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Les commentaires de Joe Chip



  • 3 votes
    Joe Chip Joe Chip 25 mai 2020 03:26

    @yoananda2

    Quitte à faire de la psy de comptoir, voici mon hyppothèse : Soral à peut être reculé (inconsciemment) devant le succès, il n’a pas voulu trop grossir de peur de déclencher la révolution qu’il appelle de ses voeux, mais que peut-être il redoute (après tout, c’est un sacré poids).

    C’est clairement une des clés pour comprendre le personnage. A chaque fois que Soral aurait pu franchir un palier médiatique ou politique, il a "merdé" ou "dérapé", plus ou moins consciemment, et a fini par se dérober en commettant un acte manqué. Il y a un côté velléitaire chez lui, de rejet de toute attente de conformité, qui est aussi quelque chose de propre à sa génération (Nabe, Moix, Taddéi, Beigbedder, Houellebecq...) de touche-à-tout littéraires et mondains. Beigbeder avait donné une interview assez lucide à ce sujet il y a quelques temps, expliquant que sa génération était la première à avoir intégré l’échec des grandes utopies et avait donc basculé durant les années 80 dans le cynisme, la provoc’ et la surenchère esthétique, faute de pouvoir accomplir leurs ambitions politiques, artistiques et littéraire (exception faite de Houellebecq mais ce fut de peu car il a connu un succès relativement tardif). Regardez Nabe aujourd’hui... le type a tout du vieil ado aigri cramponné à son statut d’écrivain dont tout le monde se fout à l’heure actuelle.
    Disons que la séduction exercée par Soral, qui semblait avoir fait mille choses et
    avoir tout compris, a bien marché au début des années 2000 sur de jeunes esprits qui avaient déjà de grosses lacunes en terme de culture historique et politique par rapport aux générations précédentes. Le récit de la bohème parisienne, friquée et décadente des années 70 et 80 exerçait une certaine fascination sur cette génération qui n’avait entendu parler depuis les années 80 que de sida, de crise économique et de chômage de masse. Aujourd’hui, évidemment, cela ne marche plus du tout puisque les jeunes n’ont plus aucun lien avec cette époque 
    et nourrissent plutôt du mépris à l’encontre de cette "bohème" prétentieuse et 
    désoeuvrée incapable de faire du fric.
    Leur bagage culturel nous impressionnait dans la mesure où ils semblaient à la fois maîtrisé la culture classique (grands auteurs, philo, socio, marx...) et la culture de bric et de broc, pop et rock issue de la société de consommation et de l’américanisation des modes de vie et de pensée. On était trop cons et trop naïfs pour comprendre que tous ces "polémistes" étaient déjà des types nés trop tard et qui n’avaient pas réussi à percer dans la politique, la culture, la littérature, et qui s’étaient pour les plus chanceux ou les plus travailleurs recyclés comme chroniqueurs ou pigistes chez Ardisson. Ces Nabe, ces Soral ont passé toutes les années 80 et 90 à récupérer les miettes sous la table du monde culturo-mondain, à en profiter sans jamais vraiment être accepté à la table, à cracher de dépit dans la soupe médiatique.Il est donc facile de comprendre leur ressentiment et leur haine de "ratés" envers les soixante-huitards qui dirigeaient tout, contrôlaient tout, après avoir trahi tous leurs idéaux de jeunesse. 
    Pour ma part j’avais beaucoup aimé les abécédaires de Soral et son livre sur la féminisation (par rapport à ce que je connaissais à l’époque, c’est à dire pas grand-chose). Mais surtout son Misère du Désir, qui est à mon avis un vrai petit chef d’oeuvre de sociologie populaire, plein de drôlerie (la rencontre avec Despentes, la déclaration d’amour à Poupeto...) et qui réglait son compte à la gauche qui était encore idéologiquement dominatrice à l’époque, en décrivant parfaitement la manipulation des affects des jeunes de banlieue par les élites antiracistes et en donnant une explication peut-être pas foncièrement nouvelle mais accessible et concrète de la relation entre idéologie du désir et marché. Il avait d’ailleurs été désavoué dans l’Huma par Michel Clouscard qui avait apparemment pris peur après avoir reçu un coup de fil de son éditeur.
    J’ai nourri par la suite un tel rejet des idées de Soral que je me suis demandé pourquoi j’y avais adhéré auparavant, et je me suis rassuré en constatant que j’étais toujours d’accord dans les grandes lignes avec ce qu’il écrivait au début des années 2000 dans les abécédaires. Mais bon, des mauvaises langues (Blanrue) ont insinué que les éloges de Soral à la devise républicaine et à la "fraternité" visaient surtout à l’époque à accompagner ses efforts afin d’intégrer une loge maçonnique, ce qui me semble tout à fait crédible. Se rappeler aussi les phrases de Nabe évoquant un Soral catastrophé après son dérapage sur les juifs à Envoyé Spécial, réalisant
    qu’il venait de se fermer toutes les portes du monde culturel et médiatique avec cette sortie polémique.



  • 3 votes
    Joe Chip Joe Chip 14 mai 2020 16:08

    Judiciarisation ridicule et porte ouverte à toutes les dérives de "citoyens plaignants" qui se retourneront dorénavant contre l’Etat à chaque fois qu’ils s’estimeront lésés.

    Curieusement les mêmes ne trouvent rien à redire aux mesures de chômage partiel versé par l’Etat, qui a tenté de rattraper le cou de la mauvaise gestion de la crise en garantissant jusqu’à 87% du salaire, indépendamment de la situation des gens. Tout ça ira évidemment creuser le déficit, et les mêmes neuneus s’empresseront de dénoncer ensuite "la loi de 73", l’euro, les salauds de la finance... 

    Si vous voulez c’est un peu comme un parent abusif qui achète un jouet à son gamin pour se faire pardonner de l’avoir frappé ou négligé. Le message compris par le gamin est que sa petite personne ne vaut rien de plus aux yeux de ses parents que le prix de ce jouet, mais que s’il gémit suffisamment, il pourra au moins toujours avoir des jouets sans avoir à produire d’efforts particuliers, à défaut d’avoir la considération ou l’amour de ses parents.



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    Joe Chip Joe Chip 26 avril 2020 16:07

    @yoananda2

    On dit beaucoup à l’étranger que les Français sont des gens vivant dans un paradis mais qui croient vivre en enfer. C’est évidemment une formule, mais qui exprime quand même une réalité. Les Français ont développé une véritable morbidité collective engendrée par la perte de statut symbolique du pays depuis une trentaine d’année. Je dis perte de statut symbolique car cela fait près d’un siècle que le pays n’est plus une grande puissance. Cela se traduit par un narcissisme négatif (le narcissisme n’est pas forcément positif et peut s’exprimer sur le mode de la souffrance d’être soi-même) et une incapacité à se comparer objectivement aux autres, un peu comme un dépressif qui ne cesserait de s’accabler ou de se trouver tous les défauts de la terre. Or, le rôle d’un thérapeute est de sortir le dépressif de ce marasme, pas de l’entretenir dans une haine de soi génératrice d’impuissance. 

    Le basketteur franco-américain Tony Parker quand on lui a demandé s’il préférait vivre aux USA ou en France, a répondu de manière assez juste que l’Amérique était un pays où l’on vivait mal mais où l’on se sentait bien, et que la France était un pays où l’on vivait bien mais où l’on se sentait mal. On ne saurait mieux dire les choses. 

    Mais ce qui m’agace le plus dans cette haine de soi, c’est qu’elle est fausse. Les Français, en s’accablant de tous les maux de la terre, en se voyant pauvres, défaits, nuls, constamment abusés par des élites méphistophéliques, se dispensent ainsi de toute véritable critique et de la nécessité d’agir quand et là où c’est possible, à titre individuel et collectif. Chacun s’aménage ainsi son petit confort en faisant semblant d’être lucide sur l’état de décadence du pays. 

    Au fond, les Français sont toujours aussi orgueilleux et imbus d’eux-mêmes, comme des Américains. Les autres pays ressentent la fausseté de notre accablement collectif, c’est pourquoi notre "pessimisme" rivalisant avec celui de pays pauvres en guerre les interpelle ou les amuse. 

    Toute cette noirceur franchouillarde, c’est de la comédie. En tout cas c’est tout sauf de la lucidité.



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    Joe Chip Joe Chip 26 avril 2020 14:41

    https://www.futura-sciences.com/sante/actualites/coronavirus-coronavirus-afrique-catastrophe-annoncee-na-pas-eu-lieu-79699/

    Depuis le premier cas de coronavirus sur le continent, le 14 février en Égypte, les experts nous prédisent un scénario effrayant. L’Afrique allait être rapidement submergée par la pandémie de Covid-19 avec à la clé un cataclysme sanitaire dans un continent pauvre au système de santé défaillant. L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) appelle presque chaque jour le continent « à se préparer au pire ». Deux mois plus tard, le tsunami n’a toujours pas eu lieu, alors que les pays européens et les États-Unis sont violemment frappés.




  • 1 vote
    Joe Chip Joe Chip 26 avril 2020 14:33

    @micnet

    A la fin de la vidéo, lui et Roquette évoquent des nordiques "rigoureux et travailleurs" et des sudistes "indolents" "indisciplinés" pour expliquer la différence de gestion de l’épidémie entre l’Europe du Nord et l’Europe du Sud. Ne me faites pas le coup du discours "culturaliste", c’est un recyclage des vieux poncifs de la théorie du climat. Zemmour va même jusqu’à dire que la France a été "ravalée à l’état de pays méditerranéen" (je cite de mémoire), déclaration quand même étonnante de la part d’un soi-disant maurrassien, raison pour laquelle je rappelle l’opposition de l’époque entre "latinistes" (maurrassiens) et "nordicistes" (gobiniens).

    En outre, jusqu’à preuve du contraire, la France est un pays méditerranéen depuis l’origine et je ne vois pas en quoi cela constituerait une tare, surtout quand, comme ce dernier, on a des traits qui évoquent davantage le Maghreb que les espaces glacés de Germanie. La civilisation est née sur les rives de la méditerranée, même les nazis confrontés à la vérité historique ont falsifié les sources et les faits pour faire croire que la Grèce antique et Rome avaient été fondées par des Germains avant d’être dévoyées et parasitées par les peuples méditerranéens à la peau sombre et autres levantins aux cheveux crépus.

    De toute façon, cette explication simpliste pour droitards ne tient pas la route.
    Le fait que les pays du nord aient été touchés beaucoup plus tardivement par l’épidémie et protégés naturellement, dans certains cas, par leur faible densité et des habitus sociologiques différents, est à l’évidence le principal facteur expliquant les fortunes diverses des pays européens dans leur gestion de l’épidémie. L’autre critère, c’est la réactivité des Etats. La Grèce et le Portugal, qui ne sont pas des pays scandinaves, ont obtenu de très bons résultats malgré des moyens largement inférieurs à la France. Certains pays africains semblent également obtenir de bons résultats, pour la bonne et simple raison qu’ils ont davantage l’habitude de gérer des crises sanitaires. A contrario, la Belgique, l’Angleterre et les USA ont eu une réponse désastreuse et personne ne dit que ces pays se sont "latinisés" ou ont été culturellement "ravalés à l’état de pays méditerranéen" en raison de l’indiscipline et de l’indolence de la population qui continue d’aller dans les parcs de Londres et de s’agglutiner sur les plages de Floride. 
     
    A chaque fois qu’il y a eu de grandes épidémies, on a accusé différents groupes ethniques d’être responsable de leur propagation. Autrefois, les juifs empoisonneurs remplissaient ce rôle. A l’heure actuelle, qui voit revenir les théories racialistes du XIXème siècle (sous une forme policée et vaguement culturaliste), il y a une véritable stigmatisation des pays du sud exacerbés par l’hégémonie des pays du nord au sein de l’UE. On voit même subtilement revenir la division entre l’Europe du sud catholique et romaine, et l’Europe du Nord protestante. 

    Zemmour dont j’appréciais la culture historique et qui passe pour "patriote" est devenu un des pires suppôts médiatiques de l’anti-France. Il ne trouve absolument rien de positif à dire sur la France, pas même sur De Gaulle qu’il descend désormais dans ses analyses au profit d’une réhabilitation pour le moins douteuse de Pétain. Sur le plan économique et sociétal, il développe maintenant une pensée proche des milieux de la droite libertarienne américaine, et n’a plus qu’Huntington et son conflit de civilisation à la bouche.
    Sur les plateaux télé, il n’y a plus personne pour lui porter la contradiction, toutes les émissions auxquelles il participe sont devenus des écrins médiatiques pour lui, Naulleau lui servant davantage de faire-valoir.



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    Joe Chip Joe Chip 26 avril 2020 12:58

    @guepe

    En fait, on ne sait pas. A priori les statistiques allemandes prennent uniquement en compte les personnes qui ont été diagnostiquées. Ils partent donc du principe que toutes les personnes décédées suite du COVID ont été testées... ce qui paraît impossible. Il est pratiquement certain que beaucoup de personnes infectées (notamment des personnes âgées) n’entrent pas dans les statistiques.

    Mais surtout l’Allemagne a eu une semaine de plus pour s’adapter et n’a pas connu de gros clusters comme dans l’est de la France. Ce qu’il faudrait comparer c’est la courbe de l’évolution des contaminations, qui est en fait assez homogène d’un pays à l’autre. Le facteur déterminant a été la réactivité des autorités au début de l’épidémie et la chance.

    Mais bon les médias français tiennent leur explication : il y a les "pays du nord" rigoureux, travailleurs, organisés, libéraux, structurés par les "excédents budgétaires", et les "pays du sud", indolents, désorganisés, étatistes, plombés par le déficit.

    Les droitards en sont même à analyser la situation à partir de la vieille théorie du climat et des catégories du racisme gobinien :

    https://www.youtube.com/watch?v=2xgUYV3QBvo&lc=UgzDaRxYSL0YPWiwDkd4AaABAg.97rCglQ98Qm97slSzd5Ow1

     



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    Joe Chip Joe Chip 25 avril 2020 02:50

    A noter que les médias prennent désormais l’Allemagne comme exemple que l’austérité budgétaire et la gestion "néolibérale" de l’hôpital public n’est pas à l’origine des dysfonctionnements du système français puisque l’Allemagne parvient, elle, à faire "mieux avec moins".

    Cdanslair et plusieurs médias ont demandé "Pourquoi les Allemands sont meilleurs que nous ?" comme ils l’avait déjà fait après la crise de 2008.

    Certains commencent déjà à appeler à des réductions de poste (administratifs, bien entendu) à l’instar de Zemmour qui a confirmé à l’occasion de cette crise sanitaire qu’il avait définitivement basculé dans la mouvance néoconservatrice. Il ne cesse désormais de faire référence à Huntington, à défendre Trump sur tous les sujets, à vanter la "grandeur" du système "individualiste" anglo-saxon, et se joint régulièrement aux cortèges des voix médiatiques exigeant le dépeçage du système social ’fou" français. Il exprime désormais dans son émission son assentiment systématique avec les invités libéraux (Gaspard Koenig, Christophe Barbier...).  

    Mais la dernière idée à la mode chez les éditocrates (Le Monde notamment) et les politiques (de droite) est maintenant d’appeler à la "rupture" avec le "centralisme français" pour se rapprocher du "modèle des landers allemands" qui aurait fait la preuve de sa supériorité sur le "modèle jacobin français" à l’occasion de cette crise.

    L’Allemagne, toujours l’Allemagne. Avant c’était souvent l’apologie de l’Angleterre mais depuis le brexit l’Allemagne est devenue le seul exemple à suivre. Le Monde à travers l’apparente bonne gestion de cette crise outre-Rhin a cru voir à l’oeuvre les "puissants excédents budgétaires" allemands (sans expliquer comment et pourquoi ces excédents pourtant interdits et traduisant un déséquilibre économique se sont constitués). 

    Bref, en dehors de l’Allemagne, point de salut. 

    La gauche ? Disparue. Les écolos ? Pas un mot depuis le début de la crise. 

    Quant à Barbier, ça y est, c’est la fête, il ne s’écoule pas un jour sans qu’il appelle à sacrifier des vieux, relancer l’économie coûte que coûte ou même à stigmatiser sournoisement des personnes en surpoids du fait de leur "fragilité" supposée. A côté de ce libéral-darwinien assumé Laurent Alexandre passerait presque pour gentil. 

    Bref, comme on pouvait l’anticiper, cette crise n’est pas perdue pour les néolibéraux qui ont bien l’intention d’exploiter cette période de sidération collective pour imposer un nouvel agenda de "réformes".



  • 6 votes
    Joe Chip Joe Chip 24 avril 2020 19:24

    Bon, mettons aussitôt de côté les indignations factices et la fausse naïveté. Dans le fonctionnement normal du capitalisme, ce n’est pas "l’utilité" qui détermine la valeur d’un objet ou le montant du salaire versé à un producteur, mais la rareté et la valeur ajoutée. 

    De ce point de vue, le travail de la caissière apporte une très faible valeur ajoutée au produit vendu puisque le capitaliste part du principe que ce métier ne requérant pas de compétences très spécialisées ou qui demandent une longue phase d’apprentissage, peut être exercé par à peu près n’importe qui. En revanche, le joli paquet représentant un paysage stylisé de campagne qui attire le consommateur tout en le rassurant subjectivement sur la qualité du produit qu’il va acheter apporte donc — dans le cadre de l’économie de marché — une plus grande valeur ajoutée. Mais pour concevoir ce paquet, il faut avoir recours à des compétences plus rares au sein de la population active ou plus longues à maîtriser que celles de caissière. Le capitaliste qui a les sous et qui est chargé de les répartir dans le système de production va donc rémunérer davantage le graphiste et le concepteur marketing qui ont élaboré le paquet "inutile" que l’ouvrier qui met le produit "utile" dans le paquet la caissière "utile" qui le vend. 

    Injuste ? En temps normal, non. S’il fallait rémunérer l’ouvrier et la caissière en fonction de "l’utilité" de leur travail et non de la valeur ajoutée de leur travail, les coûts de production exploseraient puisqu’il y a beaucoup plus de caissières que de graphistes. En outre le capitaliste auraient d’autres effets négatifs à gérer : le graphiste, constatant que ses 5 années d’étude en design ne lui ont servi à rien par rapport à une caissière qui gagne autant que lui, se démotiverait ou renoncerait à exercer ou entretenir ses compétences qui disparaîtraient peu à peu du marché du travail. Les marques finiraient par leur tour à disparaître au profit de produits standardisés produits par le gouvernement. Les pénuries apparaîtraient dans les supermarchés car les produits les plus courant et les plus utiles coûteraient alors paradoxalement une fortune — comme dans les anciens pays communistes. Je me souviens que ma cousine envoyait des denrées et des produits à un petit correspondant roumain, qui dans ses courriers mêlés aux remerciements demandait des choses aussi basiques que des brosses à dents, du chocolat et des produits cosmétiques peu disponibles ou coûtant une fortune dans son pays du fait des pénuries en tout genre. 

    Et nul doute que ce petit roumain enviait le bonheur des petits rejetons du capitalisme et de la société de consommation gavés de céréales, de sodas délicieux, de yaourts aux vrais fruits, etc. Personnellement, j’ai pris conscience de tout cela en voyageant dans les pays de l’Est avant leur entrée dans l’UE. Tout ce qui me semblait factice et superficiel était au contraire grandement valorisé dans ces pays. Il y avait un désir effréné de consommation de produits médiocres mais associés à la "liberté" et au mode de vie de l’Ouest, une vénération de tout ce qui touchait de près ou de loin aux Etats-Unis, et dans le meilleur des cas les gens répondaient par une circonspection polie à mes réserves sur le consumérisme. Privés de tout, ils ne pouvaient entendre que des rayons de supermarchés remplis de merde colorées n’avaient pas que des avantages.  

    Si l’on veut même être un peu cynique on peut dire que dans de nombreux cas l’inutilité sera payée plus cher que l’utilité dans un système capitaliste. La plupart des loisirs sont par définition inutiles. L’innovation est aussi inutile : aller sur la lune ne servait à rien. La vraie question qu’il faut se poser, c’est "Qu’est-ce qui est utile ?" et son corollaire politique "Qui définit ce qui est utile ou non ?"

    On peut définir que ce qui est utile comme ce qui est nécessaire. Dans ce cas, pas besoin de capitalisme, le gouvernement peut facilement définir les besoins de base de la population - alimentation, hygiène, espace habitable, loisirs de base  et y pourvoir. Malheureusement, l’expérience montre que le seul moyen d’imposer durablement de telles conditions de vie est de suspendre la plupart des libertés individuelles, puisque la subjectivité individuelle et le besoin de distinction inhérent à l’être humain ne peuvent interférer dans ce genre de système utilitariste et égalitariste. 

    Donc je suis tenté de répondre à Ruffin que sa question est d’ordre purement rhétorique. Dire qu’une caissière est plus utile qu’un trader, ça ne veut pas dire grand-chose, puisque la réponse à apporter à cette question dépend évidemment du contexte économique global et des circonstances. En période de crise sanitaire, les priorités sont évidemment différentes, certaines fonctions redevenant temporairement plus "utiles" que d’autres. Mais à priori on ne pas va vivre en permanence en état de crise sanitaire et donc les démons de la rareté et de la valeur ajoutée vont revenir très bientôt s’imposer à nos dirigeants qui pour le moment ne prennent aucun risque à faire de la démagogie en annonçant que le "monde de demain" sera plus juste et égalitaire.

    En outre, si on se met à la place d’un capitaliste en ce moment, à mon avis il n’est pas en train de se demander comment il va faire pour augmenter de 5% le salaire de ses caissières mais plutôt comment il va procéder pour remplacer les caissières par des caisses automatiques et des robots, comme ça, si le coronavirus repointe chaque année le bout de son nez, on n’aura pas besoin de s’embarrasser avec tous ces masques et toutes ces feignasses qui ne veulent pas risquer leur peau pour un smic.  

    Enfin moi, si j’étais un salaud capitaliste, c’est comme ça que je raisonnerais.

    A mon avis il serait beaucoup plus intelligent en ce moment de ramener le sujet du revenu de base ou revenu universel, ce serait en tout cas plus pertinent que ce marxisme de bas étage et cette démagogie utilitariste sachant que le marxisme est un productivisme au même titre que le capitalisme. Il ne répond en rien à la crise sanitaire, à la crise environnementale, à la crise énergétique, et encore moins à la crise morale qui se profilent.



  • 1 vote
    Joe Chip Joe Chip 23 avril 2020 13:38

    @Jean Robin contre Fantômette

    Ce film n’a strictement rien à voir avec la réalité historique et n’est en rien "sympathique" avec les Indiens ou alors dans le mauvais sens  paternaliste du terme. Il met en scène un "bon blanc" qui fraternise avec les Indiens contre les "méchants blancs" en baisant au passage la fille du chef (si mes souvenirs sont bons). On peut se demander si l’inverse (un indien baisant la fille d’un politicien blanc) aurait été aussi bien accepté par les spectateurs. 
    Car les Américains se sont évidemment tous identifiés à Kevin Costner et pas aux méchants blancs d’ailleurs assez peu aperçus dans le film. L’idée défendue par le scénario est que le mauvais traitement réservé aux natifs était lié à des dérives individuelles de "salauds" et non à un système clairement colonialiste. C’est là qu’une fiction peut devenir manipulatrice et mensongère en permettant au spectateur de s’identifier à un héros positif. 
    Des représentants des tribus indiennes se sont insurgés à l’époque contre 
    cette représentation "romantique" et subtilement révisionniste du colonialisme yankee. Leur protestation s’est perdue dans le concert de louanges vantant "l’humanisme" du film. 
    Hollywood a réitéré dans The Revenant où cette fois les méchants blancs agressifs et violeurs étaient les trappeurs français (vieux cliché des colons anglais sur les français ensauvagés au contact des Indiens)

    Pas touche au mythe de la frontière et de la destinée manifeste...



  • 1 vote
    Joe Chip Joe Chip 22 avril 2020 22:55

    @Simple citoyenne

    Il parlait à ce moment-là du confinement dans des lieux fermés (stades de foot, salle de concerts) pas du confinement à domicile tel qu’il a été appliqué ensuite.

    L’extrait est tronqué, dans la suite il parle bien de limitation des rassemblements publics. 



  • 2 votes
    Joe Chip Joe Chip 22 avril 2020 22:44

    @ZardoZ
    @Yakaa

    Les esprits forts, vous pouvez m’expliquer quel intérêt aurait le gouvernement français à gonfler les chiffres de la mortalité par coronavirus ?
    Ce chiffre de 20000 place au contraire la France parmi les pays les plus touchés et vient ruiner la réputation du système de prise en charge français comparativement à l’Allemagne et à d’autres pays qui ont mieux su gérer la crise. 

    Et puis il y a trois semaines on nous disait l’inverse, que le gouvernement cachait les morts de coronavirus dans les EPHAD, etc...



  • 1 vote
    Joe Chip Joe Chip 22 avril 2020 22:39

    @Yakaa

    C’est l’OMS qui a classé l’épidémie de coronavirus en pandémie, pas le gouvernement français. Ca n’a rien à voir avec la létalité du virus :

    https://www.who.int/csr/disease/swineflu/frequently_asked_questions/pandemic /fr/

    D’où sors-tu ce chiffre de 9% ? 



  • 1 vote
    Joe Chip Joe Chip 18 avril 2020 16:52

    @Jean Robin contre Fantômette

    Non, nous ne sommes pas tous embarqués là-dedans au même titre. 

    En 1944 c’était un vrai rationnement qui concernait toutes les catégories sociales sans exception (au moins théoriquement même s’il existait toujours des passe-droits et des privilégiés). Là, on voit bien que le confinement a une dimension indéniablement classiste. Pour certains le confinement s’assimile à une période de retraite confortable passée à jouer au jeu vidéo dans une résidence secondaire, avec nourriture bio abondante et aucune incertitude sur l’avenir. Près de chez moi, des parisiens s’amusent même à narguer les gens chez les producteurs locaux ("On a tout pris !").
    Il suffit de se balader sur certains forums pour constater que beaucoup passent leur temps à faire des commandes en ligne et même à faire venir tout le matériel médical dont ils ont besoin directement de Chine, en incitant les autres à faire de même. Amazon était en train de gagner des parts de marché en pleine crise épidémique jusqu’à ce que le gouvernement, alerté par des salariés émus d’avoir à prendre des risques insensés pour remplir des colis de godes et autres "produits de première nécessité", jusqu’à ce que le gouvernement fasse fermer les entrepôts temporairement, l’entreprise américaine bafouant en outre ouvertement les mesures de protection sanitaires. Mesure inutile et déjà contourné par Amazon qui a fait savoir qu’elle continuerait de livrer désormais les clients français depuis ses entrepôts à l’étranger pour pouvoir continuer à livrer des produits "non essentiels" (ben oui puisque Macron se refuse pour des raisons idéologiques à
    fermer les frontières). 

    Les amendes sont profondément injustes, leur montant étant suffisamment élevé pour inciter les plus modestes à respecter les règles, mais trop peu pour dissuader les plus aisés qui peuvent à loisir aménager le confinement à leur guise. Des parisiens continuent de partir en weekend et de rejoindre librement leur résidence secondaire, et sans vouloir tomber dans le cynisme de notre ami Medialter, il est évident que nombre de nos compatriotes considèrent que les règles collectives ne les concernent pas, certains s’amusent même à dire aux flics qu’ils ne sont pas au courant de la situation en prétendant ne pas regarder la télé.

    Pour d’autres, on l’a bien compris, c’est au contraire le début d’une nouvelle période d’austérité avec restriction des libertés et effondrement déjà programmé des droits et du pouvoir d’achat.

    Ce n’est pas un rationnement, ni même un vrai confinement, comme le démontrent chaque soir le visage dépité des médecins commentant les très mauvais chiffres (diminution presque anecdotique des nouvelles contaminations et admission en réanimation). Au départ il s’agissait d’imposer un confinement très strict pendant une période limitée pour tamponner la vague épidémique. On voit qu’on a basculé dans quelque chose de très différent depuis une semaine ou deux, sans raisons ni objectifs clairs, et qui ressemble de plus en plus à une stratégie du choc (cf. "capitalisme du désastre") visant à "rééduquer", voire à punir la population.
    Je crois que vous devriez retirer vos lunettes roses. Ce pseudo-confinement inefficace et liberticide est tout sauf un "nouveau commencement" qui verra notre société de consommation épuisée revenir à des modes de fonctionnement plus égalitaires et plus pérennes.



  • vote
    Joe Chip Joe Chip 14 avril 2020 21:40

    @Qamarad

    Je ne vous empêche pas d’être suspicieux et je n’ai nullement dédouané les autorités de leur impréparation et encore moins de leur responsabilité. A contrario on ne peut pas non plus invoquer cet argument pour justifier tout et n’importe quoi et valider a priori toute prise de parole critique à l’égard des autorités.
    Ce pharmacien ne parle à mon avis que pour lui-même et son idée est contre-productive.



  • 3 votes
    Joe Chip Joe Chip 14 avril 2020 16:33

    L’Etat fait ça pour éviter d’une part la création de marchés parallèles et d’autre part que des égoïstes et des paranos se mettent à constituer des stocks de masques comme ils ont déjà accumulé des stocks de nourriture ou de PQ, conduisant à des situations de pénurie artificielle. Même si les pharmaciens rationnent les masques, il est très facile de détourner le système (c’est comme ça que certains ont vidé les pharmarcies de leur région il y a quelques semaines).

    Et puis il y a le problème de la sécurité, je me demande si la plupart des pharmaciens ont envie en ce moment de se retrouver à gérer des stocks de masques dans leur pharmacie isolée vu les problèmes qu’ils ont déjà eus :

    https://www.francebleu.fr/infos/faits-divers-justice/coronavirus-les-professionnels-de-sante-de-la-loire-victimes-de-vols-de-masques-1584692942

    Je connais une personne qui est pharmacienne en milieu hospitalier, leur stock de masques et de gel a déjà été volé à trois reprises, par des membres du personnel. Ils ont été contraints de mettre en place un système de remise en main propre des masques et des flacons de gel.



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    Joe Chip Joe Chip 9 avril 2020 12:37

    @Jean Robin contre Fantômette

    "Méthode libérale". Ce sont surtout des pays beaucoup moins denses (25 hb/km² en Suède) et où l’épidémie est arrivée plus tardivement, donnant aux gouvernants des marges qui n’ont pas existé en Espagne et en Italie. Pas de pression en Suède aussi pour maintenir des matchs de foot, des meetings d’indépendantistes catalans, des rassemblements évangéliques, les vols depuis la Chine, pas d’exode de parisiens vers les résidences secondaires, etc...

    Il faut être très prudent avec ces comparaisons chiffrées entre pays, on a vu comment la Chine avait falsifié un certain nombre de données sur la mortalité du virus pour arriver au chiffre absurde de 3000 morts.



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    Joe Chip Joe Chip 7 avril 2020 13:24

    Enfin pour terminer, j’espère que vous avez compris le sens de mon propos : non seulement je ne défends pas la mouvance évangélique mais je la condamne au-moins autant que vous concernant son sectarisme. Or cette interview est tout à fait intéressante parce qu’un des leaders de cette mouvance en France reconnaît pour la toute première fois qu’il a fait fausse route sur pratiquement toute la ligne ! 

    Non, je ne comprends pas bien le sens de vos propos ni à vrai dire vos intentions, surtout que je réagissais à la base à votre éloge dans lequel vous écrivez quand même que ce pasteur, que vous avez par ailleurs décrit comme un gourou charismatique, donnerait une "véritable leçon à la société toute entière". Ce n’est pas très clair, vous ne pouvez pas à la fois critiquer opportunément les "dérives" cette mouvance évangélique et nous expliquer en même temps que ce pasteur a vu la lumière et peut désormais nous éclairer le chemin. Et à mes yeux cette apparente concession à la critique ne donne aucun poids à vos arguments et à votre défense de ce sinistre personnage, car vous savez très bien que ce genre de rhétorique est typique des born again christians. Les anciens pécheurs recyclés dans la morale, c’est la spécialité maison. Aux USA il y a des acteurs pornos qui se reconvertissent comme pasteur après avoir vécu une "crise de conscience" (toujours à la fin de leur carrière, après des années d’excès en tout genre) et qui se donnent pour mission d’enseigner aux autres la valeur de l’abstinence, de l’amour, de la fidélité, etc. Et qui bien évidemment parle de tout ça dans des talkshows "avec une sincérité déconcertante et la voix pleine d’émotion".Tout cela me laisse de marbre. Ce qui me fait pleurer en revanche ce sont les milliers de morts et de familles endeuillées en grande partie du fait de l’inconscience — au minimum — et de la fierté mal placée de ces Evangéliques qui ont en plus le culot de venir faire la morale à la "société entière" en faisant semblant d’avoir fait amende honorable.

    Je suis désolé, mais je trouve cela inconvenant. Ces gens ont juste gagner le droit de se taire. Je n’accepte de recevoir aucune leçon de la part de ce genre de personnage, surtout quand on n’a pas présenté ses excuses à la population et qu’au contraire on s’est présenté comme les "premières victimes" et les boucs émissaires tout désignés. Tout cela ajouté au long historique rappelé plus haut. Ca commence à faire beaucoup pour donner des leçons. Pourquoi ne pas se taire ? Voilà une attitude qui indiquerait une contrition sincère.

    Je tiens aussi à préciser que je ne condamne pas cette Eglise en tant que mouvement sectaire (je suis tout à fait opposé à l’interdiction des sectes comme je l’ai déjà dit ici, il y aura toujours des gens crédules et d’autres pour abuser de leur crédulité, on ne peut effectivement tout légiférer pour apporter une protection que la société ne serait pas en mesure de garantir) mais uniquement par rapport à leur attitude que je trouve orgueilleuse et déplacée. 

    Cette interview s’inscrit comme je l’ai dit dans une stratégie de "damage control" en montrant que ce type n’a absolument pas changé puisqu’il se permet de donner des leçons aux autres, tout en incitant les croyants à retourner à la pureté du message évangélique, démarche qui est intrinsèquement prosélyte et intégriste. Au mois y’a-t-il encore chez certains catholiques une volonté d’introspection et une valeur attaché au repentir (silencieux). Mais chez ces Evangéliques tout est prétexte à tirer des leçons et à en donner en faisant spectacle des émotions ("une sincérité déconcertante et la voix pleine d’émotion"). 

    Il est clair qu’en ce moment l’opinion publique ne pouvait pas entendre un discours ambigu ou complaisant au sujet de ces grands rassemblements évangéliques qui vont sans doute être davantage scrutés par les autorités à l’avenir. Le pasteur en bon communicant ne fait donc que prendre les devants pour donner l’impression de gérer une situation qu’il sera de toute façon amenée à subir, sans doute en partie pour conserver son aura sur "sa" communauté (qui est sectaire à défaut d’être une secte). Et il essaie au passage de redorer le blason de son Eglise en changeant de mode de communication après avoir passé les dernières semaines à se présenter comme des victimes (du virus, des autorités, de la population...). 

    Je suis désolé, je suis conscient de tenir des propos un peu acerbes mais je commence à en avoir par-dessus la tête de me faire servir des leçons de morale et d’humilité par des religieux et des intégristes dont les actes laissent précisément à penser le contraire, et qu’il faudrait patiemment écouter pour ne pas se faire traiter d’intolérant. L’attitude de ce pasteur est tout sauf "humble", elle témoigne au contraire d’une profonde arrogance, d’un manque de recul (le repentir au bout de trois semaines ? croyez-y si vous voulez) et à mon sens d’une volonté de manipulation.



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    Joe Chip Joe Chip 7 avril 2020 13:17

    @micnet

    La législation sur les sectes en France est beaucoup plus encadrée que dans d’autres pays notamment par rapport aux pays anglo-saxons. On peut toujours estimer que ce n’est pas suffisant mais si on veut aller plus loin, on va devoir évoquer à nouveau la notion de libertés individuelles ou de liberté de conscience 

    Non, ce n’est pas du tout le sujet et je n’aime pas trop cette approche comparative qui vise à déplacer subtilement le problème sur la législation française. A chaque fois qu’il y a une tension avec un groupe religieux, on fait référence à la législation anglo-saxonne pour faire croire qu’il y aurait une spécificité problématique, sinon une insularité française autour de cette question. C’était d’ailleurs une des lignes de défense de la scientologie devant la justice française, qui a pratiquement fait jurisprudence depuis. Les problèmes et les "dérives" surviendraient en raison du cadre normatif français qui serait trop sévère et intrinsèquement attentatoire aux libertés individuelles et religieuses.

    Donc je suis tenté de répondre à cette "américanisation des esprits" de manière abrupte, en rappelant qu’en France, c’est le droit français d’inspiration romaine et civiliste qui prévaut, point barre. Les Anglais et les Américains ne se demandent jamais comment les Français évalueraient leurs affaires de moeurs. Pas plus que les Japonais ne se sont demandés durant l’affaire Ghosn si leur système judiciaire était trop sévère.  

    Il y a une prolifération objective des mouvements religieux et sectaires en France depuis une vingtaine d’années, des églises évangéliques aux cultes animistes dans certaines communautés. Il faut arrêter avec ce subjectivisme bienpensant qui cherche à faire croire que la société française serait invivable ou liberticide pour les croyants et les religieux, c’est faux. C’est quand même incroyable qu’un pays réputé aussi dur pour les religieux attire paradoxalement autant de religieux et de sectaires de tout poil.  

    Désolé mais cet argument n’est pas valable car tout le monde était responsable, à commencer par notre "cher président" qui, encore début mars, incitaient les français à sortir et était allé lui-même au théâtre. Et cette déclaration de Macron a eu lien exactement à la même période que le rassemblement évangélique en question. Comment peut-on reprocher aux gens de se rassembler en masse dans ces conditions lorsque le chef de l’état lui-même incite tout le monde à sortir ? 

    J’aurais dit exactement la même chose à l’époque par rapport aux matchs de foot et autres rassemblements collectifs (indépendantistes catalans) qui ont été maintenus à la même période. La notion de risque épidémique était évidente. Macron ce n’est pas Dieu le père ni le papa des Français dont chaque déclaration est appliquée comme parole d’Evangile (sans jeu de mots) par la population, à moins de partir du principe que les Français sont des lemmings obéissant aveuglement à leurs autorités qu’ils contestent pourtant sans arrêt. Trop facile ça et encore une fois vous reprenez les éléments de langage des Evangéliques, sans parler de la contradiction qui consiste à affirmer d’un côté que l’exercice de la religion serait trop "encadré" en France et de l’autre à se déresponsabiliser sur le dos du chef de l’Etat en expliquant qu’il aurait fallu prendre un arrêté contre ce type de rassemblements. Il faut savoir. On ne peut pas être gagnant sur tous les tableaux. Si les autorités françaises avaient empêché ce rassemblement, vous savez très bien que ces mêmes Evangéliques auraient aussitôt dénoncé un coup de force de l’Etat et une atteinte à la liberté d’exercice de la religion.

    Comme disent les Anglais, enough is enough, il y en a marre de toujours devoir prendre des gants avec ces gens qui n’en font qu’à leur tête, vivent dans leur bulle, suivent leurs propres règles, abusent de la tolérance de la société et n’assument pas les conséquences de leurs actes. 

    Et d’ailleurs la sortie de Macron sur le théâtre c’était plus tard. Et il y a une différence entre une sortie festive et un rassemblement national peu encadré.

    Vous pensez sérieusement que les rassemblements catholiques (genre JMJ) ou musulmans (comme les prières de rue dans Paris ou ailleurs...) font l’objet d’une comptabilité ou d’une traçabilité minutieuse ? j’ai de sérieux doutes...

    Bien sûr que oui. Vous comparez ce qui n’est pas comparable. Les prières de rue musulmanes sont illégales et concernent au maximum quelques dizaines de personnes. Les JMJ sont un rassemblement PUBLIC et ont toutes les autorisations administrative nécessaires. J’habitais à Paris durant les JMJ de 1996 et je peux vous dire que c’était cadré de flics partout. Là on d’un rassemblement tenu dans un contexte épidémique durant plusieurs jours dans un lieu fermé voire confiné qui a permis une situation que certains médecins ont caractérisé de "bombe nucléaire" sur le plan sanitaire.

    Je suis désolé mais on peut être croyant sans être con et prendre des risques inutiles. Le minimum aurait été de limiter la promiscuité entre croyants.

    Clairement si ! Cf E Macron qui sort au théâtre début mars. Et je pourrais multiplier les exemples des politiques ou des "experts" médicaux qui ont totalement minimisé la crise.

     Encore cet argument bidon.Emmanuel Macron n’est pas le Pape et quelles que soient nos croyances nous ne sommes pas ses ouailles mais des citoyens, c’est à dire des sujets politiques actifs. Vous croyez sérieusement que ces gens ont attendu après Macron pour savoir s’ils allaient se rendre à leur rassemblement et suivi son exemple ? Bien sûr que non, c’est complètement absurde d’imaginer une chose pareille, et les liens que j’ai cité au début montrent d’ailleurs que les Evangéliques ont souhaité maintenir leurs rassemblements estivaux bien après le déclenchement des polémiques. Vous cherchez à relativiser quelque chose qui ne doit pas l’être. 



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    Joe Chip Joe Chip 7 avril 2020 10:51

    @micnet

    J’ai juste redonné le lien wikipedia que vous aviez cité, il faut descendre à la rubrique "controverses" qui fait l’historique des polémiques autour de cette Eglise qui a déjà défrayé la chronique :

    Sans avoir été listée dans le rapport parlementaire sur les sectes de 1995, la MPE-POC fut « régulièrement l’objet d’accusations de sectarisme dans les journaux locaux ». Les premières critiques utilisant le mot « secte » proviennent de l’Église catholique qui utilise ce mot dans son acception première. Mais les premières plaintes effectives se firent en 1993 auprès de l’association « Évolutions Religieuses et Nouvelles Religiosités » (E.R.N.R.) « centre d’étude, de documentations et d’informations sur les nouvelles formes de religiosité », principalement les mouvements religieux non-concordataires. C’est ensuite, à partir de 1996, au CCMM, association antisectes, que les plaintes sont déposées. Selon le président de l’ERNR, Philippe Levallois, ce sont les personnalités charismatiques de Jean et son fils Samuel Peterschmitt, responsables de la MPE-POC, qui seraient à l’origine des accusations dont l’assemblée fait l’objet.

    Une « Association des victimes de la Porte ouverte chrétienne » est ensuite fondée en décembre 1999 par Claude Onimus, le mari d’une fidèle de l’association, opposé à l’affiliation de son épouse à cette Église, pour dénoncer certains agissements de l’association. Les journaux locaux relaient à nouveau des affaires entourant la MPE-POC et même la presse nationale.

    En réponse aux accusations de cette association, une étude sociologique a été demandée par les responsables de la MPE-POC dans le but d’obtenir une évaluation de leur association. Elle se déroula de janvier 2002 à septembre 2003, conduite par Jean-Paul Willaime et Laurent Amiotte-Suchet du groupe de sociologie des religions et de la laïcité (GSRL). La conclusion de cette étude inscrit la MPE-POC comme une assemblée « bien caractéristique de ce que l’on appelle le pentecôtisme » : l’expérience émotionnelle de la présence divine et de son efficacité (à travers la glossolalie, la guérison, la prophétie), la référence privilégiée à la Bible et le caractère professant du groupement religieux – c’est-à-dire le type de la Believer’s Church qui n’admet comme membres que les convertis et attend de chacun qu’il soit un évangélisateur – nous paraissent les trois éléments fondamentaux de cette expression du christianisme que constitue le pentecôtisme. Chacun de ces trois composants, pris isolément, n’est pas caractéristique du pentecôtisme, ce qui lui est spécifique c’est leur combinaison.



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    Joe Chip Joe Chip 6 avril 2020 16:05

    @micnet

    Il y a tout un tas de sectes (toutes n’étant pas dangereuses) qui ne se pas reconnues comme telles pour différentes raisons. La dynamique au sein de nombre de ces Eglise alternatives est néanmoins clairement sectaire. Quand on explique que la prière chrétienne est censée constituer une protection individuelle contre la propagation des virus, c’est clairement une dérive sectaire.

    Par ailleurs, d’un point de vue purement juridique, l’église de la porte ouverte ne peut pas ’officiellement’ être considérée comme une secte car elle est rattachée à l’association du CNEF (= conseil national des églises évangéliques de France que vous avez citée) et qui est tout à fait reconnue par les autorités. 

    C’est un peu plus compliqué en fait. Cette Eglise de la "Porte Ouverte" a été qualifiée à de multiples reprises de "secte" et l’objet de plusieurs plaintes et rapports officiels : 

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Église_Porte_ouverte_chrétienne (rubrique controverses)


    On ne peut pas vraiment dire que les évangéliques seraient en "odeur de sainteté"(si je puis dire) auprès des médias mainstreams, notamment ceux de gauche. j’en veux pour preuve l’article de Laurent Joffrin dans Libération qui semble jubiler de constater qu’il a toujours eu raison de dénoncer les "vilains intégristes" de tout poil et que ce sont eux les principaux responsables de cette pandémie


    Si vous me lisez de temps à autres, vous savez que je n’accorde aucun crédit à ceux qui se contentent de dire quelque chose est bon ou vrai sous prétexte que les "medias mainstreams" ont dit que c’était mauvais ou faux, et inversement.

    Je ne vois pas pourquoi il faudrait rejeter à priori le point de vue de Joffrin, surtout quand vous reconnaissez qu’il n’a pas "tout à fait tort", car en fait il a raison sur le coup.

    Même si, sur le fond, Joffrin n’a pas tout à fait tort, il est un peu facile de tout mettre sur le dos de ces rassemblements, d’autant qu’ils ont eu lieu avant les mesures de confinement et avant que tout le monde prenne conscience de la gravité de cette pandémie.

    Ou ai-je écrit que tout était la faute des Evangéliques ? C’est en revanche ce qu’ils répètent depuis le début : on cherche à faire des nous des boucs émissaires, là encore dans une tentation de lecture "biblique" évidente des événements. Je suis désolé mais les riverains ont raison d’être en colère et de demander des explications vu les proportions prises par l’épidémie. Le groupe sectaire s’isole et se marginalise volontairement, puis se dit victime de rejet et d’exclusion par le reste de la société. C’est une ligne de défense classique.

    Il est avéré que le situation sanitaire désastreuse dans l’est est liée à ce rassemblement évangélique qui a été le principal foyer de contamination à l’échelle nationale. C’est un fait qu’il faut accepter comme tel. 

    Il y a eu plus de 1000 contaminés durant ce rassemblement, qui ont ensuite disséminé le virus partout en France. 

    L’argument qui consiste à s’abriter derrière le manque de réactivité et l’incurie des autorité françaises n’est pas recevable à mon avis, car :

    1) L’épidémie était déjà très active en Chine et en Italie et nombre de personnes et de scientifiques audibles avaient sonné l’alerte. Bien que les rassemblements n’aient pas été à ce stade formellement interdit, ils étaient découragés et il était impossible de nier la possibilité d’une vague épidémique similaire en France.

    2) L’Eglise aurait du au minimum adopter des mesures de prévention et de sécurisation tenant compte de la situation épidémiologique. Or, rien n’a été fait, ils ont même été incapables de fournir le nombre et l’identité des personnes présentes (ou n’ont pas voulu le faire) en prétendant qu’il s’agissait d’un "rassemblement libre de croyants" comme si on était à Woodstock. Encore une fois, je ne suis pas sûr que de tels rassemblements seraient autorisés s’il s’agissait de catholiques ou de musulmans convergeant de toute la France pendant plusieurs jours, sans aucune comptabilisation ou traçabilité des participants. La presse dénoncerait a minima des rassemblements d’intégristes.

    3) La communication de différentes instances évangéliques refusant toujours d’annuler début mars les rassemblement prévus montrent une sous-estimation totale du danger, que l’on ne peut pas mettre cette fois-ci sur le compte des autorités

    4) Pour des gens qui ne cessent de mettre en exergue la responsabilité individuelle et collective, et de défendre l’autonomie religieuse, cette manière de se défausser sur l’Etat est pour le moins comique. 

    Je m’étonne simplement d’une telle mansuétude alors que l’on fait des polémiques sans fin pour des crèches de Noël, des travaux de restauration ou des croix trop visibles dans le paysage qui se terminent occasionnellement au tribunal du fait d’une association "laïque".
    Sans aller jusqu’à reprendre les mots de Gollum, je pense aussi qu’il y a du réseautage derrière tout ça et sans doute des leviers politiques que les évangéliques peuvent utiliser à l’échelon local ou national. C’est un secret de polichinelle que certaines églises évangéliques servent de ramification à certaines agences de renseignement américain et le cas échéant de relais sur le terrain, en particulier dans certains territoires (banlieues, DOM-TOM, ex-colonies françaises...).

    Cette mouvance a indéniablement gagné du poids politique au fil des années et il faudrait être naïf à mon avis pour en attribuer les dérives actuelles à l’emprise personnelle de pasteurs "gouroutisés". On ne parle plus d’une poignée de chrétiens "charismatiques" chantant des chansons et jouant de la guitare mais d’une mouvance organisée et relativement puissante.

    Selon moi la situation sanitaire est trop grave pour ne pas conduire à une enquête approfondie dès que le confinement sera levé. Comment une Eglise peut-elle appeler au rassemblement de milliers de fidèles pendant plusieurs jours sans même tenir le moindre registre ou mener la moindre vérification ? Si la loi permet cela, la loi doit évoluer. C’est impensable compte tenu de la situation sécuritaire en France et dans un contexte de risque épidémique élevé.