Laissés pour compte.
Il arrive que l’on parle d’une
personne morte à la rue.
En réalité, ce sont des dizaines
de personnes, des centaines tous les ans et cela n’intéresse pas les médias, ni
les politiques, ni les syndicats, ni personne puisque le problème est toujours
là et qu’il s’accroît.
1987 : J’ai travaillé 6 ans
auprès de ces personnes. Oui, oui ! La crise cardiaque, je connais :
la chemise découpée, la piqûre d’adrénaline, les « fers à repasser »
qui vous font bondir la cage thoracique. Et l’abandon : pas moyen de
redonner vie à cette personne.
J’aurais volontiers quitté cet
emploi en disant : mission accomplie, si l’exclusion avait été résolue en
France.
23 ans et pas de changement. La
société riche fabrique toujours de l’exclusion et les facultés d’indignation et
de partage ne sont toujours pas au rendez-vous.
On a greffé des emplois sur cette
exclusion comme si on voulait l’entretenir éternellement et la banaliser. Je
n’ai fait que de l’assistance aux mourants.
Et d’autres comme dans le
« collectif des morts de la rue » (voir sur leur site), qui donne une
sépulture décente à ceux qui meurent à la rue.
Il semblerait que,
paradoxalement, la démocratie ne rime pas avec solidarité et c’est bien là le
signe d’une décadence ;
J’ai vu les dernières secondes de
47 personnes de la rue. Voulez-vous que je parle « d’identité
nationale » ?