Non, j’ai vécu à Cuba. J’y ai été témoin d’une assez bonne relation entre noirs et hispaniques (m’étant fait inviter dans la communauté noire) mais les postes qualifiés et notamment dans le parti sont tous aux hispaniques blancs ou du moins de métissage si clair qu’ils sont plus hispaniques et plus blancs de mentalité que les blancs proprement dits (comme moi). Il y a clairement une suprématie des hispaniques blancs au-dessus de plusieurs communautés plus foncées. Le métissage intégral n’existe pas, au mieux il produit un type nouveau qui sitôt formé cherche à se purifier à sa manière, comme par exemple une certaine communauté de mulâtres cubains réputée sensuelle et artistiquement douée à un degré inconnu des autres, au risque d’une réputation d’immoralité et de vénalité qui lui colle à la peau (les Noirs proprement dits sont plus mystiques, plus raisonnables sensuellement, plus spartiates de moeurs). Ce qui a réussi à Cuba, faute de l’égalitarisme économique qui n’existe absolument pas dans cette société bloquée où l’argent occulte est par ailleurs plus absolument roi que dans les Antilles voisines, c’est le non-racisme, c’est le non-mépris des Noirs en tant que personnes par les Blancs et vice-versa malgré l’éventualité de différences innées de talents dans divers domaines ne décidant en rien par ailleurs de la valeur ou de la non-valeur d’une personne, et n’étant jamais que statistiques. Heureusement que cette fraternité nationale qui permet à tout le monde de se parler existe, car le Parti est dans les faits plus blanc de recrutement que le Parti républicain américain. Les couples racialement mixtes ne sont pas du tout mal vus, mais pas si fréquents non plus, il faut pour motiver leur formation bien des affinités électives, musicales par exemple.