Maryse Souchard : Du danger de la libre parole de tous dans l’espace public
Conférence de Maryse Souchard, faite le 9 avril 2010 au Département de communication de l’Université de Montréal dans le cadre du 30e anniversaire du Département. Son titre : "Le populisme est-il de droite ?"
Après 30 minutes de conférence, s’ensuit un long échange avec la salle. Le premier intervenant se montre d’ailleurs choqué par les propos de Maryse Souchard, lorsqu’elle dit à ses étudiants que ce qu’ils pensent ne l’intéresse pas... et qu’ils doivent d’abord apprendre à penser avant de prétendre s’exprimer. Il est question pendant 1h30 du populisme, de gauche comme de droite (Georges Frêche est pris en exemple), de la tendance actuelle qu’auraient les citoyens à rejeter la primauté des experts, de la perte de légitimité des discours informés, de la démocratie participative...
Maryse Souchard est une farouche opposante au Front national et à tous les populismes, et souhaite réhabiliter la place des experts face aux simples citoyens. Selon elle, il faut savoir, dans l’espace public, s’opposer au bon sens populaire, quitte à fâcher, voire même réserver la parole aux gens qui possèdent un savoir ou une expérience (savants ou techniciens), sous peine de mettre en danger la démocratie à travers un relativisme dévastateur.
D’après sa définition, le populiste est celui adopte une attitude paternaliste vis-à-vis du peuple et prétend exprimer à sa place ce qu’il ne serait pas capable de dire lui-même ; il est aussi celui qui sur-valorise le bon sens populaire (simpliste) contre la pensée théorique (complexe). Le populiste dit au peuple que le monde est simple, que les solutions aux problèmes sont simples, et que les élites leur mentent en leur faisant croire que tout est compliqué. Il dit aussi au peuple qu’il a toujours raison, il ne lui dit jamais qu’il a tort.
Il faut noter que les propos de Maryse Souchard (intellectuelle de gauche combattant le Front national), sur les dangers de la libre parole de tous les citoyens (ignorants) dans l’espace public, rejoignent la teneur de ceux de David Mascré (intellectuel de droite qui a rejoint le Front national), tels qu’il les exprimait en août 2010 dans l’interview qui suit (écouter à partir de 3 min) ; il regrettait l’époque, jusque dans les années 1950-60, où "le magistère de la parole était réservé à des personnes qui avaient fait la preuve de leur qualité pour pouvoir s’exprimer, non seulement par leur respect de la langue, mais surtout par la qualité, la pertinence et l’intelligence de leurs propos" :
Il est ironique d’entendre exactement les mêmes propos chez un frontiste et une anti-frontiste militante... On se demande au passage comment ils considèrent tous deux Internet : un égout où la bêtise des "gueux" peut se déverser, au même niveau que la parole des experts ? ou un lieu d’éducation possible et d’élévation progressive du niveau du discours commun ?
Tags : Démocratie Communication FN Liberté d’expression
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