- Philosophiquement (je ne parle
pas des faits), le complotisme me plaît mieux, car il échappe au chaos en
dévoilant une structure, indépendamment du fait qu’elle soit morale ou non,
juste ou non. Il échappe surtout au coups de dés, car même au travers
d’éléments défavorables, chaotiques, contraires, il se reconstitue, comme la salamandre
qui perd un membre : il repousse.
Voilà, c’est justement le problème que j’ai avec le conspirationisme,
c’est qu’il permet de tout expliquer sous l’angle de la paranoïa !
Tout est explicable car tout est simple, le
conspirationniste peut s’exonérer de la charge d’étudier le réel dans sa
complexité, et accessoirement, de s’interroger sur le rôle que lui-même (ou la
catégorie à laquelle il se rattache) a pu jouer dans un enchaînement de faits
néfastes.
Cela débouche sur du manichéisme, l’histoire devient le
résultat de l’intervention de « forces obscures », qui tentent
d’imposer un pouvoir invisible par des moyens vils.
C’est aussi un moyen de se rassurer : elle fournit une
cause, elle permet d’organiser la réflexion en fonction d’un point fixe, elle rend
pensable un réel trop complexe pour être intelligible.
En dépit de leur absurdité manifeste, les théories du
complot possèdent une cohérence interne
telle que ceux qui y croient ne peuvent plus penser hors d’elles au point que
quiconque démontrera l’absurdité se verra accusé de faire partie du complot. Le
conspirationnisme, en ce sens, finit par ressembler à une pseudo-religion,
dotée d’un Diable (le comploteur), de damnés (ceux qui ne croient pas au
complot) et d’élus (ceux qui ont découvert le complot).
Vous comprenez bien que tout ce que je dis là ne fait pas
de moi un anti-conspirationiste, il n’ ya pas UN complots mais DES complots, qui
parfois échouent, qui d’autres fois sont mené à terme, mais qui n’expliquent
jamais la totalité de l’histoire …