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Les commentaires de Joe Chip



  • 1 vote
    Joe Chip Joe Chip 8 février 2014 20:31

    @funambule

    Epargnez-moi vos sarcasmes, en l’occurrence, le but de mon propos n’était pas de critiquer la laïcité, même s’il serait illusoire de voir dans ce domaine un marqueur de "neutralité" idéologique.



  • 3 votes
    Joe Chip Joe Chip 8 février 2014 13:48

    Oui, je serai surpris qu’on le voit encore longtemps dans les média suite à ce "coming-out" soralien, même nuancé. Gageons que certains de ses coreligionnaires ne pourront pas lui pardonner cette liaison dangereuse. 



  • vote
    Joe Chip Joe Chip 8 février 2014 13:36

    Niveau diversion politique, il peut exister un "sociétalisme" de droite focalisé sur les thèmes culturo-identitaires comme il existe un surinvestissement sociétal à gauche. L’un et l’autre peuvent même coexister au sein d’une même société pour servir le même maître (système capitaliste).

    Par exemple, aux USA, il ne faut pas analyser l’opposition apparente entre le progressisme d’inspiration luthérienne (groupes LGBT, Greenpeace & cie) et le puritanisme calviniste en termes d’antithèse pure, comme en France entre le courant révolutionnaire et le courant traditionaliste, mais plutôt y voir les deux pôles inversés d’une même matrice idéologico-religieuse, fondamentalement messianiste, qui restent en en interaction dialectique permanente et qui constituent les deux mâchoires d’une formidable machine à broyer les autres systèmes culturels qui ne peuvent pas assimiler aussi dynamiquement les contradictions générées par le système capitaliste. 

    Dans la société américaine, le progressisme et le conservatisme ne s’opposent donc que superficiellement. Darwin nourrit le créationnisme biblico-scientiste, et inversement. Le théorie des "deux Amériques" - progressistes libéraux opposés à une Amérique de conservateurs cinglés - recyclées par les médias français à chaque élection américaine, est une immense connerie.

    En revanche, il y a bien deux France - et depuis très longtemps, au moins depuis les guerres de religion - c’est la raison pour laquelle chez nous les conflits sociétaux prennent une telle ampleur et conduisent périodiquement à des renversements violents de paradigme, car aucun consensus culturel n’est possible, sauf à un très haut niveau d’abstraction politique.  

    hors-sujet : je n’arrive pas à créer des paragraphes pour aérer mon texte, même en sautant des lignes ?



  • 2 votes
    Joe Chip Joe Chip 7 février 2014 15:17


    Notre faute. Nous avons accepté de renflouer l’Irlande et de sauver ses banques après le crack de 2008 - à hauteur de 85 milliards d’euro - sans obtenir aucune contrepartie de la part des Irlandais sur le dumping fiscal.

    La fiscalité des sociétés est en moyenne de 27,6% dans la zone euro, 33,3% en France, et de 12,5% en Irlande (10% sous certaines conditions).

    Donc, en gros, il faudrait diviser par trois l’impôt sur les grosses sociétés pour être compétitif, même pas à l’international, mais au sein de notre propre "union"...

    Aujourd’hui, l’Irlande est presque sortie de la zone rouge budgétaire, elle redevient donc attractive pour les grands groupes.



  • vote
    Joe Chip Joe Chip 7 février 2014 14:41

    Chouard a effectivement un côté "grand adolescent" (on sent bien qu’il a passé sa vie dans un lycée...) que je trouve parfois irritant, à vouloir toujours remettre tout à plat, prétendre refaire le monde éternellement et somme toute assez inutilement... la meilleure preuve de cette adolescence mentale est le fait que son projet de constitution alternative citoyenne, lancé si je ne m’abuse en 2005, n’a jamais abouti ni débouché sur quoique ce soit de concret - pas-même un "avant-projet", ce qui était le cap initialement fixé - sinon des centaines de pages de forum noircies en pure perte. D’ailleurs, nombre de ses aficionados déplorent ce statu quo sur son forum.

    Apparemment, le maître sur la montagne estimerait aujourd’hui plus important de "lire" pour comprendre le monde et dévoiler l’illusion dans laquelle nous vivons. 

    Que doit-on penser d’un groupe de gens qui se prétendent plus légitimes que le politique pour rédiger une constitution citoyenne - but assurément noble - mais qui ne parviennent même pas à produire un avant-projet en dix ans de travail "collaboratif" ?

    Qui a mis des bâtons dans les roues de Chouard ? Qui l’a empêché de s’exprimer ou de mener son projet à terme ? Les banques ? Le sionisme ? Quelques antifas excités ? Allons, allons... 

    Par ailleurs, plus de "vraie démocratie", c’est très bien. Qui, sérieusement, est contre cette idée ? 

    La vraie question, plus dérangeante, c’est : est-ce que la majorité des gens veulent aujourd’hui plus de "vraie démocratie"... ou plus de biscuits ? En réalité, les 9/10ème de la population sont soulagés que d’autres personnes, jugées plus compétentes ou plus légitimes, gèrent les affaires collectives à leur place, et les déchargent de cette responsabilité. La nature humaine.

    Il faudrait donc, avant d’envisager un retour hypothétique à la "vraie démocratie", envisager d’abord de créer un homme nouveau, conscient de ses devoirs et de la nécessité pour lui de s’engager activement dans la vie publique.

    Chouard croit en son fort intérieur que les gens veulent se mêler de tout, alors qu’ils ont des idéaux plutôt médiocres, limités généralement aux enjeux matériels et à la recherche du bonheur personnel et familial.

    Evidemment, il y a un net déficit de démocratie locale en France. Sur ce point, il serait intéressant de voir ce que font les Suisses, sans toutefois idéaliser ce modèle de la subsidiarité dont Rousseau précisait à juste titre qu’il n’était applicable que dans les petits Etats culturellement homogènes.
     
    La démocratie, sur le plan collectif, comme la bonté, sur le plan individuel, sont des idéaux vers lesquels il faut tendre tout en comprenant qu’il est contre-productif et dangereux d’ériger la démocratie et la bonté en principes absolus de l’action collective et individuelle, qui deviendraient ainsi leur propre finalité.



  • 9 votes
    Joe Chip Joe Chip 7 février 2014 14:00

    Au sujet de Dieudonné, Valls a été trahi par son inconscient, puisqu’il a lâché à un moment le lapsus plus que révélateur :

    "Si c’était à refaire, je ne le referais pas"

    Difficile d’apprécier à long terme l’impact de cette affaire sur sa côte de popularité (le "peuple" de la démocratie sondagière étant capricieux et versatile), mais il s’agit sans aucun doute d’une faute politique majeure.



  • 2 votes
    Joe Chip Joe Chip 7 février 2014 05:17

    Il est sympathique ce Lordon, mais les 5% de croissance par an durant les 30 glorieuses s’expliquent par des facteurs historiques, démographiques et énergétiques qui n’ont pas grand chose à voir avec la politique menée dans la mesure où celle-ci a eu le mérite d’entretenir cette dynamique, ce qui est le rôle du politique en phase de croissance. Des infrastructures à construire, une population jeune, qui - on l’oublie souvent - travaillait parfois six jours sur sept au début des années 60, pour un salaire relativement faible (ce sera une des principales revendications de mai 68), des ouvriers et des paysans durs à la tâche qui claquaient 5 ou 10 ans après leur départ en retraite, un pétrole et une électricité bon marché, une concurrence mondiale faible avec les deux tiers de l’humanité n’ayant pas encore connu la révolution industrielle, etc. Nous sommes aujourd’hui dans la configuration pratiquement inverse en dépit de l’augmentation de la productivité : pas d’infrastructure à construire (et pas les moyens pour en construire...), une population vieillissante, une explosion des dépenses sociales corrélative à l’augmentation de la durée de la vie et à l’installation du chômage de masse, une énergie chère, une concurrence internationale féroce et, cerise sur le gâteau, une dette hymalayesque...

    Il me paraît à la rigueur plus intelligent de faire la pédagogie de la décroissance plutôt que de spéculer sur l’arrêt de la bourse... Et dans ce cas, on doit alors écouter toutes les idées "iconoclastes", et notamment les arguments de ceux qui réclament la suppression pure et simple de l’impôt sur le revenu, qui peut d’ailleurs se défendre d’un point de vue de gauche (mais peut-être pas de celle de Lordon). 

    Idem il prétend dénoncer le libéralisme mais ne fait que contester en réalité la partie "libre circulation des capitaux", tombant dans le même piège symétrique que les libéraux-conservateurs ou les nationaux-libéraux souhaitant tourner le dos au libertarisme des décennies passés ainsi qu’à la libre circulation des personnes sans pour autant toucher, bien entendu, au capital voyageur et au libre échange.
     
    En outre, sa théorie de la "dépossession" des thèmes de gauche par l’extrême-droite est un sommet de nunucherie politique puisqu’il est tout à fait évident, pour tous les observateurs honnêtes, que c’est la gauche socialiste elle-même, dans son ensemble, qui s’est dépossédée des outils et des valeurs qui étaient les siens depuis la fin du XIXème siècle pour se réapproprier les thèmes émancipateurs historiques de la gauche libérale - l’individualisme issu des Lumières - entre temps passés à droite du côté du capital, qui était plutôt à la base une émanation de l’Etat, de la patrie, de la cause nationale...

    L’extrême-droite n’a rien volé du tout, elle n’a eu qu’à se pencher pour ramasser dans le caniveau les thèmes de la nation et de la défense de la communauté nationale.

    Enfin, la manière dont il relie le "droit" à la nationalité au "devoir le plus fondamental" du consentement fiscal, afin de justifier la régularisation massive des clandestins (en s’appuyant sur un texte constitutionnel qui, par ailleurs, n’a jamais été appliqué, substituant à la souveraineté nationale le concept plus flou de souveraineté populaire) pose inversement la question du sort à réserver à ceux qui ne seraient plus en mesure de s’acquitter de leur "devoir fiscal" : selon Lordon, faudrait-il donc déchoir de leur nationalité, au même titre que les Depardieu et Cahuzac, les chômeurs longue durée, les handicapés, les improductifs, les oisifs ? On voit bien à quelle aberration conduirait une telle idée, appliquée schématiquement, et on retrouve ici la notion révolutionnaire originelle de la citoyenneté issue du droit positif qui distingue précisément des catégories de citoyens hiérarchisées en fonction de leur "implication" dans la société. Le droit ici n’est plus dans l’individu, mais dans l’Etat qui en formule les critères. Conception qui peut paraître formellement plus égalitaire en première analyse, mais qui contient les germes d’une dérive totalitaire ("les faux-citoyens sont des boulets, sortons les de la communauté nationale").
      



  • 2 votes
    Joe Chip Joe Chip 5 février 2014 13:47

    Du moment que la femme fait le ménage, même si elle le fait très mal, et qu’ils permettent aux petits garçons de jouer au camion, comme la génétique les y conduit, peu importe qu’ils soient des parents totalement débiles, qui font du chantage au suicide, qui frappent


    Ce genre d’argument est très facile à renverser, sauf si vous êtes en mesure de démontrer que - à priori - des parents "non essentialisés" auront plus de chances que des parents "essentialisés" ne de pas être débiles, psychologiquement instables, de ne pas frapper leur progéniture, etc. Il me semble que ce n’est pas le sujet.

    Si le sujet est celui des "parents débiles" et des mauvais traitements, on pourrait vous objecter qu’avant de songer à bouleverser des rôles parentaux déjà fragilisés par tous les artefacts de la crise (famille recomposée, femme seule, divorce de masse, etc.) il conviendrait, peut-être, de s’attaquer plus généralement et plus volontairement aux causes objectives que sont la pauvreté chronique, le chômage, l’irresponsabilité croissante des adultes, etc.

    Encore une fois, il me paraît difficile d’assumer que "l’expérimentation" sur le genre puisse amener des progrès, sauf à tendre à considérer, et c’est ce que vous faites, que l’expérimentation représenterait déjà en soi une forme de progrès, point de vue qui est tout à fait légitime dans le cadre des sciences exactes, mais beaucoup plus spécieux dans celui des sciences humaines, tout particulièrement lorsque "l’objet d’étude" est l’enfant. Il faudrait prendre des précautions méthodologiques drastiques, et reconnaître clairement la nécessité de progresser très lentement. Or, on voit bien que c’est tout à fait impossible sous la pression des différents lobbies qui tiennent cette question pour une absolue urgence. 
    Nous sommes donc bien dans un affrontement idéologique, pas du tout dans un débat dont l’enjeu serait le bien être réel des enfants ou le destin "interdit" des petites filles.

    Or, si je constate que des gens tiennent un discours très formaté, pour ne pas dire artificiellement consensuel, sur ces questions, on ne peut pas prendre à la légère tous les extrémismes (LGBT et autres) qui gravitent autour de ce débat et qui expriment des réalités inquiétantes derrières les occultations des politiques et des grands médias. 

    Si le sujet est "la femme condamnée à faire le ménage", il faudra m’expliquer en quoi il ne serait pas tout aussi efficace de promouvoir au sein classes des exemples dynamiques de femmes réalisées dans la vie active, plutôt que de spéculer sur des questions de genre, comme l’affirment à présent Peillon et Belkacem ("il n’y a pas de théorie du genre, simplement des études de genre aux résultats discutés et parfois contradictoires"). Par ailleurs, il faut vraiment être de mauvaise foi pour ne pas voir que les choses ont largement évolué dans ce domaine, et que de nombreux hommes assistent aujourd’hui leur compagne dans la vie quotidienne, sans avoir besoin pour cela que l’Etat leur indique "ce qui est bien et ce qui est mal".

     



  • 7 votes
    Joe Chip Joe Chip 5 février 2014 12:00

    Bon, Poelvoorde, derrière sa bonhomie belge, nous ressert au fond le prêt-à-penser libéral et les arguments thatchériens habituels dont raffolent les médias : "pas d’autre alternative", "adapte-toi et ferme-là", "on peut pas aller contre", "vous ralentissez tout". Les libéraux voient toujours des "boulets" partout, entraînant des "pesanteurs" et ralentissant la marche linéaire du progrès par une opposition perçue, en tant que telle, comme illégitime.

    Beaucoup de gens rebondissent sur ses propos pour souligner l’absence de mobilisation sur les sujets sociaux, mais est-ce vraiment ce que dit Poelvoorde ? Moi, j’entends rien sur les fermetures d’usine et la domination du grand capital, excusez-moi... Et pourquoi devrait-il y avoir un impensé par défaut sur les évolutions sociétales ? Comme le démontre bien Michéa, la posture, idéologiquement confortable, qui consiste à dénoncer le libéralisme économique (et qui consiste, pour les gens comme Poelvoorde, à manifester occasionnellement leur empathie à l’égard des chômeurs ou des précaires, ça mange pas de pain...) tout en validant systématiquement le libéralisme de conduite individuelle ("mon corps m’appartient, j’en fais ce que je veux"), conduit inéluctablement à la reconnaissance d’un ordre économique fondé sur le relativisme moral absolu :

    "Si le libéralisme se définit d’abord comme le droit pour chacun de « vivre comme il l’entend » et donc « de produire, de vendre et d’acheter tout ce qui est susceptible d’être produit ou vendu » (Friedrich Hayek), il s’ensuit logiquement que chacun doit être entièrement libre de faire ce qu’il veut de son argent (par exemple, de le placer dans un paradis fiscal ou de spéculer sur les produits alimentaires), de son corps (par exemple, de le prostituer, de le voiler intégralement ou d’en louer temporairement l’usage à un couple stérile), ou de son temps (par exemple, de travailler le dimanche)." (Michéa, Marianne, janvier 2014)

    Les Belges wallons sont tellement acquis à l’idée que leur avenir - en quelques sorte tout tracé - est intrinsèquement lié à celui des institutions européennes présentes dans leur pays, qu’ils en viennent à tout prendre à la légère (crise financière, crise institutionnelle, séparatisme flamand, réseaux louches, mariage homosexuel, etc.) et à prôner une sorte de jmenfoutisme intégral, teinté de condescendance amusée à l’égard des Français, comme seule attitude possible et même imaginable face à la modernité néolibérale.

    Je trouve qu’on qualifie très rapidement de "belgitude" ce qui ressemble parfois à un fatalisme poétisé et charmant, contre lequel je n’ai rien mais qui devient problématique quand il prétend donner des leçons de politique. Y a-t-il encore quelque chose qui mobilise collectivement les Belges ? Facile de ricaner cyniquement en commentant les remous de la société française.

    Les Français ont-ils fondamentalement tort de vouloir (encore) s’interroger collectivement sur le sens qu’ils entendent donner à la famille, et de considérer celle-ci comme une "institution" à défendre ? Si c’est le cas, alors le "progrès" sociétal n’est plus que la promotion de l’anomie généralisée.

    "Les Belges s’en fichent comme des rois, chez nous y’a plus d’homme, de femme, et rien du tout."

    Evidemment, les médias - surtout en période de crise - adorent cet état d’esprit dégagé et pseudo-libertaire qui n’est au fond qu’une variante de cynisme (de gauche).



  • 3 votes
    Joe Chip Joe Chip 27 janvier 2014 11:32


    Sauf que Montebourg est depuis rentré dans le rang. Il vient même d’accepter de participer à un pathétique numéro d’auto-caricature en prêtant sa voix à un "singe en marinière" luttant contre "la délocalisation d’un volcan" dans une série animée "100% française".

    Bref, même plus besoin de néoconservateurs américains - qui comparent les Français à des singes - pour se ridiculiser.



  • vote
    Joe Chip Joe Chip 25 janvier 2014 13:29

    Ironiquement, c’est Napoléon qui a fait sauter le subtil équilibre européen - à notre avantage - introduit par le traité de Westphalie. Le résultat est connu : naissance du nationalisme allemand essentiellement projeté contre le "modèle" français. 



  • 11 votes
    Joe Chip Joe Chip 20 janvier 2014 16:13


    Bedos n’a pas compris qu’il n’y avait pas de milieu tempéré dans le domaine du politiquement correct. Et il n’a pas compris - ou il fait semblant de ne pas comprendre - que les "assocs" n’évaluaient pas le contexte idéologique des mots (l’énoncé) mais les mots en eux-mêmes, en tant que véhicule d’un signifié objectif, dans le sens orwellien du terme. Autrement dit, elles militent pour interdire des mots du vocabulaire au nom de la tolérance, du vivre-ensemble et du respect du politiquement correct, si bien qu’à la fin du processus, seul un noir pourra revendiquer ironiquement le mot "nègre" et seul un juif pourra commettre des blagues douteuses sur Hitler ou la Shoah.

    Bref, il s’agit d’un paradigme auquel on adhère (volontairement ou involontairement) ou que l’on rejette intégralement, dans les limites posées par la loi. Mais ce serait trop facile, et en effet merveilleux, si lui et d’autres comiques installés (Guillon) pouvaient revendiquer un "bon" politiquement incorrect à visée antiraciste (le fait même d’en revenir toujours à ce thème révélant bien l’ambiguïté de la démarche) tandis que d’autres, supposément mal intentionnés, se rendraient coupable de se vautrer dans la facilité des stéréotypes et le "mauvais" politiquement incorrect en s’attaquant à des sujets plus sensibles ou à des communautés mieux protégées.

    Bedos demande en réalité un traitement à la tête du client - sous prétexte que, lui, Nicolas Bedos, serait un antiraciste insoupçonnable - et une liberté d’expression à géométrie variable définie selon des critères purement subjectifs relevant d’une pédagogie par le rire ou de l’explication didactique. Les comiques passent désormais leur temps à décortiquer leurs sketchs et à se justifier de leurs "intentions". 
      
    Or, Bedos, à l’instar de son père, adore le didactisme de gauche qui conduit invariablement à s’exprimer au nom des autres, dans la représentation de ce qu’il(s) croi(en)t être leurs intérêts, et, évidemment, toujours dans leur propre bien.

    Ca n’effleure pas l’esprit de Bedos que les "nègres" sont peut-être las, comme les catholiques, de devoir supporter ce "bon" politiquement incorrect à visée prétendument antiraciste, en restant bonnard en toutes circonstances, sous peine d’en prendre une deuxième couche façon prof de lycée ("vous n’avez rien compris, je réexplique") et d’être traités, en quelques sorte, de mauvaises victimes. La bonne victime étant celle qui accepte de déléguer l’expression de son malaise et de sa souffrance à un tiers auto-désigné, en l’occurrence, le fils Bedos, qui reprend le flambeau familial de la lutte contre le racisme congénitale de la majorité.
     
    Un peu comme s’il expliquait à des Juifs qu’il fallait à tout prix se battre pour imposer le mot "youtre" dans toutes les écoles de France, par conviction antiraciste. Ah, pardon : il ne lui viendrait même pas à l’idée de le proposer... parce que là, il y a "l’évènement" qui ferait obstacle.

    Bedos a quand même dit qu’il voulait lutter pour sauvegarder le mot "feuj", c’est à dire le verlan de "juif" qui, comme chacun sait, contient une charge raciste à peu près équivalente à celle, incontestable, des mots "nègre" et "bougnoule".

    C’est quand même plus simple avec les "nègres"... Et, bien évidemment, il n’y a aucune trace de paternalisme condescendant chez ce pourfendeur de la bêtise raciste ordinaire (du blanc).

    Je comprends malgré tout ces Antillais qui se lassent de devoir tolérer patiemment le "bon politiquement incorrect validé par les médias et les Bedos" tandis que le même type d’humour tourné vers des cibles plus difficiles (juifs, arabes) tombe alors sous les oukazes de la "bienpensance". 

    Encore une fois, l’objectif du politiquement correct est de lutter contre les mots et l’utilisation symptomatique des mots, pas de produire une étude circonstanciée du contexte d’énonciation qui permettrait de trier les gentils et les méchants selon des critères de pensée faisant l’objet d’un consensus normatif.

    Il est évident que Bedos, totalement accaparé par son personnage de cabot narcissique, et toujours enclin à produire des commentaires de ses sketchs à l’usage des imbéciles qui n’ont pas la décence de comprendre la saine ironie de sa démarche antiraciste (à la différence d’un Desproges qui rajoutait une dose de cynisme amusé quand on lui demandait si, quand même, il n’avait pas l’impression d’avoir franchi une limite), ne pourra sans doute jamais comprendre que ce n’est pas ou plus à lui qu’il revient d’énoncer, dans un monde dominé par le "politiquement correct", ce qu’un Antillais est censé comprendre, du point de vue de la stratégie antiraciste, lorsqu’il ironise sur les clichés coloniaux et "l’indolence des nègres".  



  • 1 vote
    Joe Chip Joe Chip 16 janvier 2014 17:00

    Quenelle vénézuelienne surtout...



  • 2 votes
    Joe Chip Joe Chip 3 janvier 2014 12:03

    Oui. Le problème, c’est que Madame Sigaut passe d’une posture d’historienne légitime et intéressante (déconstruire le roman révolutionnaire naïf que l’on apprend à l’école républicaine, totalement inique vis à vis de la monarchie française et, dans une certaine mesure, du catholicisme) à un parti-pris idéologique qui débouche sur une vision non moins manichéenne, et peut-être davantage, de l’histoire de cette période, cette obstination finissant par invalider totalement la légitimité de la posture initiale... impossible, donc, de la suivre jusqu’au bout, sans tomber dans le marasme d’un discours ouvertement réactionnaire. Beau gâchis de mon point de vue, car ses interventions sont émaillées de nombreuses analyses intéressantes...
    Guillemin fait preuve aussi de parti pris, mais cela semble davantage correspondre chez lui à un mouvement de la sensibilité vers des idées et des principes généraux de justice, de résistance à l’oppression, de défense du peuple, plutôt qu’à un corpus idéologique marqué et aisément identifiable.



  • 34 votes
    Joe Chip Joe Chip 8 octobre 2013 17:16

    Philippot n’a pas besoin d’être bon (il ne l’a pas été), ils n’ont rien d’autre à lui opposer que des chausse-trapes sémantiques, des sous-entendus et des jeux de mots.

    Boutih a été formidable (menace de guerre civile, totalitarisme consubstantiel à la France, chômage de masse et précarité économique des Français justifiés par le "changement", la repentance et la colonisation), j’espère que le PS a d’autres maghrébins à envoyer débiter des conneries à heure de grande écoute, on dirait presque que c’est fait exprès.



  • 1 vote
    Joe Chip Joe Chip 7 octobre 2013 18:44

    Selon cette intéressante définition, un pauvre qui ne paie pas d’impôts, un chômeur qui ne consomme pas beaucoup, une personne handicapée dépendante financièrement de la collectivité sont donc des boulets économiques qui méritent d’être déchus de leur nationalité française.

    On pourrait, effectivement, les remplacer par des Mamadou et des Mohamed aptes au travail et mieux disposés à "participer au bien commun de la nation".

    Qui est facho exactement ?



  • vote
    Joe Chip Joe Chip 8 septembre 2013 16:25

    Bah, je dis pas ça pour excuser Soral. Lui et Guillon ont de toutes façons un profil un peu similaire : deux demi-mondains un peu laborieux qui ont percé sur le tard, l’un se voyait réalisateur/intellectuel, l’autre acteur... Le premier était trop instable pour réussir (au sens trivial du terme), le second assez méchant pour se recycler sur canal+.

    Pour l’histoire du viol, difficile de savoir s’il s’agit d’une maladresse grossière ou d’une attaque particulièrement sournoise, en tout cas, c’est assez détestable.



  • 2 votes
    Joe Chip Joe Chip 8 septembre 2013 14:19


    http://www.youtube.com/watch?v=2-Vdsf5snZY

    Vers 2’30, apparemment ça date de 2005.