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Une fête très underground

Une fête dans le métro Place des fêtes initiée par ARISTOPUNK et les PARTY TERRORISTS. Un happenning qu’il faut avoir vécu au moins une fois, paraît-il. Cyril Skinazy a tourné ce Cyriloscope à voir dans ZeroTV.info

Il y a une éternité déja Aldous Huxley dans LE MEILLEUR DES MONDES décrivait une société parfaitement hiérarchisée et cloisonnée dans laquelle la liberté individuelle n’était plus qu’un pieux souvenir, liberté supplantée par le mythe d’un bonheur prodigué à des citoyens suffisamment bien programmés pour ne pas avoir envie de se révolter.

Ces individus sujets à la béatitude insurmontable d’un bonheur d’etat mis au pas par l’entremise d’une drogue ,"le soma" trouvent leur exact contrepoint en la personne d’un "sauvage" conscient de l’imposture institutionnelle.Il s’ensuit une traque redoutable de cet élément rebelle dont la pensée et les sentiments constituent un danger pour une société coercitive basée sur l’anesthésie émotionnelle,le mensonge et la pérennité des classes dominantes.

Il va sans dire que Huxley ,davantage encore qu’Orwell à écrit avec Brave New World , le roman visionnaire par excellence.Certains présupposés de 1984 sont en passe d’être déjoués tandis que les visions d’Huxley sont d’une brûlante actualité.Un philosophe de la modernité, par ailleurs subtil analyste de la société de consommation ,Bernard Stiegler*, montre au fil de ses ouvrages l’effarante frustration et dépersonnalisation de tous ceux que la loi des medias, du commerce et de la publicité somme de consommer en les poussant par une captation de la libido à atteindre des modèles innateignables fabriqués de toutes pièces.

En mettant sans cesse la barre plus haut les hérauts du bien être absolu lancent une course que l’immense majorité des participants effectuent avec un handicap rhédibitoire.Cette course inhumaine à la réussite ,cette ascension vers la pureté et la beauté trouve son point critique et son point de non-retour dans les records de suicides, de dépressions, d’auto dépréciations, de surendettements, de viols, et comme on le voit déja au Japon, de morts subites sur le lieu de travail.Mais le déficit le plus inquiétant et insidieux réside sans doute dans l’immense gâchis d’idées, de foi, d’énergie, de talents qu’un tel système induit.Car lorsque une culture inepte dont le nivellement par le bas figure le seul credo occupe tout l’espace de communication , une culture fabriquée par des maîtres en neuro-marketing et des financiers , la place possible pour l’invention, l’avant-garde et les projets audacieux se trouve réduite à néant.

Dès lors pour celui ou celle qui refuse de subir le fatal rouleau compresseur de l’industrie culturelle et le matraquage des medias traditionnels il ne reste que la fuite.Mais pour fuir encore faut-il en avoir les moyens et nombreux sont les "déportés sur place" pour reprende une expression de Viviane Forrester.

Ne reste dès lors que l’infiltration ou la guérilla, la lutte frontale avec les modèles imposée étant par trop inégale.

Avec internet ,l’infiltration et la guérilla trouvent un allié de choix.Il est déja superflu de dire à quel point les grandes compagnies et les grands médias ont l’oeil rivé sur le web.Ainsi tout producteur de contenu habile à jouer la guérilla culturelle (le happenning,la vidéo sur internet) aura des chances d’intéresser au plus haut point les acteurs dominants. Car sur le plan du fond ceux-ci se trouvent en permanence confrontés au vieillissement de leur style, au risque permanent d’êtres dépassés ce qui est forcément en train de se produire.

En fait ,le vrai propos est la fraîcheur.Une entreprise commerciale sera toujours confrontée à cette question qui est la chose la plus pure de l’homme, cette capacité à apporter un vent nouveau incomparable dont les bureaux de style et les conseillers en stratégie ne peuvent saisir que des bribes, souvent des années plus tard.Le dadaïsme, le surréalisme, le Pop Art, le Blues, la Movida espagnole , tous les mouvements, toutes les mouvances nés de cercles et d’esprits obliques et rebelles surgissent du désir de liberté et de celui plus puissant encore de s’insurger contre la morale officielle, les lois du marché, le système de la peur et le culte de la sécurité.

On tente de nous faire croire que nous vivons dans un monde qui n’a jamais été aussi sûr ni aussi prospère, que si nous ressentons quelque léger malaise dont ne comprenons pas la cause il nous suffit de prendre du Prozac ce soma de notre Meilleur des mondes que nous sommes sommés d’aimer ou de quitter.Ce que l’on ne sait pas c’est que ce monde parfait desespérement lisse trouve déja ses guérilléros qui sans bruit fourbissent en silence leurs armes pour le renverser.

Il se passe des choses, comme des feux qui prennent ça et là , des évènements qui ne sont pas le fait mais sa préfiguration, comme le parfum d’un souffle que nous avions oublié mais qui nous rends légers et vivants.Nous étions des centaines l’autre jour dans le métro parisien, des centaines de PARTY TERRORISTS *à exploser de joie, à jubiler d’avoir enfreint un interdit, celui d’avoir pris d’assaut la ligne 7 Bis au nez et à la barbe des vigiles, à l’insu de la police arrivée après la bataille.Cette transgression , cette idée de faire sortir la fête de ses schémas traditionnels contient une portée symbolique.Elle augure le règne de l’innatendu programmé, le culte du secret qui explose dans la liesse et l’effervescence.La flashmob , mobilisation éclair qui est un renouveau du happenning des années soixante contient une charge politique puissante.Elle signifie : nous continuerons la lutte par d’autres moyens.Extension de son domaine assurément.

Alors que la fête battait son plein je demandais *à une jeune chilienne si dans son pays il y avait des surprise-party comme celle ci dans le métro.Elle me dit sans hésiter : "Ca va pas non ? On est encore en dictature nous au Chili !" .

CYRIL SKINAZY aka PlusKeZorro

*Bernard Stiegler.La télécratie contre la démocratie

*La fête dans le métro.Avec Party Terrorists et Aristopunk

*www.zerotv.info

Tags : Information et Médias Michel Houellebecq Consommation Démocratie Droits de l’homme Activisme Culture Communication Fêtes Cinquième Pouvoir




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6 réactions à cet article    


  • 4 votes
    dagom (---.---.21.55) 13 mars 2007 09:23

    bon la video...ca fait soiree bobo rebel qui va pas sen remettre d’avoir fait un truc de ouffe (avec l’accent parisien ). J’mattendais a de la grosse free, dommage.

    le post, avant visionnage, est bon.


    • 2 votes
      aurelien (---.---.53.17) 13 mars 2007 13:00

      anthropologiquement intéressant


      • 0 vote
        JG (---.---.7.17) 25 mars 2007 10:29

        C’est une fête ça ? Elle me parait bien triste. Si on enlève les trompètes et le lieu, il ne reste pas grand chose.


        • 3 votes
          pluskezorro (---.---.74.118) 25 mars 2007 13:36

          C’est sûr ! Si on enlève les trompettes, le lieu et les gens il ne reste pas grand chose...Ah ! si,la police et les vigiles ! C’est quoi une fête pour vous ? Se rouler par terre, faire péter les mathusalems, partouzer ? Votre réponse m’intéresse beaucoup.


        • vote
          kJaz 3 mai 2007 01:24

          • 1 vote
            donki (---.---.31.79) 3 mai 2007 11:17

            Formidable cette réponse de l’ETRE humain qui cherchera toujours et partout a avoir une emprise sur sa destinée et contre toute manoeuvre normalisante,pouvu que ca dure toujours !



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