L’hypothèse
selon laquelle des services américains étaient derrière la tentative de coup
d’Etat en Turquie était celle qui m’était immédiatement apparue la plus
probable. Depuis un faisceau d’éléments semblent renforcer cette hypothèse.
L’éventualité selon laquelle les services russes ont participés au sauvetage
d’Erdogan ne vient plus simplement de sites connus pour leur paranoïas du grand
complot universel mais également de personnalités établies et respectables selon les canons des
plateaux télés et qui ont un niveau d’obtention information plus élevé que la moyenne. Ça n’en fait pas une vérité absolue
et incontestable mais un scénario à prendre en compte.
Malgré tout,
il y’a quelques incohérences qui fragilisent cette hypothèse. Erdogan a
continué malgré toutes ses déclarations hostiles vis-à-vis des Etats unis à
réclamer l’aide et le soutien de l’Otan dans son opération en Turquie et il est
toujours aussi déterminé à renverser Assad. Et la Turquie ne montre aucun signe
d’émancipation vis-à-vis de l’Otan (l’achat des S 400 est tout au plus un signe
de méfiance). Certes, on peut targuer qu’Erdogan agit ainsi car la Turquie
n’est pas prête à quitter brutalement le bloc américano -occidental pour des
raisons économiques ( la Turquie est fortement dépendante
économico-financièrement des pays occidentaux et des sanctions seraient catastrophiques) et sécuritaires ( en
considérant qu’il n’est pas prudent de foutre les otaniens dehors alors qu’ils
tiennent des pans sécuritaires du pays ). Mais alors pourquoi cette hostilité
verbale ? Ce n’est pas prudent non plus. D’un coté de la surenchère
verbale et de l’autre rien de concret dans les actes. Ce n’est pas là
l’attitude d’un chef d’Etat vis-à-vis des gens qui ont voulu le renverser.
C’est comme si, au lieu de chercher à réellement s’émanciper du BAO, les
dirigeants turcs essaient de jouer sur tous les tableaux pour obtenir le plus
d’avantages possibles des camps occidentaux et Russo-iraniens. Et que le
parrain américain en a marre de voir son vassal lui mordiller les chevilles et
lui livre une guerre économique pour le recadrer.
Bref , l’hypothèse
de l’implication des services américains décrite ici par Jovanovic reste selon
moi la plus probable mais je ne rejette pas non plus une autre
possibilité : Erdogan et ses collaborateurs ont laissé faire la tentative de coup d’Etat pour d’une part purger leur opposition interne et
d’autre part se dégager une marge de manœuvre vis-à-vis de leurs alliés de
l’Otan afin de pouvoir jouer sur tous les tableaux dans l’optique de leur visée
politique néo -ottomane ( qui s’avère être un échec ).