un signal d’allégeance au pouvoir américain actuel, qui a également Twitter dans son collimateur depuis son rachat par Musk. D’autre part un signal d’affirmation de son autorité en Europe, destiné en quelque sorte à rappeler aux Européens qui est « le patron », qui sont « les méchants » (pour ceux qui croient à la légitimité des autorités ou qui craignent leur puissance) et de quelle manière il faut se comporter pour « rester dans le droit chemin ».
Ainsi, même si les interdictions, la répression et les mesures vexatoires sont impopulaires et ne s’avèrent pas pleinement efficaces, elles ne menacent en rien la stabilité d’un régime qui n’a de toute manière plus rien de démocratique, et elles peuvent suffire à dissuader nombre de médias de résister.
L’UE pourrait donc bien interdire Twitter sur son territoire pour ces raisons.
Mais elle pourrait également recourir à d’autres mesures, comme imposer une amende record à l’entreprise, entraver son financement (notamment en interdisant aux annonceurs de faire de la publicité sur le site) ou, plus indirectement, de s’attaquer aux autres intérêts de son propriétaire (éventuellement avec la complicité de l’administration américaine).
Le bras de fer qui se joue entre la Commission Européenne et Elon Musk pourrait donc bien réserver des surprises.