Ce que tu dis sur le protestantisme et le puritanisme
est très intéressant même si je crois que c’est à nuancer. On fait classiquement
du protestantisme la matrice de la modernité, ce qui est faux. Il y’a deux temps
dans le protestantisme pour simplifier à l’extrême :
-Un
ancien protestantisme qui est loin de prôner la tolérance et la liberté de
conscience et qui consacre la supériorité des vérités ecclésiales sur
l’interprétation personnelle de la Bible. Le dogme du sacerdoce universel vise
à forger le peuple chrétien que l’Église catholique n’est pas parvenue à
discipliner. Rien n’est donc plus « antimoderne » que le premier
protestantisme. La confession protestante qui va le plus loin dans cette
logique est le calvinisme qui se montre l’ennemi de tout individualisme ou de
tout relativisme dogmatique et moral et qui va se structurer en réaction à l’humanisme
érasmien qui privilégie une réforme « douce » et
« éclairée » de l’Église contre la réforme protestante qu’il juge
trop extrême
-Un
néoprotestantisme d’essence libérale qui émergera plus tard et qui associe
liberté de conscience, pluralisme religieux et remise en cause de l’institution
ecclésiastique et qui va prendre peu à peu le pas sur le protestantisme ancien.
Le
protestantisme n’est donc pas à l’origine de la modernité, il s’est au
contraire modernisé et c’est dans le monde calviniste qu’il a trouvé ses
ennemis les plus acharnés. Le courant puritain est issu du calvinisme et a
structuré la culture américaine comme aucune autre culture.