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’Psychologie des foules’ ou la ’dictature du nombre’ par Gustave Le Bon

Médecin, anthropologue et sociologue, Gustave Le Bon (1841-1931) reste peu connu de nos jours malgré une pensée remarquable mais qui, il est vrai, se définit comme 'politiquement incorrecte' aujourd'hui.

 

Psychologie des foules considéré comme son ouvrage majeur, s'apparente à une remarquable analyse de la psychologie humaine, laquelle psychologie se transforme lorsque les êtres passent de l'état individuel pour se fondre dans cette masse ou cet "agrégat" que l'on appelle "foule".

 

Il s'agit là d'une vraie réflexion de fond sur l'importance de la "tyrannie du Nombre" et, par voie de conséquence, sur la démocratie elle-même. On comprend dès lors pourquoi Gustave Le Bon demeure si peu mis en avant aujourd'hui...

 

 

L’ouvrage de Gustave Le Bon analyse méthodiquement, avec une précision quasi-chirurgicale le mécanisme des foules. Cet ouvrage dégage ainsi très clairement les "marqueurs" psychologiques des masses, que celles-ci soient de type homogène ou hétérogène, et l’influence qu’elles subissent au-travers des "meneurs". Inaptes aux raisonnements et aux idées de fond, les foules sont soumises avant tout à l’émotionnel et aux personnalités suffisamment charismatiques capables d’utiliser les mots et les formules qui les touchent.

 

Extraits :

 

"Le fait le plus frappant présenté par une foule psychologique est le suivant : quels que soient les individus qui la composent, quelque semblables ou dissemblables que puissent être leur genre de vie, leurs occupations, leur caractère ou leur intelligence, le seul fait qu’ils sont transformés en foule les dote d’une sorte d’âme collective. Cette âme les fait sentir, penser et agir d’une façon tout à fait différente de celle dont sentirait, penserait et agirait chacun d’eux isolément. Certaines idées, certains sentiments ne surgissent ou ne se transforment en actes que chez les individus en foule. La foule psychologique est un être provisoire, composé d’éléments hétérogènes pour un instant soudés, absolument comme les cellules d’un corps vivant forment par leur réunion un être nouveau manifestant des caractères fort différents de ceux que chacune de ces cellules possède...Dans l’agrégat constituant une foule, il n’y a nullement somme et moyenne des éléments mais combinaison et création de nouveaux caractères."

 

Partant de là, Le Bon en déduit que cet ’agrégat’, constituant une nouvelle entité tout à fait singulière et dépourvue de tout esprit critique, est soumis à des affirmations péremptoires auxquelles chaque individu, pris isolément, y serait naturellement beaucoup moins sensible.

 

"L’affirmation pure et simple, dégagée de tout raisonnement et de toute preuve, constitue un sûr moyen de faire pénétrer une idée dans l’esprit des foules. Plus l’affirmation est concise, dépourvue de preuves et de démonstration, plus elle a d’autorité. Les livres religieux et les codes de tous les âges ont toujours procédé par simple affirmation. Les hommes d’Etat appelés à défendre une cause politique quelconque, les industriels propageant leurs produits par l’annonce, connaissent la valeur de l’affirmation."

 

Or quel est le régime qui met en avant l’importance du "nombre" lequel nombre finit par phagocyter la "personne" ? Gustave Le Bon, à l’instar de Tocqueville, énonce là une critique de la démocratie et du suffrage universel :

 

"Les inconvénients du suffrage universel sont évidemment trop visibles pour être méconnus. On ne saurait contester que les civilisations furent l’oeuvre d’une petite minorité d’esprits supérieurs constituant la pointe d’une pyramide, dont les étages, s’élargissant à mesure que décroît la valeur mentale, représentent les couches profondes d’une nation. La grandeur d’une civilisation ne peut assurément dépendre du suffrage d’éléments inférieurs, représentant uniquement le nombre. Sans doute encore les suffrages des foules sont souvent bien dangereux. Ils nous ont déjà amené plusieurs invasions ; et avec le triomphe du socialisme, les fantaisies de la souveraineté populaire nous coûteront sûrement beaucoup plus cher encore."

 

Non décidément pas politiquement correct, cet ouvrage...




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35 réactions à cet article    


  • 2 votes
    Qamarad Qamarad 4 février 2014 10:38

    "L’affirmation pure et simple, dégagée de tout raisonnement et de toute preuve, constitue un sûr moyen de faire pénétrer une idée dans l’esprit des foules. Plus l’affirmation est concise, dépourvue de preuves et de démonstration, plus elle a d’autorité. Les livres religieux et les codes de tous les âges ont toujours procédé par simple affirmation. Les hommes d’Etat appelés à défendre une cause politique quelconque, les industriels propageant leurs produits par l’annonce, connaissent la valeur de l’affirmation."

    Certains l’avaient compris et utilisé cette donne à leur avantage : "Répétez un mensonge 10 fois cela reste un mensonge. Répétez-le 1000 fois et cela devient la vérité" Adolf H

    Ce que je constate, c’est que le capitalisme de la séduction, soit le consumérisme ambiant, est, à l’échelle de l’histoire, le meilleur système d’endoctrinement des foules et qui plus est sur le long terme ! Les penseurs des classes dirigeantes mondialistes dont surtout brezinsky, l’ont parfaitement démontré et cela fait d’eux des esprits à la fois géniaux et machiavéliques. 


    • 2 votes
      Qamarad Qamarad 4 février 2014 11:10

      Et merci pour ce post, je lirai l’ouvrage du brave gustave dans les plus brefs délais (honte à moi de ne pas avoir encore lu ce classique) !


    • vote
      Schweizer.ch 4 février 2014 11:53

      "...e lirai l’ouvrage du brave gustave dans les plus brefs délais..."



    • 1 vote
      la mouche du coche 4 février 2014 19:00

      Cet article profite d’une étude sur la psychologie des foules pour attaquer la démocratie et le peuple, qui est son véritable but. Hélas pour l’auteur et son inculture, (nous ne lui en ferons pas le reproche, vu le niveau actuel) il n’est plus capable de faire une fine distinction que les grecs connaissaient depuis longtemps puisqu’ils n’étaient eux pas dégénérés : la différence entre démocratie et ochlocratie. http://fr.wikipedia.org/wiki/Ochlocratie

      .

      Il y a une différence considérable entre le peuple et la foule. L’auteur devrait s’y intéresser, et s’apercevrait ainsi par lui même du niveau de bêtise de ce qu’il croit démontrer, quand il ne nous montre que sa propre ignorance. smiley


    • 1 vote
      micnet 4 février 2014 20:04
      @La mouche à merde

      "Cet article profite d’une étude sur la psychologie des foules pour attaquer la démocratie et le peuple, qui est son véritable but. Hélas pour l’auteur et son inculture, (nous ne lui en ferons pas le reproche, vu le niveau actuel) il n’est plus capable de faire une fine distinction que les grecs connaissaient depuis longtemps puisqu’ils n’étaient eux pas dégénérés : la différence entre démocratie et ochlocratie. http://fr.wikipedia.org/wiki/Ochlocratie"

      ----> Ce commentaire profite de l’inculture et de la méconnaissance de la plupart des gens concernant cet ouvrage et démontre que notre petit insecte ne connaît absolument pas les écrits de Gustave Le Bon. Ce faisant, en bon petite gauchiste ignorante qu’elle est, notre insignifiante drosophile "cochonne", toute dégoulinante de moraline, voulant étaler sa science, ne fait en réalité que se ridiculiser. On lui pardonnera donc volontiers de ne pas savoir que :

      1 - Gustave Le Bon s’appuie à plusieurs sur Alexis de Tocqueville, lequel Tocqueville était plus que réservé sur la "démocratie" (et non l’ochlocratie)

      2 - Gustave Le Bon a également écrit un ouvrage intitulé "Psychologie du socialisme", ouvrage qui devrait énormément plaire à notre petit diptère volant à gauche. Voici par exemple un extrait qui traduit tout le "bien" que Gustave Le Bon pense de la démocratie :

      Lorsque les hommes de la Révolution, guidés par les rêves des philosophes, firent triompher leurs idées humanitaires et inscrivirent aux frontons des édifices les mots d’Egalité, de Liberté et de Fraternité, qui synthétisaient ces rêves, les sciences modernes n’étaient pas nées. Ils pouvaient donc invoquer, sans qu’aucune contradiction fût possible, l’état de nature, la bonté primitive de l’homme, sa perversion par les sociétés, et agir comme si les sociétés, étaient choses artificielles, que les législateurs peuvent reconstruire à leur gré. Mais des sciences nouvelles sont venues faire apparaître la vanité de telles conceptions. La doctrine de l’évolution surtout les a puissamment ébranlés, en montrant partout dans la nature une lutte incessante, terminée toujours par l’écrasement des plus faibles, loi sanguinaire sans doute, mais génératrice de tous les progrès, et sans laquelle l’humanité ne serait pas sortie de la barbarie primitive, et n’aurait jamais donné naissance à aucune civilisation démocratiques. Et que les démocraties aient réussi à s’accommoder avec eux sans voir à quel point ils leurs étaient contraires, est un de ces phénomènes que peuvent seuls comprendre les penseurs qui, ayant étudié l ’histoire des religions, savent avec quelle facilité les croyants tirent d’un texte sacré les déductions les plus contraires à ce texte et les plus invraisemblables. En fait rien n’est plus aristocratique que les lois de la nature. L ’aristocratie, a-t-on pu dire avec raison, est la loi des sociétés humaines, comme elle est, sous le nom de sélection, la loi des espèces." .

      .En conclusion, je ne saurais trop recommander à notre cher insecte, histoire qu’il ne passe plus pour un crétin, de lire attentivement les livres dont il est question, puis seulement ensuite, de venir nous faire part de sa "grande culture" avant de postuler l’inculture des autres. Sauf si notre insecte éprouve le besoin masochiste de se faire aplatir smiley



    • vote
      la mouche du coche 4 février 2014 20:33

      Bonsoir,
      .
      Votre commentaire traduit une pensée tellement à la dérive qu’il va m’être très compliqué de la remettre d’aplomb, aussi je ne me contenterais que de 2 points-clefs (qui font s’effondrer tout l’édifice) :
      .
      Gustave Le Bon s’appuie à plusieurs sur Alexis de Tocqueville, lequel Tocqueville était plus que réservé sur la "démocratie"
      .
      En considérant dans son célèbre livre l’Amérique comme une démocratie, Tocqueville était soit un escroc, soit un imbécile. L’Amérique n’est pas et n’a jamais été une démocratie.  Voici la véritable définition de la démocratie (dès la première minute) : http://www.dailymotion.com/video/xiyzhh_etienne-chouard-conference-le-tirage-au-sort-comme-bombe-politiquement-durable-contre-l-oligarchie_news
      Le fait d’appeler démocratie ce qui est son stricte contraire montre que Tocqueville était au mieux un idiot utile au système. La preuve ? Son livre est adulé par nos politiques actuels, c’est le meilleur signe qu’il est faux.
      .
      Le Bon : Mais des sciences nouvelles sont venues faire apparaître la vanité de telles conceptions. La doctrine de l’évolution surtout les a puissamment ébranlés,
      .

      Là encore, je vais vous faire du mal mais la "doctrine" (le mot est, par erreur sans doute, très judicieusement choisi par Le Bon) de l’évolution est elle aussi une vaste supercherie. Je ne vais pas en refaire la démonstration, mais vous pouvez suivre le fil de commentaire ici ; http://www.agoravox.tv/culture-loisirs/culture/article/darwin-les-origines-de-l-homme-et-40181
      et ici : http://www.agoravox.tv/culture-loisirs/culture/article/une-video-plus-facile-sur-l-40194
      .
      En résumé,
      les principales critiques (déjà formulées par Darwin) des opposants au darwinisme me semblent recevables et toutes dirimantes : 

      .

      - Absence dans la nature de fossiles "intermédaires" bizarres, imparfaits, avec des moignons, des bouts d’ailes, des écailles à la place de plumes, etc. alors qu’on a plus de 150 ans de recherches archéologiques derrière nous.

      .

      - présence très ancienne de fossiles très sophistiqués comme les araignées, oiseaux, etc. dont certains ont traversé des milliers d’années et qui détruit l’idée d’une évolution allant dans le sens d’une complexification croissante. 

      .

      Je devrais m’arrêter là, cela suffirait, mais il y a aussi et surtout : 

      .

      - Théorie du HASARD qui n’explique rien alors qu’une théorie scientifique digne de ce nom a pour mission de SIMPLIFIER et PRÉDIRE, ce que la théorie darwinienne ne fait pas. Avec Newton, on peut prédire la trajectoire d’une pomme, que peut-on prédire avec Darwin ?

      .

      En réalité le mot HASARD n’est qu’un mot pour dire "je ne sais pas". On pourrait le remplacer aussi bien par CARAMBAR ou DIEU. Cela expliquerait tout autant, c’est-à-dire rien du tout. Tout ceci n’est pas scientifique. 

      .

      Devant de telles difficultés, les darwiniens devraient s’arreter et chercher une autre théorie plus précise, plus scientifique et plus sérieuse, mais ils ne le font pas, et ceci nous alerte qu’ils ne sont plus des scientifiques mais de nouveaux clercs d’une religion absconte, comprise uniquement par eux comme sous l’ancienne Egypte. De ces religions bidons, l’histoire en est gorgée et le darwinisme n’est juste que la dernière. Il disparaitra comme les autres.



    • vote
      micnet 4 février 2014 21:32


      @La mouche


      Ahah vous êtes "chouardien", tout s’explique alors, c’est tout à fait normal qu’on ne puisse pas s’entendre smiley


      Bon puisque vous semblez (enfin) vouloir débattre sérieusement, vous conviendrez, j’espère, que votre petite sortie sémantique concernant la notion de "foule" et de "peuple" était tout à fait hors de propos dans la mesure où Gustave Le Bon remet bel et bien en cause le principe de démocratie dans son "essence même". Par ailleurs, à nouveau, je vous invite à lire le bouquin et vous vous apercevrez que Le Bon établit un lien entre la foule et le peuple en s’inscrivant dans une perspective cyclique de l’évolution des civilisations.


      Sinon par rapport à vos remarques :


      ."En considérant dans son célèbre livre l’Amérique comme une démocratie, Tocqueville était soit un escroc, soit un imbécile. L’Amérique n’est pas et n’a jamais été une démocratie. Voici la véritable définition de la démocratie (dès la première minute) :http://www.dailymotion.com/video/xi..."

      ---> Voyez-vous cher ami, je crains que ce ne soit votre édifice à vous, et celui de la gauche en général, qui soit particulièrement bancal. En fait, le problème aujourd’hui, c’est que la gauche débat avec elle-même car la droite n’existe plus (j’ai écrit un petit article à ce sujet)

      http://www.agoravox.tv/actualites/politique/article/le-clivage-gauche-droite-est-il-42945

      Et par conséquent, que ce soient les gens du "système" ou les "anti-systèmes" (comme Soral ou Chouard) vous défendez tous le principe démocratique car vous êtes tous attachés à la sacro-sainte égalité ! Alors oui, je n’ai aucun problème pour reconnaître que des gens comme Chouard ont raison de dire que nous ne sommes pas vraiment en démocratie, sauf que c’est précisément la démocratie dans son essence même que Tocqueville ou Le Bon ont critiqué


      "Le fait d’appeler démocratie ce qui est son stricte contraire montre que Tocqueville était au mieux un idiot utile au système. La preuve ? Son livre est adulé par nos politiques actuels, c’est le meilleur signe qu’il est faux."

      ----> Vaste blague : citez-moi UN SEUL homme politique ou un seul intellectuel français qui remette en cause officiellement la démocratie aujourd’hui. Un seul !


      Là encore, je vais vous faire du mal mais la "doctrine(le mot est, par erreur sans doute, très judicieusement choisi par Le Bon) de l’évolution est elle aussi une vaste supercherie.Je ne vais pas en refaire la démonstration, mais vous pouvez suivre le fil de commentaire ici ; http://www.agoravox.tv/culture-lois...
      et ici : http://www.agoravox.tv/culture-lois...


      ----> Le propos de cet article, je le rappelle, n’est pas d’engager un débat sur l’évolution mais de s’interroger, via l’analyse de Le Bon, sur ce que Tocqueville appelait la "dictature du nombre" intrinsèque à la démocratie.

      Maintenant, si vous tenez absolument à évoquer ce sujet lié à la sélection naturelle, je peux vous donner mon avis : chaque être humain est le produit à la fois d’un déterminisme socio-culturel et d’un déterminisme génétique (ou naturel). Or le problème de nos sociétés modernes, depuis le XVIIè siècle, dans la droite lignée de Hobbes, Locke puis Rousseau ensuite est d’avoir mis progressivement fin au déterminisme naturel en niant celui-ci. Au nom de la sacro-sainte égalité si chère à la gauche et du fait que Dame Nature (la vilaine) s’est toujours entêtée à créer des gens inégaux.

      Et ce qui m’amuse particulièrement, c’est d’entendre des gens de gauche se plaindre aujourd’hui de la théorie du genre (entre autres exemples) alors que cette théorie n’est finalement que la conséquence de la logique égalitariste si chère à la gauche... Tiens je parie que vous aussi êtes fortement opposé à la théorie du genre tout en prêchant, dans le même temps, l’égalité entre les individus, me trompe-je ? (et ne me répondez pas qu’il ne faut pas mélanger le ’social’ et le ’sociétal’, car tout est lié)


      Cordialement

      Micnet






    • vote
      la mouche du coche 4 février 2014 22:16

      @ l’auteur,

      .
      Il est très difficile de vous lire parce que vous nagez avec des mots qu’il ne vous gène pas d’employer tout de travers. A mon avis, si vous voulez progresser, soyez plus scrupuleux sur leur sens : qu’appelez vous la démocratie ? la gauche ? l’égalité ? Vous avez l’air d’en vouloir à la gauche, alors qu’est-ce qu’être de droite pour vous ? 
      .
      Vous pensez que la gauche est égalitariste ! smiley Alors tapez dans un moteur de recherche les mots "jules Ferry" "raciste" et vous allez grimper aux rideaux (comme le faisait parait-il Hitler qui est presqu’un gauchiste par rapport à lui).
      .
      Bref, documentez vous. N’hésitez pas à vérifier tout ce que vous croyez et à abandonner s’il le faut vos certitudes. Dites vous que ce n’est pas parce que vous pensez que vous avez raison que vous avez raison.

    • vote
      micnet 4 février 2014 22:28

      @La mouche


      Et vous, lisez mon article sur la "gauche et la droite" avant de grimper aux rideaux. J’ai remarqué que vous aviez une fâcheuse tendance à critiquer sans même avoir pris pleinement connaissance de "l’objet" de votre critique.
      Quant à Jules Ferry, il voulait apporter la "civilisation aux races inférieures", précisément dans un souci égalitariste par volonté de nivellement. Je n’ai jamais dit qu’être de gauche consistait à considérer toutes choses égales dès le départ mais que cela consiste à vouloir rendre les choses égales à l’arrivée. Vous saisissez ?

    • vote
      la mouche du coche 4 février 2014 22:45

      Le problème est que vous voulez absolument que la réalité soit conforme à ce que vous pensez. Hélas, Clemenceau vous répond en répondant à J. Ferry et montre bien qu’il n’est en aucun cas un égalitariste, mais tout simplement un colonisateur raciste : 

      .

      La conquête que vous préconisez, c’est l’abus pur et simple de la force que donne la civilisation scientifique sur les civilisations rudimentaires pour s’approprier l’homme, le torturer, en extraire toute la force qui est en lui au profit du prétendu civilisateur. Ce n’est pas le droit, c’en est la négation. Parler à ce propos de civilisation, c’est joindre à la violence, l’hypocrisie.
      .
      On ne saurait être plus clair. il n’y a de l’égalitarisme à gauche que dans votre pensée. La gauche n’y a jamais songé. Abandonnez cette idée fausse. smiley


    • vote
      micnet 4 février 2014 22:56

      @La Mouche


      Votre réponse démontre que vous n’avez strictement rien compris à mon message précédent. Je fais une dernière tentative : l’égalitarisme est la volonté de rendre toute chose égale. Il s’agit d’une volonté de nivellement partant d’une situation de départ pouvant être inégale et afin d’aboutir à une stricte égalité à l’arrivée.
      Donc quand Jules Ferry déclare vouloir apporter la civilisation aux races inférieures, il se situe dans cette perspective de nivellement afin de rendre les "races inférieures" égales aux "races supérieures" in fine, quitte à user de la violence pour ça, en effet. Tandis que la droite fera le constat qu’il y a des races inférieures et des races supérieures tout en voulant conserver cette inégalité, contrairement à la gauche qui souhaite changer les choses. Et dans cette perspective, le colonialisme est donc bien une idée de gauche au départ car la droite, via Clémenceau n’a jamais cherché à apporter la civilisation aux races inférieures.
      Alors je ne vous demande pas d’être d’accord avec moi là-dessus, je vous demande seulement si vous avez compris ce que j’essaie de vous dire ?

    • vote
      la mouche du coche 4 février 2014 23:23

      Si la gauche avait vraiment voulu hisser les africains au niveau des européens, on se demande pourquoi ceux-ci nous en veulent autant. Ils ne sont pas très reconnaissants de notre gentillesse. smiley
      Vous n’avez pas envie de changer d’avis ? smiley


    • 1 vote
      micnet 4 février 2014 23:30
      @La Mouche

      Ah ben voilà, on avance : on est au-moins d’accord pour reconnaître la perversité de la gauche smiley

      Car en effet, la gauche avait sincèrement envie de hisser les africains au-niveau des européens étant donné que l’idéologie de gauche correspond à une forme de prosélytisme religieux consistant à vouloir apporter l’égalité à toute la planète. Résultat des courses : ça finit par du colonialisme et de la violence, entre autres exemples...
      Donc non seulement je n’ai pas envie de changer d’avis mais j’ai l’impression que c’est vous qui commencez à adopter le mien. Allez, encore un petit effort smiley



    • vote
      christophe nicolas christophe nicolas 5 février 2014 13:04

      Juste une précision sémantique, pour une religion créée par l’homme, style le culte de l’argent, il faut dire "religion idolâtre".

       

      La religion authentique est par définition révélée, connaissance vraie. La science est découverte, connaissance considérée vraie à un moment donné et forcément compatible avec la religion. L’état d’esprit est intemporel, mais exprimé dans un contexte différent donc à interpréter avec intelligence..

       

      Les idoles sont fabriquées par les hommes dès qu’ont refuse la religion révélée, cela donne 1789, Einstein, l’OM, l’économie de marché,... plein de petites idoles de substitution qui s’opposent dans des derby PSG-OM. Tant qu’on prend la juste mesure des choses, c’est sans danger... mais des fois... comment savoir que c’est authentique ? Le cœur, l’esprit, l’intelligence, la cohérence, l’expérience et les preuves.


    • 2 votes
      Schweizer.ch 4 février 2014 11:52

      "On comprend dès lors pourquoi Gustave Le Bon demeure si peu mis en avant aujourd’hui..."


      Il y a un tas de raisons à cela, mais l’une des principales, c’est qu’il est foncièrement essentialiste. A notre époque de genre construit socio-culturellement et fluctuant, c’est le comble du "réactionnarisme". 

      Et puis il parle constamment de "races", à propos des Français, des Allemands, des Italiens, des Espagnols, des Bretons ou des Savoyards, ainsi que cela se faisait usuellement en son temps. Ce que des imbéciles de notre temps à nous, lui reprochent aussi.

      Dans l’édition que je possède, l’imbécile s’appelle Otto Klineberg - une sommité paraît-il, il était professeur associé à la Faculté des Lettres et Sciences humaines de Paris, en même temps que professeur honoraire à l’Université Columbia et il écrivait dans son avant-propos : 

      "Certes, il y a des critiques à faire contre ce petit livre. Peut-être la plus importante releève-t-elle de son emploi du concept de races, qu’il applique à plusieurs reprises pour expliquer les variations dans le comportement des différentes sortes de foules." etc., etc., etc.

      Il me semble, pourtant, qu’il soit très populaire au Canada, puisque sur le site de l’Université du Québec à Chicoutimi, on trouve une quinzaine de ses ouvrages à télécharger, en pdf, en Word ou en Rich text au choix, dont la "Psychologie des foules" bien évidemment.

      • 2 votes
        Éric Guéguen Éric Guéguen 4 février 2014 11:59

        C’est vrai que le site de l’UCAQ est une véritable mine d’or.
        Je n’avais jamais pensé à en faire la pub ici, merci à vous.


      • 1 vote
        Qamarad Qamarad 4 février 2014 12:06

        Merci pour les liens


      • vote
        Schweizer.ch 4 février 2014 12:38

         merci à vous.

        Merci pour les liens

        Il n’y a pas de quoi, c’est tout naturel.

      • 1 vote
        maQiavel maQiavel1983 4 février 2014 12:11

        Bonjour très vertueux micnet. 

        Comme je vous l’avais signalé j’avais publié un article sur la psychologie des foules de Lebon et comme vous me l’avez signalé, étant donné que nous avons lu le bouquin tous les deux, il sera intéressant d’en discuter.

        Pour l’historique, il faut savoir qu’il a influencé Freud et la psychanalyse qui a joué un rôle décisif pour contrôler les masses.

        J’ai publié une trilogie d’article sur le sujet que je vous recommande de lire avant de me répondre si vous pouvez :

        Histoire des relations publiques au cours du XX ème siècle (1)

        Histoire des relations publiques au cours du XX ème siècle (2)

        Histoire des relations publiques au cours du XX ème siècle (3)

        Je vais y aller franco, vous faites une grosse omission dans votre article et je suis certain que c’est lié à votre aristocratisme. Sauf que cette omission vous fait passer à mon sens à coté de l’essentiel.Je m’explique.

        1.  Chez Gustave Le Bon, on peut trouver une critique de l’ochlocratie (et non de la démocratie, encore cet usage tronqué du mot « démocratie »par Tocqueville) qui est un frome de régime dans lequel la foule en tant que masse manipulable et passionnelle a le pouvoir d’imposer sa volonté. C’est ce thème que votre article aborde. On sera d’ accord sur cet aspect donc je passe.

        2.  Mais c’est ce que vous ne dites pas ici qui est le plus intéressant chez Le Bon. C’est le fait que chezlui, il y’ a la recommandation de la création d’une oligarchie pour piloter les foules (et qui explique qu’il soit le précurseur d’Edward Bernays et de Joseph Goebbels).

        Je m’explique : écrire l’Histoire, pour Le Bon, c’est d’abord connaître les ressorts des foules. Pour agir sur ces ressorts-là, il faut modifier les ressorts lointains qui vont les mouvoir,  il faut un conditionnement


        • 1 vote
          maQiavel maQiavel1983 4 février 2014 12:12

          L’éducation n’est pas importante, tout simplement parce qu’elle s’adresse surtout à la partie de l’homme qui est la moins décisive dans les foules, c’est-à-dire la partie consciente. Pour Le Bon, une éducation bien conçue doit transmettre les valeurs supérieures à la minorité des conducteurs de foule, et dresser le gros de la population à des comportements moutonniers faciles à encadrer  ( cette thèse a été reprise par Brezinsky qui a conceptualisé le "tititainement" , sorte de panem et cirenses post moderne selon lequel deux dixièmes de la population mondiale suffisent à assurer la production , la population surnuméraire devant être encadré en la dérivant vers un abêtissement généralisé ).

          L’instrument essentiel du conditionnement des foules, c’est l’image. Il faut détecter les idoles que la foule peut adopter, et les utiliser pour la conduire. Dans un chapitre il prône l’usage de l’illusion, comme moyen de parler au cœur de la foule, et dénonce la raison comme inopérante dans la conduite des masses et même contre-productive, puisqu’elle limite la capacité des foules à s’unifier. Tout le marketing, propagande du capitalisme, mise en place par Bernays est déjà dans Le Bon.

          Le Bon annonce que l’ère des foules verra le règne de ceux qui savent les mener. Le meneur entraîne la foule parce qu’il lui ressemble. Comme elle, il est instinctif, fanatique, unitaire dans sa pensée jusqu’à perdre de vue les exigences de sa propre conservation. Son charisme provient de l’isomorphie spontanée entre son idiosyncrasie et celle de la masse. S’il peut subjuguer la foule en lui offrant une croyance religieuse ou pseudo-religieuse, c’est parce qu’il a d’abord été lui-même subjugué par cette croyance. C’est pourquoi le meneur ne démontre pas : il affirme. Il n’approfondit pas, il répète. Il ne persuade pas, il contamine. Sa capacité d’influence ne résulte pas de son discours lui-même, mais du prestige dont il se pare Il estime que le facteur clef qui unifie la foule hétérogène est la race. C’est pourquoi, afin que les foules homogènes et d’élite puissent conduire la foule hétérogène et destructrice, le meneur doit s’appuyer sur la conscience raciale pour transmettre un rêve à la foule hétérogène, et ainsi la maintenir tendue vers la civilisation.



        • 1 vote
          maQiavel maQiavel1983 4 février 2014 12:14

          Cet ouvrage n’est pas seulement politiquement incorrect parce qu’il critique l’ ochlocratie contemporaine ( appelé faussement démocratie ) mais surtout parce qu’ il décrit ‘l ingénierie de l’ élite pour manipuler les foules ( pour leur faire consommer des marchandises par ‘l industrie du désir ou pour fabriquer le consentement en politique via le suffrage universel ).

          Le Bon est l’ idéologue de notre régime actuel , un régime mixte entre oligarchie ( régime politique dans lequel le pouvoir est réservé à un petit groupe de personnes qui forment une classe dirigeante , dans notre cas , l’ élite économique , politique et culturelle ) et ochlocratie ( régime dans lequel la foule en tant que masse manipulable et passionnelle a le pouvoir d’imposer sa volonté , dans notre cas , par le suffrage universel ou par ses choix de consommation). Fondamentalement dans cette ochlo-oligarchie, le peuple est vu comme une masse irrationnelle constituée de consommateurs passifs organisés par une élite démagogique (les dirigeants mènent le peuple en le manipulant, en le flattant et en appelant aux passions pour le faire agir comme elle le souhaite , la satisfaction des désirs égoïstes rendant les masses, heureuse et par conséquent docile).

          Désolé pour la longueur du commentaire.   smiley


        • vote
          maQiavel maQiavel1983 4 février 2014 12:21

          La partie sur la race et le leader , on voit bien que la propagande nationale -socialiste mise au point par Gobbels était déjà là.


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          Schweizer.ch 4 février 2014 12:35

          "La partie sur la race et le leader ..."


          L’acception du terme qu’utilise Le Bon n’a rien à voir avec celle qui a cours aujourd’hui. Dans la psychologie des foules comme, par exemple, dans les "Lois psychologiques de l’évolution des peuples", on peut pratiquement la considérer comme un synonyme de mentalité, comme ici par exemple :


          « L’Amérique du Sud est, au point de vue de ses productions naturelles, une des plus riches contrées du globe. Deux fois grande comme l’Europe et dix fois moins peuplée, la terre n’y manque pas et est, pour ainsi dire, à la disposition de tous. Sa population dominante, d’origine espagnole, est divisée en nombreuses républiques : Argentine, Brésilienne, Chilienne, Péruvienne, etc. Toutes ont adopté la constitution politique des États-Unis, et vivent par conséquent sous des lois identiques. Eh bien, par ce fait seul que la race est différente et manque des qualités fondamentales que possède celle qui peuple les États-Unis, toutes ces républiques, sans une seule exception, sont perpétuellement en proie à la plus sanglante anarchie, et, malgré les richesses étonnantes de leur sol, sombrent les unes après les autres dans les dilapidations de toute sorte, la faillite et le despotisme. »

        • vote
          maQiavel maQiavel1983 4 février 2014 13:04

          Oui bien sur , je voulais dire que les Nazis ont adapté cette notion dans leur propagande.


        • vote
          micnet 4 février 2014 12:58

          @Machiavel


          Oui, je prendrai le temps de bien lire votre article (qui, au demeurant, a l’air passionnant) avant de vous répondre en détails. Et si j’ai le temps, je regarderai également votre "trilogie sur l’histoire des relations publiques au cours du XXè siècle".
          Pour ma part, sachez que j’aurais une vraie critique de fond à faire sur l’ouvrage de Le Bon et que je n’ai pas formulé dans cet article par peur de faire trop long, mais que j’évoquerai ici en commentaire. J’essaierai de vous faire un premier retour d’ici ce soir

          @Schweizer.ch

          "L’acception du terme qu’utilise Le Bon n’a rien à voir avec celle qui a cours aujourd’hui. Dans la psychologie des foules comme, par exemple, dans les "Lois psychologiques de l’évolution des peuples", on peut pratiquement la considérer comme un synonyme de mentalité, comme ici par exemple "

          ---> Je fais exactement la même interprétation du mot "race" à la lecture de cet ouvrage, qui, à mon sens, a plus une signification "culturelle" liée à l’état d’esprit d’un peuple qu’à une notion essentiellement génétique.

          • vote
            Toyet 4 février 2014 14:09

            Lecture indispensable à tout penseur sachant penser, pas comme BHL......


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              maQiavel maQiavel1983 4 février 2014 14:14

              A mon avis BHL maîtrise les thèses de Le Bon jusqu’ au bout des doigts ...


            • 2 votes
              Ozi Marenlapine 4 février 2014 16:10

              Ce qui est marrant c’est que les passages de lecture choisis correspondent parfaitement à Soral.
              J’espère pour lui qu’il s’en rend compte...


              • vote
                micnet 4 février 2014 22:18

                Bon Machiavel maintenant à nous smiley


                Donc j’ai lu votre article et je dois dire que, pour ma part, je n’ai pas grand chose à y redire si ce n’est que vous l’avez surtout axé sur le rôle des meneurs de foule (qui est effectivement un chapitre essentiel du bouquin) et de la manipulation qu’ils opèrent sur cette dernière. Par ailleurs, cet ouvrage aura effectivement été source d’ inspiration pour Bernays puis, indirectement, pour des gens comme Goebbels et tant d’autres.
                A vrai dire, je peine à comprendre, pour le moment, sur quoi se situent réellement nos désaccords. Vous me dites :

                "1. Chez Gustave Le Bon, on peut trouver une critique de l’ochlocratie (et non de la démocratie, encore cet usage tronqué du mot « démocratie »par Tocqueville)"
                ---> J’ai déjà répondu à cette remarque plus haut au-travers de "sympathiques échanges" avec La Mouche du coche. Je maintiens que Gustave Le Bon est très critique vis-à-vis de la démocratie en elle-même, que ce soit dans son ouvrage "psychologie du socialisme" ou celui-ci (cf extraits sur le suffrage universel dans l’article)

                "2. Mais c’est ce que vous ne dites pas ici qui est le plus intéressant chez Le Bon. C’est le fait que chezlui, il y’ a la recommandation de la création d’une oligarchie pour piloter les foules (et qui explique qu’il soit le précurseur d’Edward Bernays et de Joseph Goebbels)."
                ----> Oui bien sûr mais en quoi cela devrait me gêner ? Comme je l’ai précisé, Le Bon critique la démocratie (il lui reconnaît aussi certains avantages par ailleurs) et il estime donc, tout à fait logiquement, que la manipulation des foules en est une résultante.
                Par contre, pourriez-vous me redonner quelques extraits sur cette nécessité de ’manipulation’ qu’il préconise ? (Je voudrais revérifier comment il le formule)

                Sinon, j’ai évoqué le fait que je formulerais une critique sur cet ouvrage et cette critique est la suivante : Le Bon n’a de cesse de s’en prendre au manque de rationalité des foules (à juste titre) tout en reconnaissant (implicitement) dans certains passages le côté vertueux, voire héroïque, de celles-ci dans certaines circonstances, du fait qu’elles sont plus promptes à l’action que les individus pris isolément.
                Et ma critique est la suivante : Le Bon en appelle à une plus grande rationalité des sociétés or ce ne sont pas les gens rationnels qui font l’Histoire ! (il me semble d’ailleurs qu’il le dit aussi mais d’une autre manière sauf que je n’arrive pas à retrouver le passage) Cela fait un moment que je réfléchis à cette question liée à l’importance que l’on accorde au "Dieu-raison". 
                Quel est votre avis là-dessus ?

                • vote
                  maQiavel maQiavel1983 5 février 2014 11:03

                   Pour le point 1 : J’ai survolé votre dialogue « cordial » smiley avec mouche du coche mais je n’ai pas tout lu, donc j’ai peur de répéter quelque chose que vous avez déjà abordé.

                  Mais c’est l’usage Tocquevillien tronqué du terme démocratie qui est en cause. Tocqueville ne pouvait pas critiquer  la démocratie en Amérique tout simplement parce que ça n’a jamais existé là bas, historiquement les régimes modernes se sont construits pour ne pas être des démocraties.

                  Ce n’est pas qu’un détail, le sens des mots a son importance.

                  Point 2 : en fait ma critique est la suivante : vous vous axez sur la critique de l’ochlocratie (et non de la démocratie, je mets le bon mot) mais pas sur celle de  l’oligarchie. Le problème avec les aristocrates, c’est la critique de l’horizontalité (qui est souvent pertinente) mais l’absence de critique de la verticalité. Moi je pense que pour critiquer les régimes modernes, il faut critiquer les deux.

                  Sinon, pour des passages de Le Bon, je ne vais pas encombrer mon commentaire, de plus le livre doit être pris en entier. Ca fait un moment que j’ai lu le livre mais je vous renvoie au troisième chapitre, la partie consacrée à l’imagination des foules ou il explique « Qui connaît l’art d’impressionner l’imagination des foules connaît aussi l’art de les gouverner. ». Un chapitre assez extraordinaire ou il explique que tout l’art de conduire la foule est de glisser le contenu-message dans le contenant-image, sans altérer l’image que la foule adore, et donc si possible en faisant du contenant le contenu ( c’ est du marketing smiley )

                  Corréler cela à la partie sur les meneurs et au fait que les foules sont dangereuses et qu’elles peuvent devenir morales si une élite les conduit (« Ne nous plaignons pas trop que les foules soient guidées surtout par l’inconscient et ne raisonnent guère »).

                  Quand on prend le livre en entier on voit bien ou il voulait en venir, Bernays et Gobbels en tireront les conséquences.

                  Point 3 : concernant votre critique, je la comprends très bien. Je pense aussi que ce ne sont pas les gens rationnels qui font l’histoire (j’ en discutait avec Gueguen sur Lenine  , j’ ai pris un malin plaisir à remuer le couteau dans la plaie de l’ excellent Gueguen qui souhaiterait que les humains exercent leur raison et sens critique smiley  ).

                  Au fait par la même occasion je vous conseille un chapitre de Machiavel dans ses discours sur la première décade de tite live « La foule est plus sage et plus constante qu’un prince » pour contrebalancer les points de vue.

                  Ce qui est intéressant, c’est que Machiavel et Le Bon se rejoignent sur certaines choses (la nécessité de manipuler les foules « Machiavel a écrit un chapitre fameux sur l’instrumentalisation de la religion) mais s’opposent sur d’autres.

                  Bref , c’ est une question difficile , je n’ ai pas d’ opinion arrêtée , je réfléchis aussi à ça , réfléchissons ensemble ( sans tomber dans notre travers commun , celui de chercher à avoir absolument raison smiley ).


                • vote
                  micnet 5 février 2014 13:44
                  Bonjour Machiavel,

                  J’en viens à vos remarques :

                  Point 1

                  "Tocqueville ne pouvait pas critiquer la démocratie en Amérique tout simplement parce que ça n’a jamais existé là bas, "
                  ---> Très sincèrement, je ne comprends pas cette remarque dans la mesure où le sujet n’est pas de savoir si l’Amérique était ou n’était pas une authentique démocratie du temps de Tocqueville mais de la critique qu’il faisait de la démocratie en général (c’est à dire dans son essence même) et de la "tyrannie de la majorité" (donc du nombre) en particulier, tout comme sa critique de la passion des peuples pour l’égalité au sens large. Et de ce point de vue, notamment sur l’importance inhérente au "nombre", il y a une convergence de vue plus qu’évidente entre Tocqueville et Le Bon.


                  Point 2

                  "vous vous axez sur la critique de l’ochlocratie (et non de la démocratie, je mets le bon mot) mais pas sur celle de l’oligarchie. Le problème avec les aristocrates, c’est la critique de l’horizontalité (qui est souvent pertinente) mais l’absence de critique de la verticalité. Moi je pense que pour critiquer les régimes modernes, il faut critiquer les deux."
                  ---> Et bien premièrement, je vous certifie que Gustave Le Bon, (je vais préciser "selon moi" pour vous faire plaisir smiley) ne se contente pas d’exercer une critique seulement de l’ochlocratie (foules) mais qu’il critique AUSSI la démocratie en tant que telle. (relisez mon extrait sur le suffrage universel). D’ailleurs, si vous lisez "psychologie du socialisme", c’est encore plus net.
                  Deuxièmement, vous me dites que je ne mets pas l’accent sur la critique de l’oligarchie ? Je ne l’ai certes pas fait ici mais je n’ai aucun problème pour le faire dans la mesure où l’oligarchie, comme vous le savez, n’a rien à voir avec l’aristocratie (= gouvernement des "meilleurs") mais à tout à voir avec du parasitisme qui n’est qu’une conséquence de la démocratie, donc de l’horizontalité. Là où je suis en désaccord total avec vous, c’est que l’oligarchie, (du moins celle à laquelle vous pensez en me parlant de BHL et de tous les "lobbies" en général) n’a strictement aucun rapport avec une quelconque verticalité. La verticalité est une inégalité naturelle, pas une inégalité subie et injustifiée.

                  Point 3

                  Concernant l’importance à accorder à la raison, je vais certainement vous surprendre mais je n’ai pas de vraies certitudes sur ce sujet smiley. En fait, lorsque Eric Gueguen évoque l’importance pour les humains en général à exercer le plus possible leur ’raison’, je suis d’accord avec lui surtout à notre époque où tout devient de plus en plus irrationnel. Par exemple, au travers de nos échanges ici, je pense que seule la raison devrait importer.
                  Par contre, s’agissant des hommes de pouvoir, je pense que c’est bien plus complexe car, selon moi toujours, ceux qui exercent le pouvoir devraient faire partie de l’élite (toujours ma verticalité) et donc tendre vers la grandeur. Or pour tendre vers celle-ci, la ’raison’ à elle-seule ne suffit pas car il faut en plus ce petit ’grain de folie’ qui pousse l’homme de pouvoir à "forcer" quelquefois les événements, donc à prendre des risques. Pour l’illustrer, je prendrais l’exemple de Pétain et de De Gaulle. Ainsi Pétain, lorsqu’il signa l’armistice et entreprit sa politique de collaboration s’est inscrit dans une démarche parfaitement rationnelle : il a pris en compte le contexte, les rapports de force en présence et en a conclu que la seule voie possible (la moins mauvaise) pour la France était d’engager une collaboration active avec l’ Allemagne. Par contre DeGaulle, et tous ceux qui l’ont suivi dès 1940, ont agi avant tout par passion patriotique.
                  De même, selon moi, François hollande, quelques soient ses défauts par ailleurs, me semble être quelqu’un de parfaitement rationnel, trop même et c’est justement ça le gros problème de la France depuis 40 ans : tout est terne, fade, froid,...il n’y a plus aucune prise de risque, les politiques n’entreprennent plus rien de sérieux, ils subissent tout et gèrent le pays de manière purement comptable. De manière générale, le gros problème des politiques est qu’ils n’ont plus de sens patriotique. Or le patriotisme n’est pas rationnel. Et pourtant, c’est un sentiment qui élève les hommes dans cette verticalité qui manque tend aujourd’hui...

                • vote
                  maQiavel maQiavel1983 5 février 2014 15:47

                  Pour le point 1 : Tocqueville faisait une critique de la démocratie en général mais sur quel régime démocratique s’est il appuyé pour faire sa critique ?

                  Je n’ai pas lu Tocqueville, je compte le faire, mais quand je lis des passages de ses écrits, ce qu’il appelle démocratie a bizarrement toutes les caractéristiques de l’ochlocratie…

                  Point 2  : Le suffrage universel est purement ochlocratique et pas démocratique.

                  "Tyrannie de la majorité" (donc du nombre) ? Ce n’est pas la démocratie. A moins de considérer aussi que l’aristocratie est à son tour la tyrannie de la minorité et du petit nombre, moi j’appelle ça oligarchie, de la même manière tyrannie de la majorité j’appelle ça ochlocratie …

                  -l’oligarchie, comme vous le savez, n’a rien à voir avec l’aristocratie 

                  R / Oui, je le sais très bien, tout comme la démocratie n’a rien avoir avec l’ ochlocratie.

                  La verticalité est ce qui s’élève au dessus des parties constituantes. L’oligarchie est une verticalité (mais vous pouvez considérez qu’elle est inversée (pour reprendre un terme à la mode) et que l’aristocratie est une verticalité réelle, mais dans tous les cas, il y’ a bien verticalité (naturelle ou pas, c’est une question de point de vue et donc relative, c’est le fait que des gens s’élèvent au dessus des autres qui est un critère objectif).

                  Moi mon point de vue est qu’il y’ a de bonnes horizontalités mais aussi de mauvaises. Il y’ a de bonne verticalités mais aussi de mauvaise.

                  Il y’ a des horizontalités qui permettent ( ou non ) l’expression de la meilleure verticalité , des verticalité qui empeche ( ou non ) l’ expression de la meilleure horizontalité.

                  Je pense que c’est Gueguen qui l’exprime mieux que moi :

                  « La démocratie, en ce sens, est un régime prenant en compte la totalité de la société, c’est sa grande vertu. Mais cette vertu est assortie d’un vice : elle nie l’hétérogénéité des êtres qui la constituent et ne tolère que l’uniformité. En clair, la démocratie bride les capacités les plus manifestes, donc toute verticalité.
                  De son côté, l’aristocratie a le grand mérite, la grande vertu de faire droit à cette hétérogénéité, d’assumer la diversité des êtres, leur singularité, leurs talents épars. Mais une fois de plus cette vertu s’accompagne d’un vice sévère : celui de n’avoir de considération que pour une minorité eu égard, généralement, à son sang ou à sa richesse. Pour être bref,l’aristocratie bride le champ de recherche du talent, donc toute horizontalité.
                  J’appelle à présent puissance politique l’aire générée par la verticalité et l’horizontalité prises en compte. Il est alors évident que le régime le plus capable sera celui qui permettra l’étendue la plus grande de ces deux dimensions, champ de recherche du talent en abscisse, utilisation effective de ce talent en ordonnée ».

                  Point 3 : je n’ai pas d’opinion arrêtée non plus. Mais il faut certainement pour les gouvernants une part d’irrationnel et de rationnel.

                   


                • 2 votes
                  maQiavel maQiavel1983 5 février 2014 16:57

                  Je viens de lire un chapitre de Tocqueville "Du gouvernement de la démocratie en Amérique » (très intéressant par ailleurs), je confirme, ce qu’il appelle démocratie n’en est pas une, il appelle du régime représentatif qui est un régime mixte entre ochlocratie et oligarchie.

                   

                  Tocqueville tronque le mot démocratie mais il n’est pas le premier. Erca avait écrit un article sur la récupération du terme »démocratie « pour décrire le régime actuel  que je conseille ardemment à tous le monde.


                  • vote
                    micnet 5 février 2014 21:24

                    @Machiavel


                    D’abord, si nos échanges vous ont incité à lire Tocqueville, j’en suis ravi smiley

                    Sinon, je souscris pleinement à ce qu’ a écrit Eric Gueguen sur la démocratie et l’aristocratie. Pour en avoir débattu longuement avec lui, je sais que nous sommes globalement en phase sur ce sujet et que sa préférence en matière de régime politique, tout comme moi, va pour un régime "mixte" entre une démocratie et une aristocratie. Lui utilise le terme de "démocratie ordinale".
                    Et pour en revenir à cette histoire de verticalité, je pense que vous l’avez bien compris, je ne plaide pas pour une pleine et entière aristocratie verticale qui ne peut conduire qu’à un totalitarisme avec le rétablissement de l’esclavage à la clef. Si donc, je plaide aujourd’hui pour un retour à une certaine verticalité, c’est parce que j’estime que nous subissons un "totalitarisme horizontal" et égalitariste exactement inverse et qui ne peut mener qu’à une uniformité généralisée. (la théorie du genre, le mondialisme... n’étant que des conséquences logiques de cette égalité sacralisée).
                    Mais peut-être qu’en creusant un peu, on se rendra compte, au final, que nous ne sommes pas si en désaccord que ça smiley

                    • vote
                      maQiavel maQiavel1983 5 février 2014 21:53

                      -D’abord, si nos échanges vous ont incité à lire Tocqueville, j’en suis ravi

                      R / J’ ai sélectionné une série de chapitre de la démocratie en Amérique faute de le lire au complet , je lirai ces chapitres avec attention. 

                      Avez vous lu le lien que j’ ai mit plus haut sur Machiavel et son chapitre "La foule est plus sage et plus constante qu’un prince" ? Je vous le conseille vivement , c’ est l’ antithèse de Le Bon.Si vous le lisez , faites moi savoir ce que vous en pensez.
                      Cordialement micnet.



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