Thrilla in Manilla : Mohamed Ali contre Joe Frazier
Ce documentaire est une contre histoire de la rivalité entre deux grands boxeurs poids lourd : Mohamed Ali et Joe Frazier. Cette contre histoire est très peu flatteuse pour Ali.
Elle débute en 1966, lorsque Mohammed Ali refuse de servir dans l’armée américaine engagée dans la guerre du Viêt Nam argumentant qu’il n’a « rien contre le Viêt-Cong » et qu’« aucun Vietnamien ne m’a jamais traité de nègre ». Le 28 avril 1967, il refuse symboliquement l’incorporation dans un centre de recrutement et le 20 juin, il est condamné à une amende de 10 000 dollars et à 5 ans d’emprisonnement, perdant également sa licence de boxe et son titre.
Joe Frazier devenu entre temps champion du monde l’a soutenu moralement, financièrement, a fait en sorte de le maintenir sur le devant de la scène et l’a aidé à récupérer sa licence.
Une fois Ali sur les rails, il paiera sa dette envers Frazier par le mépris. L’attitude de Mohammed Ali va changer radicalement et nourrira une haine profonde entre les deux anciens amis. Les deux hommes se retrouvent embarqués dans une lutte acharnée pour gagner le cœur de l’Amérique noire.
Mohammed Ali était un racialiste (qui prendra même la parole lors d’un rassemblement du klu klux klan comme il s’amuse à le raconter) appartenant à l’organisation militante noire « nation of islam » revendiquant la ségrégation raciale. Ses attaques contre Frazier ont naturellement une connotation raciale : il l’accusera d’être un traitre à la communauté noire et d’être d’être pris en charge par des hommes d’affaires blancs. Il le traitera d’oncle tom, d’idiot sans envergure, sans intelligence et incapable de s’exprimer. Avant le combat de Manille, il sortira un gorille en caoutchouc censé représenter l’âme de Frazier.
La campagne de dénigrement lancé par Ali contre Joe frazier va avoir des effets immédiats dans la communauté noire : Ali a déclaré que tous les noirs qui soutenaient son adversaire étaient des traitres.
L’Amérique est coupée en deux : ceux qui soutiennent Mohammed Ali sont noirs, contre la guerre au Viêt Nam et pour les droits civiques. Ceux qui soutiennent Joe Frazier représentent l’Amérique blanche conservatrice.
Pourtant Frazier était un prolétaire noir vivant dans un quartier pauvre de Philadelphie et qui est allé travailler dans les champs à l’âge de 7 ans alors qu’Ali n’avait jamais travaillé de sa vie. Frazier représentait exactement le type d’hommes qu’Ali prétendait défendre.
D’ ailleurs, à la fin de leurs carrières respectives, Mohammed Ali a cédé 80% de la société qu’il avait crée afin de gérer son nom et son image pour 50 millions de dollars tandis que Joe Frazier vivait dans un deux pièces à l’arrière de sa salle de boxe dans un ghetto avant de décéder. Comme toujours le combat racial occulte les réalités de classe.
Ali fait son retour sur la scène de la boxe et après avoir remporté quelques combats, il prendra le risque de se mesurer à Frazier. Très attendu et médiatisé, ce combat est surnommé « le combat du siècle », premier championnat du monde entre deux champions invaincus totalement opposés dans le style, il est le premier des grands affrontements qui marqueront l’histoire de la boxe dans les années 1970.
La rencontre a lieu le 8 mars 1971 au Madison Square Garden. Cet affrontement se soldera par la première défaite d’Ali et mettra fin à son souhait de finir invaincu. Ali en voudra toujours à Frazier. Il prend ensuite sa revanche aux points le 28 janvier 1974 au Madison Square Garden de New York. Leur rivalité continuera de plus belle, Ali et Frazier en viendront même aux mains devant les caméras lors d’une émission de télé.
Redevenu champion du monde, Ali défie de nouveau Frazier pour un combat le 1er octobre 1975 à manille surnommé « Thrilla in Manilla ».
À l’approche du combat, le champion en rajoute en provocation et attise la colère de Frazier.
Les deux hommes se détestent, la rancœur accumulée entre ces deux champions pendant des années atteint son paroxysme à Manille. Ils ne boxeraient pas pour le titre de champion du monde poids lourd mais pour se détruire. Il ne s’agissait plus de boxe mais de guerre.
Pour certains, le combat de manille, point final à une rivalité fantastique, était l’un des plus grands combat poids lourd de l’histoire, l’un des plus violent également.
Des décennies plus tard, Ali a présenté à quelques reprises ses excuses à Frazier pour la virulence de ses propos mais ce dernier ne lui a jamais pardonné.
En parlant de son rival, Joe prenait plaisir à répéter : "Tout ce qu’il a fait au cours de sa vie, c’est ressorti plus tard lorsqu’il s’est mis à vieillir. Peu importe qui on est. Tout ce que l’on fait lorsqu’on est jeune, ça revient te sauter à la figure. Et tout ce qu’on dit. Dieu n’oublie rien. (...) Je suis fier de montrer au monde entier les dégâts que j’ai pu faire sur son corps et son cerveau. Il n’y a qu’à regarder".
Cette haine éternelle se propage même jusqu’à la messagerie téléphonique de Frazier. Avant sa mort, quand vous l’appeliez et qu’il ne répondait pas, vous aviez droit à cela : "Je flotte comme le papillon, je pique comme la guêpe. J’ai fait le boulot. Vous n’avez qu’à aller voir."
Source :NoLimitBoxingClub
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