@Qiroreur
-Sur la Libye, j’avais mal compris ce que tu voulais dire, je suis d’accord, ce n’est pas le fait de l’UE
mais plutôt de l’empire américain et nos élites vassalisées. Mais il ne me semble pas que FA et l’UPR affirment
que tous les problèmes du monde ou de la France peuvent être réduit à l’UE, ça me parait quelque peu caricatural,
en tous cas ce n’est pas ce que j’entends.
-Sur le travail obligatoire, Qaspard a déjà répondu. On peut
être pour une telle proposition et la défendre ( ce qui n’est absolument pas
mon cas , je la trouve même délirante , d’ailleurs il faudra mettre en place tout un système de
surveillance et administratif coûteux
qui pour pouvoir la mettre en
application) mais il s’agit bel et bien de la mise en place du travail
obligatoire.
-Sur l’euro. Je ne voulais pas trop entrer dans le détail parce
que ça pourrait être long et que je préférerai le faire dans un article qui
soit dédié à cette thématique mais soit.
Commençons par les raisons pour lesquelles certains pays s’en
sortent mieux que la France au sein de la zone euro.
En gros, tu reprends le crédo des élites néolibérales françaises que l’on
pourrait résumer en quelques mots : politique de discipline budgétaire,
cure d’austérité et baisse des charges des entreprises. Les problèmes de l’économie
française se limiteraient à cela et n’ont rien à voir avec la zone euro. Et l’illustration absolue de cette thèse étant l’Allemagne qui a bien morflé dans les années 2000 mais qui s’en
sort aujourd’hui grâce aux règles budgétaires strictes qu’elle s’est imposée à elle-même.
Conclusion : les Français devraient imiter les Allemands ( et s’ils
pouvaient carrément devenir des Allemands , ce serait encore mieux ).
Tout part d’un postulat faux que l’on pourrait ériger au rang de
mythe : ce n’est pas à cause de la rigueur budgétaire que certains pays se
portent mieux dans la zone euro mais parce qu’ils ont des avantages compétitifs
qui leur confèrent une meilleure adaptation aux défis du libre échange mondialisé.
Pourquoi ont –ils cet avantage compétitif ? Avant tout pour des raisons
qui relèvent de la stratégie (en gros choix de la spécialisation dans l’industrie haute gamme) et
du contexte (dans le cas de l’Allemagne, chute du mur de Berlin qui a permit le
dopage de la compétitivité coût de l’industrie allemande par l’intégration de
pays situé à l’est et chute démographique). Je résume parce que ce serait trop
long mais on est là dans un bais cognitif qui induit la confusion entre les vraies
raisons qui ont permit cet avantage de compétitivité et l’austérité.
Maintenant, on peut se
plaindre de la mauvaise stratégie des élites françaises qui auraient du faire
comme les élites Allemandes ( on peut aussi penser que la véritable erreur était
de ne pas se protéger de la mondialisation ) mais ce qui est fait est fait :
il y’a dans la zone euro un écart de compétitivité qui s’enracine dans des
configurations très différentes des structures économiques et industrielles. Que
faire ?
*Soit on s’imagine que la
zone euro se suffit à elle-même et que les économies finiront tôt ou tard par
converger par la mise en place d’une
politique monétaire unique et un pilotage par une banque centrale indépendante.
Qu’est ce qu’on constate dans la réalité ? Que lorsqu’on a des pays qui ont des spécialisations
productives différentes et qu’on les met tous dans la même zone monétaire,
leurs économies ne convergent pas mais divergent. Autrement dit les avantages
et désavantages compétitifs ne font que grandir. Comment les plus désavantagés maintiennent ils leur
taux de croissance ? Ils s’endettent. Jusqu’à survienne la crise de l’endettement.
Alors on commence à pratiquer l’austérité pour réduire les déficits et on
compresse les coûts salariaux. Résultat : pas de retour de la croissance à
l’horizon car l’effet
des mesures dites d’austérité étranglent l’économie et provoquent
l’effondrement de la demande interne. De plus la dépression des ressources
fiscales aggrave le déficit budgétaire. La solution : toujours plus d’austérité.
Et on se retrouve là dans un cercle vicieux aggravation de la crise de
compétitivité – crise des dettes publiques – austérité – aggravation du déficit
public –aggravation de la crise de compétitivité. Mais on finira bien par y
arriver parce qu’avec les Allemands, ça
a marché.
*Soit
on réalise à un moment donné que ça ne peut pas continuer comme ça, que la zone
euro n’est pas optimale, qu’elle est de fait une zone de guerre économique
qui permet à certains d’anéantir l’industrie des autres et de se tailler des excédents.
Alors
c’est bien beau la diminution des charges pour les entreprises et la
rationalisation des dépenses d’Etat mais ça ne permet pas de résoudre ce
problème structurel. Facile, y’a qu’à
faire comme les pays qui fonctionnent dans la zone euro, on investit dans l’industrie
haute gamme et on met en place un système d’éducation performant. Ah oui ? Ça demande des pépètes tout ça, on les trouve ou puisque la croissance n’est pas
au rendez vous ? Bah on recherche des capitaux sur le marché. Bonne idée
sauf que les liquidités vont plutôt du coté des pays bénéficiant déjà un
avantage compétitif, ils fuient même les autres pays de la zone. On fait quoi alors ? Aucune réponse ?
C’est normal.
Il
est évident que l’euro n’explique pas tout
mais on ne peut pas expliquer les problèmes économiques des pays de la
zone euro sans parler des conséquences structurelles de cette monnaie sur ces
pays , à savoir que c’est un vrai problème pour eux d’évoluer dans
une zone mark. S’il n’y avait qu’une seule chose à retenir de mon com, ce serait ça.
Quid de
la France ? Elle est en quelque sorte à mi chemin entre l’Allemagne et
les pays du sud de l’Europe en ce sens qu’elle a une structure économique
paradoxale : des industries modernes et dynamiques haute gamme cohabitent
avec des industries moyenne et bas de gamme.
On
peut considérer que le libre échange économique mondialisée est la réalité indépassable
de notre temps et que la seule porte de salut est d’imiter les allemands par la
reconversion de notre structure économique vers le haut de gamme (considération tout à fait
contestable et qui n’est à mon sens pas désirable quand on observe de près le
modèle allemand mais supposons un petit instant que ce soit la seule alternative
possible ). Mais même dans cette optique, il faut dégager de la croissance et
donc sortir de l’euro pour ajuster le
taux de change momentanément, réinvestir grâce à la croissance dans des
industries de hautes gammes, quitte à réévaluer la monnaie petit à petit au fur et
à mesure de la reconversion de la structure économique. Mais il est illusoire
de s’imaginer que cette reconversion se ferait sur un claquement de doigt ou qu’elle
soit possible au sein de la zone euro. Le problème, c’est que la destruction
que nous connaissons au sein de la zone euro fait que nous risquons d’atteindre
bientôt un point de non retour d’ou l’urgence de s’en sortir …