Suite (Je reprends du début de votre
intervention du 20 janvier 03 :05
« …je ne sais pas au fond ce que
ça veut dire de croire ou de ne pas croire en l’homme dans l’absolu… »
Pour moi, dans l’absolu, « croire en l’homme » ou, pour être
plus explicite, « croire en l’Homme », c’est le
considérer, avec les inévitables exceptions, comme une créature rationnelle, raisonnable (aux deux
sens au terme, c’est-à-dire, d’une part, dans sa façon de se comporter, d’autre
part, dans sa capacité à se rendre aux arguments de la raison) et raisonnante.
« …je n’ai pas le pseudo de
Machiavel pour rien, je suis
imprégné de ses analyses, je sais à quel point est potentiellement dangereux un
humain dès qu’il possède le pouvoir (ou que le pouvoir le possède, une autre
manière de dire la chose). »
Mais
vous vous trompez de cible, je le crains : à qui s’adresse Machiavel ?
Qui conseille-t-il ? Le Prince, le véritable homme de pouvoir, en son
temps. Mais aujourd’hui qui est le Prince ? C’est à la fois le président,
les ministres et les hauts fonctionnaires de leurs ministères respectifs. Ce
sont ceux-là, les hommes de pouvoir !
Je
note aussi, à voir avec quelle facilité, on peut propulser un ministre d’un
ministère dans un autre, que si le ministre est hiérarchiquement supérieur aux hauts
fonctionnaires, ce sont tout de même les hauts fonctionnaires qui font tourner
la boutique parce qu’ils en connaissent tous les rouages.
« …l’argument
de l’infériorité intellectuelle et psychologique face à des fonctionnaires
s’applique aussi aux élus … »
C’est
la raison pour laquelle on a institué les commissions parlementaires, et ce
sont elles qui orientent les votes des députés par leurs rapports. Ces
rapports, les tirés au sort en auront autant besoin que les élus. Et nous avons
là une strate supplémentaire de pouvoir, une interface entre le ministère qui a
élaboré le projet et le parlement qui, sur la base des rapports de commissions,
décidera de l’action de l’exécutif, c’est-à-dire du gouvernement.
Dans
ce contexte, le rôle du député lambda se réduit à très peu de chose, et sa
responsabilité personnelle, en est diminuée d’autant. Et je ne vois pas dans
quelle mesure on pourrait, plus tard, le punir pour une décision qui, avec le recul
du temps, s’est avérée néfaste.
« …c’est parce
que je crains les hommes de pouvoir que je crois nécessaire la mise en place
d’institutions de contre pouvoirs et c’est (…) C’est en simplifié mais en gros voilà pourquoi je suis en faveur
du tirage au sort. »
Mais,
encore une fois, il conviendrait de définir très précisément de quels « hommes
de pouvoir », il est question.