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Commentaire de maQiavel

sur L'espoir Poutine


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maQiavel maQiavel 9 juillet 2017 03:40

@Qiroreur

-Sur la Libye, j’avais mal compris ce que tu voulais dire, je suis d’accord, ce n’est pas le fait de l’UE mais plutôt de l’empire américain et nos élites vassalisées. Mais il ne me semble pas que FA et l’UPR affirment que tous les problèmes du monde ou de la France peuvent être réduit à l’UE, ça me parait quelque peu caricatural, en tous cas ce n’est pas ce que j’entends.

-Sur le travail obligatoire, Qaspard a déjà répondu. On peut être pour une telle proposition et la défendre ( ce qui n’est absolument pas mon cas , je la trouve même délirante , d’ailleurs il faudra mettre en place tout un système de surveillance et administratif coûteux qui pour pouvoir la mettre en application) mais il s’agit bel et bien de la mise en place du travail obligatoire.

-Sur l’euro. Je ne voulais pas trop entrer dans le détail parce que ça pourrait être long et que je préférerai le faire dans un article qui soit dédié à cette thématique mais soit.

Commençons par les raisons pour lesquelles certains pays s’en sortent mieux que la France au sein de la zone euro.

En gros, tu reprends le crédo des élites néolibérales françaises que l’on pourrait résumer en quelques mots : politique de discipline budgétaire, cure d’austérité et baisse des charges des entreprises. Les problèmes de l’économie française se limiteraient à cela et n’ont rien à voir avec la zone euro. Et l’illustration absolue de cette thèse étant l’Allemagne qui a bien morflé dans les années 2000 mais qui s’en sort aujourd’hui grâce aux règles budgétaires strictes qu’elle s’est imposée à elle-même. Conclusion : les Français devraient imiter les Allemands ( et s’ils pouvaient carrément devenir des Allemands , ce serait encore mieux ).

Tout part d’un postulat faux que l’on pourrait ériger au rang de mythe : ce n’est pas à cause de la rigueur budgétaire que certains pays se portent mieux dans la zone euro mais parce qu’ils ont des avantages compétitifs qui leur confèrent une meilleure adaptation aux défis du libre échange mondialisé. Pourquoi ont –ils cet avantage compétitif ? Avant tout pour des raisons qui relèvent de la stratégie (en gros choix de la spécialisation dans l’industrie haute gamme) et du contexte (dans le cas de l’Allemagne, chute du mur de Berlin qui a permit le dopage de la compétitivité coût de l’industrie allemande par l’intégration de pays situé à l’est et chute démographique). Je résume parce que ce serait trop long mais on est là dans un bais cognitif qui induit la confusion entre les vraies raisons qui ont permit cet avantage de compétitivité et l’austérité.

Maintenant, on peut se plaindre de la mauvaise stratégie des élites françaises qui auraient du faire comme les élites Allemandes ( on peut aussi penser que la véritable erreur était de ne pas se protéger de la mondialisation ) mais ce qui est fait est fait : il y’a dans la zone euro un écart de compétitivité qui s’enracine dans des configurations très différentes des structures économiques et industrielles. Que faire ?

*Soit on s’imagine que la zone euro se suffit à elle-même et que les économies finiront tôt ou tard par converger  par la mise en place d’une politique monétaire unique et un pilotage par une banque centrale indépendante. Qu’est ce qu’on constate dans la réalité ? Que lorsqu’on a des pays qui ont des spécialisations productives différentes et qu’on les met tous dans la même zone monétaire, leurs économies ne convergent pas mais divergent. Autrement dit les avantages et désavantages compétitifs ne font que grandir. Comment les plus désavantagés maintiennent ils leur taux de croissance ? Ils s’endettent. Jusqu’à survienne la crise de l’endettement. Alors on commence à pratiquer l’austérité pour réduire les déficits et on compresse les coûts salariaux. Résultat : pas de retour de la croissance à l’horizon car l’effet des mesures dites d’austérité étranglent l’économie et provoquent l’effondrement de la demande interne. De plus la dépression des ressources fiscales aggrave le déficit budgétaire. La solution : toujours plus d’austérité. Et on se retrouve là dans un cercle vicieux aggravation de la crise de compétitivité – crise des dettes publiques – austérité – aggravation du déficit public –aggravation de la crise de compétitivité. Mais on finira bien par y arriver parce qu’avec les Allemands, ça a marché. smiley

*Soit on réalise à un moment donné que ça ne peut pas continuer comme ça, que la zone euro n’est pas optimale, qu’elle est de fait une zone de guerre économique qui permet à certains d’anéantir l’industrie des autres et de se tailler des excédents.

Alors c’est bien beau la diminution des charges pour les entreprises et la rationalisation des dépenses d’Etat mais ça ne permet pas de résoudre ce problème structurel. Facile, y’a qu’à faire comme les pays qui fonctionnent dans la zone euro, on investit dans l’industrie haute gamme et on met en place un système d’éducation performant. Ah oui ? Ça demande des pépètes tout ça, on les trouve ou puisque la croissance n’est pas au rendez vous ? Bah on recherche des capitaux sur le marché. Bonne idée sauf que les liquidités vont plutôt du coté des pays bénéficiant déjà un avantage compétitif, ils fuient même les autres pays de la zone. On fait quoi alors ? Aucune réponse ? C’est normal.

Il est évident que l’euro n’explique pas tout  mais on ne peut pas expliquer les problèmes économiques des pays de la zone euro sans parler des conséquences structurelles de cette monnaie sur ces pays , à savoir que c’est un vrai problème pour eux d’évoluer dans une zone mark. S’il n’y avait qu’une seule chose à retenir de mon com, ce serait ça.

Quid de la France ? Elle est en quelque sorte à mi chemin entre l’Allemagne et les pays du sud de l’Europe en ce sens qu’elle a une structure économique paradoxale : des industries modernes et dynamiques haute gamme cohabitent avec des industries moyenne et bas de gamme. 

On peut considérer que le libre échange économique mondialisée est la réalité indépassable de notre temps et que la seule porte de salut est d’imiter les allemands par la reconversion de notre structure économique vers le haut de gamme (considération tout à fait contestable et qui n’est à mon sens pas désirable quand on observe de près le modèle allemand mais supposons un petit instant que ce soit la seule alternative possible ). Mais même dans cette optique, il faut dégager de la croissance et donc sortir de l’euro pour ajuster le taux de change momentanément, réinvestir grâce à la croissance dans des industries de hautes gammes, quitte à réévaluer la monnaie petit à petit au fur et à mesure de la reconversion de la structure économique. Mais il est illusoire de s’imaginer que cette reconversion se ferait sur un claquement de doigt ou qu’elle soit possible au sein de la zone euro. Le problème, c’est que la destruction que nous connaissons au sein de la zone euro fait que nous risquons d’atteindre bientôt un point de non retour d’ou l’urgence de s’en sortir …


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