@Mahler
Depuis la dernière fois ou nous avions parlé, je comprends aussi un peu mieux le modèle de développement soviétique qui était avant
tout une modernisation de rattrapage , soit un capitalisme d’Etat national de
rattrapage organisé par un Etat stratège fort et planificateur.
J’ai aussi découvert les inspirations et les origines
réelles du modèle soviétique, et concrètement elles étaient moins dans les
théories marxistes léninistes (qui avaient avant tout un rôle théologique,
c’est-à-dire de légitimation des actions) que dans une combinaison de l’expérience allemande de l’économie de
guerre, de l’héritage du modèle de développement tsariste et de l’héritage de
la mobilisation industrielle de la grande guerre.
C’était un modèle qui était excellent pour un développement
extensif rapide ( croissance quantitative d’avantage des mêmes choses ) axé sur
l’industrie lourde. Et malgré le déficit
démocratique autogestionnaire qui a métamorphosé le parti bolchévique en une élite
bureaucratisée déconnecté de la population qui prenait des mesures de
manière autoritaire et répressive (et c’était peut être le prix à payer pour
résister au choc de l’opération Barbarossa ) le système était
particulièrement efficace pour sortir rapidement l’union soviétique du sous
développement.
Cependant, il aurait fallu dans un deuxième temps, dans les
années 60 et 70, ajuster ce modèle et l’actualiser car il était inadapté pour
un développement intensif (croissance qualitative basé sur une meilleure
productivité). Ce modèle était dans l’incapacité de traduire les progrès
scientifiques et technologiques en un bond en avant économique car cette
actualisation nécessitait une décentralisation afin de susciter la créativité
et la participation de larges strates de la population, processus indispensable
au développement d’une société de consommation. Mais le système avait sa propre
logique et il était devenu irréformable, d’autant plus que la logique oligarchique bureaucratique a produit une dégénérescence des élites qui étaient de moins en
moins compétentes mais toujours aussi accroché à leurs places comme une moule
l’est à son rocher.