Nicolas Sarkozy avait utilisé la technique sournoise du « diviser pour mieux régner »
avant même d’être président. Lorsqu’il était Ministre de l’Intérieur,
il eut à faire face à des émeutes sans précédant dans nos banlieues, en
octobre et novembre 2005. Et, plutôt que d’apaiser les tensions, il
choisit délibérément de monter l’opinion publique contre les jeunes
émeutiers.
Il déclara notamment devant l’assemblée nationale que « 75 à 80% » des émeutiers étaient des délinquants bien connus
et que ces émeutes traduisaient ainsi « la volonté de ceux qui ont fait
de la délinquance leur activité principale de résister à l’ambition de
la République de réinstaurer son ordre, celui de ses lois, dans le
territoire » (AFP, 15 novembre 2005).
A ce moment, Nicolas Sarkozy ne dit pas la vérité aux français,
qu’il doit certainement connaître grâce à ses services des
Renseignements Généraux ; en réalité, seuls 34% des émeutiers étaient
déjà connus des services de police, pour des infractions de faible
gravité. Mais pour s’assurer un soutient de l’opinion publique, il
présente les émeutiers comme des « délinquants récidivistes ». Il effraie ainsi la majorité des français, rendant inaudibles les tensions sociales à l’origine de ces émeutes.
Je
souhaite rappeler que, à la suite des tragiques événements de
Clichy-sous-bois, la presse française elle-même aura mis 4 semaines
avant de parler d’ « émeutiers » plutôt que de « délinquants ». La
différence est pourtant de taille ! Dans la presse étrangère, dès le
départ on parlait de « riots », c’est-à-dire d’émeutiers.
Résultat : On a traité les symptômes (les voitures qui brûlent) plutôt que la cause du mal (la ghettoïsation des banlieues). Sarkozy, en jouant le super-flic, en jouant la France contre les brûleurs de voiture, a au passage gagné quelques points de popularité.
Source : n°1 de la revue CLARIS (octobre 2006) :
"CLARIFIER LE DEBAT PUBLIC SUR LA SECURITE"
www.groupeclaris.org