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Commentaire de Joe Chip

sur Hôpital public : l'optimisation à mort...


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Joe Chip Joe Chip 26 avril 2020 16:07

@yoananda2

On dit beaucoup à l’étranger que les Français sont des gens vivant dans un paradis mais qui croient vivre en enfer. C’est évidemment une formule, mais qui exprime quand même une réalité. Les Français ont développé une véritable morbidité collective engendrée par la perte de statut symbolique du pays depuis une trentaine d’année. Je dis perte de statut symbolique car cela fait près d’un siècle que le pays n’est plus une grande puissance. Cela se traduit par un narcissisme négatif (le narcissisme n’est pas forcément positif et peut s’exprimer sur le mode de la souffrance d’être soi-même) et une incapacité à se comparer objectivement aux autres, un peu comme un dépressif qui ne cesserait de s’accabler ou de se trouver tous les défauts de la terre. Or, le rôle d’un thérapeute est de sortir le dépressif de ce marasme, pas de l’entretenir dans une haine de soi génératrice d’impuissance. 

Le basketteur franco-américain Tony Parker quand on lui a demandé s’il préférait vivre aux USA ou en France, a répondu de manière assez juste que l’Amérique était un pays où l’on vivait mal mais où l’on se sentait bien, et que la France était un pays où l’on vivait bien mais où l’on se sentait mal. On ne saurait mieux dire les choses. 

Mais ce qui m’agace le plus dans cette haine de soi, c’est qu’elle est fausse. Les Français, en s’accablant de tous les maux de la terre, en se voyant pauvres, défaits, nuls, constamment abusés par des élites méphistophéliques, se dispensent ainsi de toute véritable critique et de la nécessité d’agir quand et là où c’est possible, à titre individuel et collectif. Chacun s’aménage ainsi son petit confort en faisant semblant d’être lucide sur l’état de décadence du pays. 

Au fond, les Français sont toujours aussi orgueilleux et imbus d’eux-mêmes, comme des Américains. Les autres pays ressentent la fausseté de notre accablement collectif, c’est pourquoi notre "pessimisme" rivalisant avec celui de pays pauvres en guerre les interpelle ou les amuse. 

Toute cette noirceur franchouillarde, c’est de la comédie. En tout cas c’est tout sauf de la lucidité.


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