Ecoutez-bien, Monsieur, les mots employés. Il s’agit de "détecter" des comportements pouvant conduire à la délinquance. Il est bien précisé qu’on parle d’enfants en bas âge ("plus tôt" on intervient...). Je crois bien aussi avoir entendu les mots "nounou", "instituteurs". C’est donc d’enfants à partir de la maternelle qu’il est question. Donc ; "détecter". Pas éduquer, observer, ou prévenir. Non : détecter. Comme on détecte une maladie. J’ai un enfant de 3 ans et si quiconque s’avisait de "détecter" que mon enfant est atteint de délinquance potentielle galopante et me les signalait, il prendrait un pain dans la tronche direct. Quitte à ce qu’il y ait un délinquant dans la famille, j’assumerai le rôle à sa place, comme ça. Non mais. On (école, services sociaux, parents, voisins, etc) ne "détecte" pas un délinquat potentiel chez un môme de 3 ans, monsieur. On l’accueille, on l’éduque, on fait avec son milieu social -ce que ne fait plus l’école publique actuellement qui préfère mettre à l’écart les gamins qui lui posent problème, qu’ils soient atteints d’un handicap, un peu retardés ou pénibles -, on tente de lui donner la meilleure éducation possible, on s’implique un minimum, et si les parents lui tapent dessus, on essaie quand on est un citoyen concerné de le signaler aux services sociaux et aux flics. Bref, on l’aide. Mais détecter le futur délinquant grâce aux "scientifiques" de mes fesses qui "le disent tous" (pas très cientifique comme argument, ça), sans moi. Je vous signale qu’il existe déjà dans les écoles des psys scolaires, assistantes sociales et instits spécialisés dont une des missions consiste déjà à tenter de recadrer les enfants qui ont des problèmes d’intégration ou d’apprentissage à l’école. Pas besoin de les détecter, du reste : ces enfants là se voient comme le nez au milieu de la figure, hélas. On ne parle pas encore de délinquance, ils ne volent pas de motos à cet âge. Mais ils filent des coups de pieds à leurs petits camarades et emmerdent la maîtresse. Bien sûr qu’il y a des solutions : ouvrir plus de classes d’intégration scolaire (CLIS) pour ceux qui sont à côté de leurs pompes à cause d’un handicap intellectuel ou moteur. Actuellement, à Paris, il y a une 30aine de classes de ce type pour toute la capitale. On peut aussi augmenter le nombre d’assistantes sociales et de psys dans les écoles pour ceux dont le problème est "comportemental". Actuellement, il y a tellement peu de postes que les établissements doivent se les partager : on a des conseillères d’éducation volantes et des psys scolaires épisodiques qui volent d’établissements en établissements. On peut aussi multiplier les associations (d’aide aux devoirs notamment) et les centres d’apprentissage pour adultes pour les parents analphabètes et paumés. Et puis accessoirement, trouver du boulot aux parents chômeurs. Que des solutions lourdes, coûteuses, à long terme. Mais vous préférez sans doute les solutions miraculeuses, flash, faussement pragmatiques et qui ne coûtent rien à proférer puisqu’elle ne renvoient à aucune mise en pratique. J’allais oublier : avant de se préoccuper de savoir si un enfant sera délinquant dans la société qui est la sienne, il me semble que la mission des adultes qui l’entourent devrait d’abord être de savoir s’il sera heureux, s’il pourra se réaliser, s’apanouir en tant que personne libre de ses choix, responsable de son destin. Bref, se soucier de son avenir à lui. Il me semble que notre mission à tous, parents et futurs parents, devrait être de nous soucier de l’avenir de nos enfants avant de penser à la menace potentielle qu’ils peuvent représenter. Et de mouiller notre chemise pour qu’aucun d’entre eux ne soit considéré comme bon pour la poubelle. Alors seulement, la menace cesserait d’être.