@yoananda2
« c’est
ce que j’appelle un phénomène systémique »
------> Tout
à fait. Au passage, je ne suis pas du tout opposé à la systémique, c’est une
grille de lecture très importante pour la compréhension. Mais je considère qu’il
faut aussi avoir un recul critique vis-à-vis d’elle et la combiner à d’autres
grilles de lecture. Je vois bien qu’il y’a des phénomène dynamique étalé dans
le temps qui imposent un cadre contraint qui s’auto-entretient mais je ne
considère pas que ces contraintes soient absolues au point de faire abstraction
de la volonté et des choix des acteurs.
« l’équilibre
qui s’établit partout est oligarchique ».
------> Je
suis d’accord avec tout ton propos. Je rajouterai simplement que certaines
oligarchies sont plus inégalitaires que d’autres et qu’une société trop
inégalitaire n’est pas forcément plus résiliente qu’une société trop égalitaire dans un contexte concurrentiel.
« Ha
bon ? comment ça ? en amalgamant salariat et esclavage ? »
------> Oui.
Mais plus encore, en mélangeant l’esclavage avec un statut social ( alors que c’est
plus un ordre qui découle du droit de propriété). Et c’est aussi à cause de ça
que l’esclavage est devenu synonyme de tout et n’importe quoi.
« Y
a personne qui a essayé de formaliser les degrés de libertés et/ou de contraintes
sociales qu’un individu ou un groupe peut exercer sur une autre individu
ou groupe ? et d’en faire une sorte d’échelle de la servitude ... »
------> Si,
si, ça existe, il y’a des gens qui ont construit des idéaux types de servitudes
et qui les ont classés. Mais comme je l’ai dit, ça ne fait pas consensus.
« Ma
thèse, c’est que ce n’est qu’une parenthèse. Les machines, plus productives,
ont permis une émancipations des anciennes formes de servitudes, mais on
retombe dedans d’une manière différente, via l’aliénation et la pression du
marché ».
------> Ce n’est pas impossible. Moi, d’une perspective rationelle je ne crois pas en la fin de l’histoire
de toute façon ( en positif ou en négatif). Si l’esclavage a été aboli ( ce qui
ne l’empêche pas de continuer à exister, dans l’univers de la grande criminalité
notamment mais aussi dans certains pays à cause des pesanteurs
historico-culturelles), il pourrait très bien être rétablit. On ne sait pas ce
qui va se passer avec la crise écologique, les tensions géopolitiques voire les
guerres entre grandes puissances et plein d’autres paramètres qui seraient trop
long à énumérer, l’hypothèse de l’émergence d’un monde dans lequel l’esclavage
serait normalisée, y compris en occident, me semble loin d’être délirante.
Je suis
tombé il y’a quelques jours sur cette
info sur les nouveau-nés de GPA attendant, dans un hôtel de Kiev, que leurs « commanditaires »
puissent venir les chercher. Je suis généralement quelqu’un de très blasé vis-à-vis
des infos, je ne me catastrophe pas pour un rien, mais là j’ai ressenti un
malaise. Soyons clair, ce n’est pas de l’esclavage. Mais vu les potentialités
de ce truc, je crains une dynamique dans laquelle la généralisation de ce
phénomène pourrait faire émerger un véritable esclavage postmoderne.