Abbé Pierre, la relève médiatique est là

L’abbé Pierre est mort , à l’âge de 94 ans. Toute sa vie il aura combattu pour l’accès au logement. Entré en religion dans les années 1930, en 1949, il fonde l’association Emmaüs, qui se fera véritablement connaître cinq ans plus tard, lors d’un hiver particulièrement froid. Il prononce alors son fameux appel sur les ondes de Radio-Luxembourg.

Appellant les Français à faire dons de tentes (eh oui, déjà) et de poêles, il réussit à toucher l’opinion et recueille rapidement 500 millions de francs, c’est "l’insurrection de la bonté".

Après cet appel, l’abbé Pierre va devenir pour le restant de ses jours une icône médiatique. Permettant à son association de recueillir des sommes d’argent considérables, afin d’aider concrètement les sans-logis. Emmaüs inspirera plus tard la création des Restos du coeur, qui elle aussi agit sur le terrain pour aider les plus pauvres.

Aujourd’hui, après un automne plus que doux et pendant un hiver qui bat des records de chaleur, de nouveaux acteurs émergent dans la lutte pour l’accès au logement. Qu’ils s’appellent Les Enfants de Don Quichotte ou Les Jeudis noirs du logement, ils ont deux particularités : l’action collective et l’utilisation massive des médias.

Animés par une génération nourrie à la télévision, leurs actions ont plus pour but d’attirer les médias que d’aider directement les personnes qui en ont besoin, finie la construction d’hébergements, plus de distributions de repas chauds et de couvertures. En 2007 pour aider les mal-logés, on plante des tentes le long du canal Saint-Martin ou on fait la fête dans des appartements à louer, mais toujours sous l’oeil des caméras, parfois plus nombreuses que les millitants eux-mêmes.

Cette vidéo, qui emprunte à une célèbre série américaine la technique du "split screen", symbolise bien la méthode, les actions des Enfants de Don Quichotte : attirer les médias, qui seuls sont capables de mobiliser l’opinion, et donc les politiques. Mission accomplie ? Le droit au logement opposable devrait bientôt entrer dans la loi. Avancée juridique ou écran de fumée en période de campagne éléctorale ?

Faire la fête dans des appartements à louer, il fallait y penser ! L’association Jeudis noirs du logement semble néanmoins s’inscrire dans une logique à plus long terme, puisqu’elle occupe actuellement un immeuble inoccupé depuis trois ans, voulant en faire un "ministère de la crise du logement"... Affaire à suivre.