@yoananda
Si on se limite uniquement aux
causes intérieures, il y’a les conséquences internes de la mondialisation
néolibérale.
Assad père a mené à son arrivé au pouvoir une politique
économique dites « socialiste » mais plutôt « Etatiste »
(réforme agraire, nationalisation des secteurs industriels, financiers,
logistiques, réduction des inégalités etc) qui faisait que des pans
entier de l’économie Syrienne étaient entre les mains du régime.
Il y’a ensuite eu plusieurs vagues de libéralisation
commencé après le contre choc pétrolier
des années 80, le gouvernement Syrien va
y répondre en libéralisant, ce qui va dynamiser des secteurs économiques et
faire émerger de nouvelles bourgeoisies
d’affaire mais elles sont le plus souvent constituées par des hommes
politiques et la bureaucratie freine les investissements.
Arrivé au pouvoir, Bachar va poursuivre la
dynamique et en 2005 décrète la fin de l’Etatisme au profit d’une « économie
sociale de marché ». Et Bachar d’impulser dans la foulée une nouvelle
libéralisation ? : modernisation du système financier,
autorisation des banques privées, ouverture aux investissements étrangers etc. La situation économique de la Syrie s’améliore, de
nouvelles entreprises privées émergent, le PIB
double en 5 ans et le taux de croissance est en augmentation.
Mais comme toujours dans les processus de libéralisation,
il y’a des gagnants mais aussi des perdants : les inégalités se creusent, avec
la fin des subventions agricoles l’exode rural devient massif et a accentué la
précarité dans les centres urbains , remise en question progressive de la gratuité des systèmes de
santé et d’éducation, ce qui va sévèrement pénalisé les couches les plus
défavorisées de la population. Les anciens bénéficiaires de l’économie
planifiée vont donc se retrouver hors circuit, dégoûtés par la bourgeoisie d’affaires et la
corruption politique et se recroqueviller dans l’identité religieuse.
L’économie Syrienne va ensuite souffrir des retombées de la crise
de 2008 d’une explosion de chômage (dans un pays à forte croissance démographique).
Le régime va réagir en se tournant vers les pays du Golfe pour
attirer leurs investissements mais ce faisant, il ouvre encore davantage
la porte aux missionnaires salafistes qui vont orienter le repli religieux vers
le takfirisme. Quand l’Etat a arrêté les investissements publics dans les zones rurales
où la croissance démographique restait très forte (huit enfants par femmes !),
il y a eu une grosse pression sur Alep qui connaissait déjà des faillites dans l’industrie textile liée
à la libre circulation des marchandises et la concurrence des produits turcs et
chinois provoquant notamment le déclassement
d’une certaine bourgeoise commerçante et industrielle.
En résumé : vagues de libéralisation, crise économique, exode rural, explosion démographique,
frustration liée au déclassement et replis identitaro-religieux sous l’influence
de (télé) évangélistes salafistes. Tout cela va contribuer à la construction d’une
contre société que le régime va se prendre dans la gueule dans les
manifestations de 2011. Bien évidemment , il ne s’agissait pas de tous les Syriens , Bachar restait populaire et jouissait du soutiens d’une large portion de la population Syrienne mais une large portion de l’opinion populaire s’était résolument retournée
contre lui et son régime , ce qui était suffisant pour que des puissances étrangères allument la mèche de la poudrière.