L’Iran n’est pas une dictature bête
Bernard Hourcade spécialiste de l’Iran, actuel Directeur de recherche émérite au CNRS s’entretient sur France inter avec Patrick Cohen sur la dernière élection Iranienne.
A ma grande surprise, ses propos étaient très nuancé ce qui détonnait de ce que l’on pouvait entendre habituellement sur l’Iran dans les médias mainstream.
Bernard Hourcade n’est pas un fanatique de Mahmoud Ahmadinejad, c’est le moins qu’on puisse dire pourtant il ne diabolise pas le régime Iranien qui est selon lui dans une dynamique de changement et a une grande capacité d’adaptation. Une analyse de la situation Iranienne que j’ai jugée bon de partager.
Les points importants de l’entretient :
Patrick Cohen : « un mot sur la sincérité de l’élection, est ce qu’ il faut exclure une manœuvre du régime qui a pu sentir qu’il devait lâcher du lest auprès de ceux qui ont contesté l’élection de Ahmadinejad en 2009 ? »
Bernard Hourcade : « Qu’il faille lâcher du lest c’est évident, que ce soit une manipulation, une volonté de re-manipuler à nouveau ces élections pour qu’elles aillent dans le bon sens, je ne pense pas que ce soit le cas. On fait face aujourd’hui en Iran à un vrai mouvement politique de maturité politique de la population, des élies occidentalisées d’ un coté jusqu’ aux petites gens qui étaient pro Ahmadinejad, qui finalement tous se sont retrouvé sur Rohani .Le gouvernement et le guide voyant cette dynamique l’emporter a préféré voler au secours de la victoire ».
Patrick Cohen : « Et cette fois le guide a laissé faire contrairement à 2009 ? »
Bernard Hourcade : Oui absolument. Toutes les données que l’on a pu recueillir montre que l’élection s’est bien passée (…).On a une élection normale qui donnera, c’ est l’ essentiel , à Hassan Rohani l’ image, la réalité le statut d’ un président bien élu , légitime qui est un interlocuteur valable pour les grandes puissances.
Au cours de l’entretient Bernard Hourcade rajoutera :
« J’étais un peu atterré en voyant la presse ces quinze derniers jours parler de phénomènes que nous autres universitaires avons montré depuis une vingtaine d’ année , l’Iran de base n’ est pas connu , il y’ a des mythes sur l’Iran c’est un très gros problème. On parle du retour du Shah demain matin et de Farah Diba …enfin n’ importe quoi alors que l’ Iran a changé après 35 ans. L’Iran a une société qui bouge, qui est ouverte , qui n’ est pas sur internet du matin au soir , 85 % des Iraniens écoutent la radio nationale Iranienne et c’ est ça qui compte même si le reste est important …ce mouvement il est là ,il a commencé avec la révolution Islamique en 1978 -79 , il a continué avec Khatami , il a continué ensuite la contestation avec Ahmadinejad , ils est toujours là ce mouvement. Ko debout ces dernier temps parce que la pilule Ahmadinejad était dure à avaler, mais cette dynamique est là (…).
Le mouvement dynamique de la réforme en Iran a constaté que le rapport de force ne rend pas possible la chute du régime. Ici en France, aux états unis on veut faire tomber le régime Iranien …c’est naïf ou c’est criminel, on sait très bien que ça n’arrivera pas. En attendant les Iraniens doivent continuer à avoir un gouvernement qui ma foi est très habile et nuancé, ce n’est pas une dictature bête (…) !
La république Islamique d’Iran fonctionne sur un consensus. Il a été rompu quand Khatami et était au pouvoir, avec Ahmadinejad ca a marché pendant 4 ans après il n y’ a plus eu de consensus et 2009 a été le drame. L’important pour le guide et le système est d’avoir un consensus qui fasse que le système puisse être durable et continuer.
Le système a regardé la Syrie ou on voit les démocrates et les républicains se faire massacrer des deux cotés entre les salafistes et les partisans de Bachar et en Iran personne ne voulait une telle hypothèse ».
Un de ses interlocuteurs fera la remarque : « sur la question de l’impasse diplomatique, la principale ambition de ce régime est d’être reconnu comme un acteur régional fondamental par les Etats unis ! C’est à dire que le régime Islamique voudrait redonner à l’Iran le statut international qu’il avait du temps du Shah quand l’Iran était un allié des états unis ».
Bernard Hourcade va répondre : « à une différence près, c’est qu’à l’époque c’était les états unis qui donnaient le pouvoir à l’Iran et que désormais les Iraniens donne le pouvoir à leur propre pays de jouer un rôle et ça change beaucoup de chose ».
Tags : Iran
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