@Buk100
Je
vous explique le mode opératoire des défenseurs de la thèse du génocide vendéen
et c’est très intéressant parce qu’elle nous illustre les mécanismes des biais
cognitifs dont nous avons tous déjà été victime au moins une fois dans notre
vie et dont nous serons encore certainement victime si on n’est pas attentif.
-D’abord,
ils ne distinguent que très vaguement la notion de crime de guerre et celle de
génocide. Et de fait, des crimes de guerre ont été commis en Vendée ( et pas
que par les armées républicaines, les armées vendéennes également) et personne
ne le nie à ma connaissance. Mais il n’y a pas eu de génocide, et là la
première chose à faire est de comprendre que ce terme suppose l’intention de
détruire un groupe humain pour ce qu’il est et non pour ce qu’il fait.
-Ensuite,
ils entretiennent la confusion entre la volonté du pouvoir central et les
initiatives personnelles des commandants locaux qui dirigeaient des armées peu
formées et disciplinées et sur lesquels le comité de salut public n’avait pas
de contrôle. Et pour ce, ils amalgameront les documents produits par ces
officiers ( dont certains tiendront des propos outranciers) et les documents
produits par le pouvoir central. C’est essentiellement par ce mécanisme qu’ils
puissent leurs « preuves ». C’est là qu’on retrouve les propos de Westermann,
Turreau, Garnier de Saintes et de beaucoup d’autres qui sont brandit comme des
preuves absolue.
-Lorsqu’ils
produisent des documents du comité de salut public, ils leur prêtent une portée
qu’ils n’ont pas. Ils vont par exemple confondre l’extermination des brigands (
donc les rebelles, ceux qui ont pris les armes et qui participent à l’insurrection)
avec l’extermination de la population en tant que telle. Les partisans de cette
thèse citent souvent le décret du 1er octobre mais ils omettent le fait qu’après
la victoire de Cholet le 19 octobre, la Convention crut l’objectif atteint et
décréta la guerre terminée le 23 octobre. On voit bien que la Convention est
satisfaite alors qu’il est évident que le génocide en question n’a pas avoir eu
lieu en 20 jours.
-Et pour
finir, ils omettent tous les documents du pouvoir central qui recommande de
protéger les femmes, les enfants, les vieillards et les patriotes qui étaient
du coté de la République ( il y’en avait aussi en Vendée, beaucoup se sont d’ailleurs
fait massacrer par les insurgés). Alors que de l’autre côté, on ne retrouve
aucun document du pouvoir central pouvant attester d’une volonté génocidaire.
Il y’a
de nombreux biais de confirmation d’hypothèse dans ce mode opératoire, ça va de
la recherche
biaisée d’information, à l’interprétation
biaisée, en passant par la corrélation
illusoire. Avec les mêmes mécanismes,
on pourrait inventer l’existence de l’organisation d’un génocide corse par la couronne
de France à partir 1768.