Paul Jorion : « Un Ordre monétaire international avec une seule monnaie du type ECU »
Dès le début de l’émission, il semblerait que Paul Jorion et Elie Cohen s’accordent sur un point crucial : l’implosion de la zone euro ne serait pas une bonne nouvelle...
Paul Jorion met tout de suite l’accent sur l’idée de sortir par le haut, au lieu de s’enfoncer vers le chaos. Il parle tout d’abord d’une unification fiscale : « refaire une fiscalité véritable ; il faut mettre en face des dépense les recettes et pas mettre le PIB comme on a l’habitude de le faire depuis des années... ».
Ensuite, il évoque une piste qui passerait par une hausse des salaires. Au lieu de cela, la poursuite des privatisations et de la dérégulation est plus que jamais la priorité des décideurs : « c’est suicidaire... c’est pour ça sans doute que la zone euro va disparaître... »
Pour Elie Cohen, l’austérité initiée par la politique de Merkozy pour les 3 ans qui viennent est insupportable. Vont se combiner une absence de croissance, à une absence de justice fiscale.
Elie Cohen : « Programmer de l’austérité pour faire converger les pays ça ne marchera pas. Comment on peut changer de voie ? Pour changer de voie il va falloir aller vers beaucoup plus d’intégration budgétaire et fiscale, vers des mécanismes de solidarité au niveau européen, que ce soit au niveau de la Banque centrale, qui soit le fameux prêteur en dernier ressort dont on parle souvent, ou que ce soit même au niveau budgétaire et fiscal à travers une agence de la dette, une mutualisation de la dette... »
Il considère ensuite l’hypothèse de l’éclatement de la zone euro : « Ça ne peut pas se faire sans dégâts. »
Les dégâts principaux seraient selon lui : une formidable architecture de contrats qui serait entièrement à reconstruire ; au niveau des Etats la conversion dans la monnaie locale ne pourrait se faire sans spolier des prêteurs (qui seront donc incités à augmenter leurs taux pour compenser) ; pour la France, dans un premier temps un renchérissement massif des importations (pétrole, gaz, ...).
Paul Jorion, pour continuer dans son optique de Sortir par le haut, évoque la solution de la mise en place d’une monnaie unique de compte, de type ECU (*). Une monnaie de compte internationale. « L’Etape suivante ce serait un Ordre monétaire international avec une monnaie, une monnaie du type ECU... ».
L’Oligarchie impérialiste est-elle en phase avec cette idée ? Ou préfère-t-elle le chaos généralisé provoqué par la coexistence d’une pléthore de monnaies de singe concurrentes ? Se poser la question c’est y répondre. L’année 2012 risque d’être cahotique, voire catastrophique...
(*) L’European Currency Unit, en français Unité de compte européenne (acronyme usuel : ECU, lu comme le mot français écu, code ISO 4217 : XEU) a été l’unité de compte de la Communauté européenne avant l’adoption du nom de l’euro, lors du Conseil européen de Madrid en décembre 1995.
Cette devise internationale a été créée en 1979 en même temps que le Système monétaire européen (SME) dans le but de donner aux pays membres de la CEE une zone de stabilité monétaire en limitant les fluctuations des taux de change entre les pays membres. Ce n’était pas une vraie monnaie mais un panier de valeurs, et la valeur de l’écu était par définition plus stable que celle des monnaies qui le composent, la faiblesse éventuelle d’une monnaie du panier étant compensée par la force des autres monnaies. L’ECU a été utilisé comme unité de compte pour les institutions européennes et les banques centrales des pays membres, ainsi que comme monnaie de placement et d’endettement sur les marchés financiers.
Tags : Europe Economie Finances International Mondialisation Euro Monnaie Dette Crise financière
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