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Accueil du site > Tribune Libre > Dominique Pagani : Rousseau, un monde qui commence !

Dominique Pagani : Rousseau, un monde qui commence !

Trois premieres parties de l’entretien avec Dominique Pagani au sujet de Jean-Jacques Rousseau.
 

 
"Je me dois d’obeir à la loi quand elle exprime le droit mais j’ai le devoir de me rebeller contre elle quand elle n’exprime que la force"
 

Une autre lecture de Rousseau.

Partie 1 : Présentation - Rousseau - Clouscard - la greve - l’UE.



 
Partie 2 : Avec Rousseau, un monde commence ! 
 
 
 
Partie 3 : Le mythe du bon sauvage - Detour par Marx et le marxisme.


 
 
La suite bientôt...

 

Tags : Livres - Littérature Société Culture




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43 réactions à cet article    


  • 3 votes
    Schweizer.ch 24 septembre 2014 09:47

    Rousseau a écrit :


    « Quiconque refusera d’obéir à la volonté générale y sera contraint par tout le corps : ce qui ne signifie autre chose sinon qu’on le forcera d’être libre. »*

    ...ce qui constitue la base de tous les totalitarismes ! Communiste, fasciste, nazi, franquiste, européiste...

    * Et celui qui refuse catégoriquement d’être libre, on l’exauce en le mettant dans un camp de concentration.


    • vote
      la mouche du coche 24 septembre 2014 22:13

      Ce monsieur est rigolo à entendre mais il n’est en fin de compte qu’un marxiste : il a réponse à tout, ces raisonnements sont parfaits mais aboutissent finalement à quoi ? A rien. Il ne propose rien.

      Il est buté sur son horizon indépassable qu’il n’arrive pas à dépasser comme une mouche devant une vitre, et finalement à part critiquer plus ou moins tout, QU’EST-CE QU’IL PROPOSE ? L’absence de proposition d’un monde nouveau par les marxistes, laisse un grand vide, rapidement comblé par Apple, coca-cola, et G Bush qui eux vont nous offrir un avenir. C’est pourquoi, toujours et qu’ils le veuillent ou non, les marxistes sont les destructeurs du monde et les meilleurs alliés du capitalisme.

      La preuve : ce type n’a jamais été inquiété à aucun moment de sa vie par le système ultra-libéral. Celui-ci au contraire l’adore et on comprend pourquoi. smiley


    • vote
      la mouche du coche 24 septembre 2014 22:27

      Relevons la stupidité profonde, fondamentale ontologique du marxisme : pour supprimer la lutte des classes, il faut supprimer les classes. (partie 2 : mn 36 env ;)
      .
      C’est comme si j’allais chez le médecin : j’ai mal au bras. Le médecin : Et bien pour supprimer votre mal au bras, il faut supprimer le bras. !! smiley
      .
      Voilà le raisonnement infantile absolu des marxistes. Comment un raisonnement aussi crétin a-t-il put tenir pendant un siècle sur la moitié du monde ?


    • vote
      la mouche du coche 26 septembre 2014 21:34

      Moment très émouvant tout à la fin à la minute 38.55
      La non réponse du diable à qui l’homme demande "un plat tellement bon que tu en mangerais midi et soir" rappelle furieusement le magnifique passage du Christ et de la samaritaine à qui celui-ci promet  : "celui qui boira de l’eau que je lui donnerai, moi, n’aura plus soif à jamais" Notez comme à la même question, le diable ne donne rien, quand le Christ lui donne et éternellement.
      .
      Pauvres marxistes ! Si cultivés, si courageux, rêvant si fort de "vivre libre sur une terre libre". Hélas, ils se sont trompés. Ils aiment Faust et citent le diable, quand il aurait fallut aimer Jésus et apprendre sa parole.
      Ils s’en iront les plus misérables du monde, sans amour, sans être regrettés, alors qu’ils auraient put faire tant de si belles choses sur cette terre au lieu de la détruire. smiley


    • 1 vote
      ffi 24 septembre 2014 13:54

      "Je me dois d’obéir à la loi quand elle exprime le droit mais j’ai le devoir de me rebeller contre elle quand elle n’exprime que la force"
       
      Remarquons déjà que cette phrase ne donne que des obligations. Quand Pagani dit que pour Rousseau, le fondement de l’homme est la liberté, c’est assez surprenant...
       
      De plus, il y a dans cette phrase une confusion entre la notion de droit (le jus romain), qui consiste en des arbitrages rendus et des dispositifs fondés par un personnel politique, et la notion de loi, qui consiste en des nécessités valables ad vitam aeternam lesquelles ne sont pas du ressort des hommes eux-mêmes, mais du réel (ex : la loi de gravitation pour prendre un exemple physique) : nécessité fait loi.
       
      Le sophisme est encore plus grand encore quand on en revient à l’étymologie.
      Obéir, vient du latin oboedire, qui signfie "se mettre à l’écoute" (préfixe "ob-" vers + audire "écouter" = oboedire).
       
      Par conséquent, "obéir à la loi" = "se mettre à l’écoute des nécessités".
      Si il vaut toujours mieux être à l’écoute des nécessités,
      alors il faut toujours obéir aux lois.
       
      En revanche,
      puisque le droit est constitué des arbitrages rendus et des dispositifs fondés par le personnel politique,
      si ce personnel politique est stupide ou déviant,
      il est possible que ce droit constitué par lui contrevienne aux nécessités.
       
      Dans un tel cas, il vaut mieux désobéir au droit,
      que cela plaise ou non au personnel politique.
       
      Une fois corrigé tous les sophismes, on peut donc reformuler la phrase ainsi.

      "Je dois toujours obéir à la loi mais je ne dois obéir au droit que s’il ne contrevient pas à la loi."
       
      Prenons un exemple pour illustrer.
      Deux éléments de la loi :
      - une loi de vitalité : l’homme doit vivre.
      - la loi de la pesanteur : la chose doit tomber au sol.
       
      Si les juristes fondent le droit de sauter par le 12ème étage,
      alors il ne faut pas obéir au droit, car il dévie de la loi.


      • vote
        ffi 24 septembre 2014 14:10

        Maintenant, si j’applique la sentence de Rousseau à l’exemple précédent :
         
        "Je me dois d’obéir à la loi quand elle exprime le droit mais j’ai le devoir de me rebeller contre elle quand elle n’exprime que la force"
         
        Alors, j’ai le devoir de me rebeller contre la loi de la pesanteur, qui n’exprime que la force de pesanteur, et donc je me dois d’obéir au juge qui m’ordonne de sauter du 12ème étage... Rousseau est parfois un piètre penseur.

         
        Un droit subverti peut aussi exprimer des ruses (donc sans force) pour obliger un peuple à contrevenir aux nécessités.


      • 4 votes
        Elisa 24 septembre 2014 16:08

        @ ffi
        Votre analyse fait une confusion entre la loi, institution d’un contrat social, et la loi naturelle qui n’exprime qu’un ordre déterministe naturel.

        Ainsi les deux "lois" suivantes sont parfaitement hétérogènes :

        - une loi de vitalité : l’homme doit vivre.(ici il s’agit du droit de vivre institué par l’interdiction du meurtre)
        - la loi de la pesanteur : la chose doit tomber au sol.
        (là il s’agit de l’expression de la gravitation universelle à laquelle il est vain d’échapper)

        D’ailleurs si vous avez bien écouté Pagani, il dit lui-même que ceux qui veulent faire respecter un ordre fondé sur la force prétendent toujours que cet ordre est naturel.

        Alors que dans le Contrat Social Rousseau distingue radicalement l’état de nature de l’état social qui ne peut subsister légitimement que par un pacte institué.


      • vote
        ffi 24 septembre 2014 17:58

        Mais comment voulez-vous que je fasse la confusion, puisque j’utilise deux termes distincts, le droit et la loi, précisément pour distinguer entre ces nécessités que les politiques nous inventent, parfois arbitrairement, et ces nécessités qui ne sont pas du ressort de leur volonté ?
         
        C’est n’employer qu’un seul terme pour ces deux notions distinctes qui produit l’ambigüité et la confusion.
         
        La phrase de Rousseau embrouille complètement ces deux termes, jusqu’à les inverser totalement. Ne dit-on pas "la loi de la pesanteur", et non le "droit de la pesanteur" ?
         
        Les juristes ne produisent que du droit, mais jamais de loi.
        Une loi est une nécessité : elle s’applique sans besoin de la force des hommes.
        Il n’y a que le droit du juriste qui a besoin de la force des hommes pour être appliqué. Plus le droit du juriste est déviant par rapport aux vraies lois, plus il faut de force pour appliquer ce droit, ce qui est vain.
         
        Si des juristes ont prétendu faire la "loi", ce n’est que par excès d’orgueil, par une ambition manifestement démesurée. Mais les loi ne se font pas, elles nous préexistent. Le droit consiste à chercher et découvrir ces lois pour que la vie en société soit optimale.
         
        Par ailleurs, je ne peux que m’opposer à l’idée que l’interdit du meurtre soit une institution juridique : une société sans cet interdit ne peut subsister très longtemps. Elle aboutirait rapidement au chaos. Elle s’auto-détruirait. Pour preuve : toutes les sociétés existantes n’ont-elle pas l’interdit du meurtre ?
         
        Rousseau dit des bêtises : l’homme est par nature un être social, à l’image de tous les mammifères. En effet, comment un nourrisson pourrait-il survivre sans le concours de sa mère ? La première société de l’homme est sa famille.

        Comme celui qui naît ne peut pas instituer ceux qui l’on fait naître,
        l’homme ne peut instituer la société car elle lui préexiste.


      • vote
        ffi 24 septembre 2014 18:56

        Pour mieux montrer l’inversion de Rousseau :
        ---------------------------------------------------------
        Loi vient du latin "lex", qui dérive du verbe "legere" = lire.
        Les Romains lisaient dans les entrailles des animaux pour connaître la volonté des Dieux, telle était leur religion (cf Haruspices). C’est certes étrange, mais ils y croyaient, donc il s’agit bien dans l’esprit d’une manière de découvrir les nécessités à venir : la loi se découvre.
         
        Droit vient du latin "directus", qui dérive du verbe "derigere" (diriger, distribuer, aligner), lui même dérivé du verbe "regere" (diriger, commander, guider), lui-même dérivé de "rex, regis" qui signifie roi.
         
        Voilà pourquoi il faut donner au terme "la loi", le sens de "nécessité qui s’impose manifestement à nous", et au terme "le droit", le sens de "règles impératives édictées par le pouvoir politique".
         
        Que le pouvoir politique prétende faire des lois ne doit pas nous tromper, il ne fera jamais que du droit. Et si ce droit édicté par le pouvoir politique nous empêche de faire face aux nécessités, alors il ne faut pas lui obéir.
         
        Ainsi, il faut dire, le droit n’est respectable que s’il est conforme aux lois, et non l’inverse, comme s’embrouille totalement Rousseau.


      • 3 votes
        maQiavel maQiavel 24 septembre 2014 21:48

         

        ceux qui veulent faire respecter un ordre fondé sur la force prétendent toujours que cet ordre est naturel.

        ------> Exactement Elisa.


      • vote
        Qaspard Delanuit Qaspard Delanuit 25 septembre 2014 04:27

        "ceux qui veulent faire respecter un ordre fondé sur la force prétendent toujours que cet ordre est naturel."


        Non c’est faux, ou plus exactement complètement périmé. Actuellement, ceux qui veulent faire respecter un ordre fondé sur la force prétendent plutôt que cet ordre est humain et même humaniste. Les interventions militaires de l’Empire du Bien ne se font pas au nom de l’ordre naturel. Le "droit d’ingérence" (celui que j’ai de mettre ma main dans votre cul pour le civiliser) n’a pas besoin de se présenter comme naturel. Nous autres, chevaliers blancs de l’OTAN, envoyons des bombes sur des peuples qui ne nous ont pas agressés, non pour agir au nom de la nature mais parce que nous accomplissons notre devoir humanitaire. 

      • vote
        Qaspard Delanuit Qaspard Delanuit 25 septembre 2014 04:35

        Voilà pourquoi il faut donner au terme "la loi", le sens de "nécessité qui s’impose manifestement à nous", et au terme "le droit", le sens de "règles impératives édictées par le pouvoir politique".


        Vous avez peut-être raison, Ffi, mais votre recommandation n’a aucune chance d’être suivie, parce que le mot "loi" et des dérivés (légale, législation, légiférer, etc.) n’ont plus, ni dans les dictionnaires, ni dans le droit, ni dans la littérature, ni dans la sociologie, ni dans la philosophie, ni dans les habitudes, le sens que vous lui donnez. Donc, c’est bien beau de parler vrai et pur, mais si vous êtes tout seul et que personne ne vous comprend, à quoi ça sert ? 

      • vote
        Qaspard Delanuit Qaspard Delanuit 25 septembre 2014 04:36

        J’ai oublié de mettre la citation de Ffi entre guillemets : "Voilà (...) politique".


      • vote
        ffi 25 septembre 2014 07:39

        Je suis d’accord que les deux termes droits et lois ont finis par se recouper dans le langage courant depuis longtemps, puisqu’un régime de droit divin se voulait suivre les lois divines (qui sont les nécessités).
         
        Tout le monde comprend bien ce que signifie "loi physique", et tout le monde trouverait insolite de parler de "droit physique"... C’est la raison pour laquelle j’ai pris l’exemple de la loi de la pesanteur. Ce fut l’occasion pour moi rappeler une petite nuance.
         
        Mais remarquez que si loi et droit sont strictement synonymes, alors la phrase de Rousseau ne veut rien dire non plus... Et s’il ne sont pas strictement synonyme, alors Rousseau inverse les deux sens. C’est donc normal que les esprit soit confus.
         
        Pour parler un langage plus courant, il me suffit de traduire loi par nécessité :
        le droit n’est respectable que s’il se conforme aux nécessités.
         
        Autrement dit : Nécessité fait loi.


      • 1 vote
        maQiavel maQiavel 25 septembre 2014 13:32

        -Non c’est faux, ou plus exactement complètement périmé. Actuellement, ceux qui veulent faire respecter un ordre fondé sur la force prétendent plutôt que cet ordre est humain et même humaniste. 

        ------> Oui, disons que c’est périmé mais Elisa a raison sur le fait que par le passé ceux qui ont voulu faire respecter un ordre fondé sur la force prétendent toujours que cet ordre est naturel.


      • 2 votes
        Qaspard Delanuit Qaspard Delanuit 25 septembre 2014 13:58

        Par le passé oui, mais justement ce n’est plus vrai !! Et cela fait précisément partie de la grande INVERSION. Et c’est cela qui nous fait craindre l’ordre naturel au lieu d’y chercher notre salut, et c’est cela qui nous commande de nous précipiter nous-mêmes dans les bras de la tyrannie du faux humanisme. 


      • vote
        ffi 25 septembre 2014 14:02

        Difficile de régler ce qu’il en fut vraiment pendant les millénaires du passé et sur les cinq continents en une sentence aussi définitive. En France, c’est plutôt la locution "le bon plaisir du Roi" ou "car tel est notre bon plaisir" qui eut cours.


      • vote
        maQiavel maQiavel 25 septembre 2014 14:21

         

        -Par le passé oui, mais justement ce n’est plus vrai !! Et cela fait précisément partie de la grande INVERSION. 

        ------> Pour moi, c’est juste une différence de forme, dans le fond, hier les forts recouraient à un ordre naturel pour légitimer leur domination et aujourd’hui, ils recourent à un ordre humaniste et demain ils recourront sans doute à autre chose.

        Politiquement (telle que je l’ai définie sur l’autre fil) ce ne sont que des discours de légitimation de domination.

        PS : ce qui ne veut pas dire que je ne crois pas en un ordre naturel ou même humaniste, je n’aborde simplement pas la question.


      • vote
        Elisa 25 septembre 2014 14:26

        @ ffi
        Vous persistez dans la confusion entre nature et loi : la loi est le fait d’un législateur et sa légitimité ne s’inscrit pas dans l’ordre naturel mais dans un contrat tacite (la coutume) ou explicite (constitution) qui en fonde l’existence.
        Ce n’est ni le physicien, ni le biologiste qui légifère même s’ils énoncent selon peut-être un terme abusif des "lois" pour rendre compte d’un l’ordre naturel constamment provisoire parce que toujours réfutable.


      • vote
        Éric Guéguen Éric Guéguen 25 septembre 2014 14:59

        @ Elisa :
         
        Bonjour à vous.
        J’ai quelques questions à vous soumettre, si vous avez du temps devant vous :
         
        - Les droits de l’homme, sont-ils "naturels", ou de l’ordre de la convention ?
        - En quelle mesure peuvent-ils se prétendre "universels" ?
        - Êtes-vous certaine que l’"ordre naturel" soit "constamment provisoire" parce que "toujours réfutable" ? Aucun contre-exemple ne vous vient à l’esprit ?
         
        Cordialement.


      • vote
        Éric Guéguen Éric Guéguen 25 septembre 2014 15:07

        Gaspard, j’ai l’impression de me relire en vous lisant...
         
        Mach’, il n’y a pas d’ordre "humaniste". L’"humaniste" moderne est précisément allergique à toute idée d’ordre : chacun fait ce qu’il lui plaît. Demain vous désirerez que soit mentionné sur votre fiche quotidienne de référence (ou FQR, on ne dira plus carte d’identité, c’est trop réducteur et dangereux) que vous êtes une cucurbitacée ? Vous serez exaucé en tant que le mieux placé pour savoir ce que vous êtes instantanément. Fi de l’ordre naturel ! Le bon sens est fasciste.


      • vote
        maQiavel maQiavel 25 septembre 2014 15:25

        -L’"humaniste" moderne est précisément allergique à toute idée d’ordre 

        ------>Gueguen, il y’ a le discours de légitimation d’un coté et la pratique de l’autre. Lorsque des puissances vont bombarder au nom des droits de l’homme, c’est pour instaurer un ordre, leur ordre.

        Alors effectivement cet ordre n’est pas plus humaniste que l’ordre imposé par ceux qui ont instrumentalisé le catholicisme était chrétien, mais il existe bel et bien un ordre (je ne pose même pas la question de savoir s’il est bon ou mauvais).

        -chacun fait ce qu’il lui plaît

        ------> Tant que cela ne remet pas en question l’ordre en place et si ça le favorise, c’est encore mieux. Par contre, si vous le remettez en question dans vos actes vous vous retrouvez ostracisé au mieux et avec des missiles tomahawk dans la tronche au pire.


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        Éric Guéguen Éric Guéguen 25 septembre 2014 15:38

        Ce que je veux dire par là, Mach’, et la grande nouveauté sous nos latitudes, c’est que l’immuable n’existe plus. L’"ordre" que vous énoncez n’est là que pour renforcer, non pas de l’immuable, mais le goût du jour. Quand les organes de l’"ordre" dont vous faites état passent à l’action, ce n’est pas au nom d’un immuable, mais afin de pérenniser au contraire le mouvement perpétuel, une inconstance qui, en outre, lorsqu’elle devient tyrannique est bien plus difficile à combattre que la fixité. Mais de chastes âmes viendront vous dire que ce qui ne tient pas en place est, "par nature", exempt de toute tyrannie...


      • vote
        ffi 25 septembre 2014 17:07

        -------
        Chère Élisa,
        -------
        Permettez-moi de persister en effet. Dans le dico :
        ---------------------------------------------------------------
        Loi :
        II. ? Régularité générale constatable.
        A. ?
        Rapport nécessaire et constant entre des phénomènes naturels observés de façon répétée et énoncé sous forme de proposition ou de règle générale non impérative, mais sans possibilité pour l’homme de le modifier ou de s’y imposer par un acte de sa volonté.

        -----------------------------------------------------------------
         
        Comment pourrais-je confondre la nature elle-même avec les rapports nécessaires en son sein, les lois de la nature ?

        Ni le physicien, ni le biologiste n’énoncent de manière abusive le terme de loi.
         
        Ce sont les juristes qui le font : ils aiment à faire passer leur droit pour des lois, comme ils aiment à se faire passer pour des législateurs. Le droit est le fait des juristes. Le droit est la science juridique.
         
        Il faut bien deux termes pour distinguer entre, d’une part, les rapports qui ne dépendent pas de la volonté des hommes, et d’autre part, les rapports qui en dépendent. (Je sais, c’est terrible à dire, mais la volonté des hommes a des limites... ce que Rousseau semble occulter).
         
        Or, parmi les deux termes à notre disposition loi et droit, seul le terme loi a ce sens de rapport qui ne dépend pas de la volonté humaine.
         
        De fait, les lois de la nature s’imposent d’elles-mêmes, sans intervention humaine. Il n’y a que le droit du juriste qui nécessite l’intervention des forces de l’ordre juridique pour être appliqué. Si en effet le droit du juriste peut contrevenir aux lois de la nature, en revanche jamais les forces de l’ordre juridique ne pourront vaincre les forces de l’ordre naturel. Le droit ne peut être qu’une science qui étudie les lois de la vie sociale, sinon le fruit d’une démesure juridique précipiterait une décadence sociale.
         
        Ainsi, si les hommes peuvent désobéir aux lois, il ne peuvent éviter les conséquences de cette désobéissance, par conséquent, un droit qui contreviendrait aux lois ne peut être appliqué longtemps : mieux vaut donc y désobéir tout de suite (et en masse).


      • vote
        ffi 25 septembre 2014 17:50

        Éric Guéguen
        -----------------
        Quand vous écrivez :
         "Quand les organes de l’"ordre" dont vous faites état passent à l’action, ce n’est pas au nom d’un immuable, mais afin de pérenniser au contraire le mouvement perpétuel "
        Pourriez-vous donner quelques exemples concrets ?
         
        En effet, par définition, le mouvement perpétuel est quelque chose d’immuable.
        Prenez l’exemple du mouvement des planètes autour du Soleil, il obéit à des rapports constants. Donc immuable n’est pas synonyme de fixe ou figé. Il y a des dynamiques immuables.
         
        Tout homme est d’ailleurs pris dans ce genre de dynamique immuable. Il commence par naître, puis finit par mourir. Entre-temps, il alterne veille et sommeille, et pendant l’éveil, il faut au minimum qu’il mange et qu’il boive. Pour manger et boire, il faut qu’il s’active. La vie est une sorte de mouvement perpétuel, qui repose sur une dynamique immuable.
         
        Ne serait-ce pas plutôt que vous entendiez par là que le mouvement perpétuel auquel l’ordre établi nous invite n’est pas conciliable avec nos cycles naturels et que cela menace la pérennité de nos existences ? Autrement dit, pensez vous que le mouvement perpétuel qui nous est imposé nie à ce point les nécessités de nos existences que vous estimez qu’il met en péril nos vies ?
         
        C’est la raison pour laquelle j’aurais voulu que vous nous donniez quelques exemples concrets.


      • vote
        Éric Guéguen Éric Guéguen 25 septembre 2014 17:58

        Vous avez raison, l’emploi du mot "immuable" est ambigu car d’un côté j’ai l’air de me référer à quelque chose d’éternel dans le temps et de l’autre je déplore le mouvement constant dans l’espace.
        Ce que je veux dire par là, et pour prendre un exemple, c’est que notre époque ne verrait pas d’un mauvais œil l’emploi de la science pour faire en sorte qu’advienne la possibilité pour les hommes de tomber enceints. Le "contre-nature" a vocation à ne plus rien vouloir dire. C’est le déterminisme qui est visé, tout ce qui peut ressembler à une "loi" qui n’aurait pas été élaborée dans et par le cerveau humain.


      • 2 votes
        Elisa 25 septembre 2014 18:36

        Pour répondre sérieusement à ces questions il faudrait un vaste colloque ou un ouvrage qui déborde immensément le cadre de ce commentaire.

        Mais bref (c’est le cas de le dire) tentons de répondre très imparfaitement.
        1-Les droits de l’homme ont été énoncés dans un contexte historique qui permet d’en éclairer le sens : pour sortir de l’arbitraire des édits royaux ou des privilèges de l’aristocratie, il fallait trouver des droits qui puissent être admis par tous parce que n’émanant d’aucune instance transcendante (religieuse ou coutumière).
        Il fallait donc une convention qui puisse être admise comme universelle, non pas parce qu’elle est naturelle (la nature est, elle n’impose rien) mais parce que s’imposant à tous, chacun peut s’y soumettre sans s’aliéner ou s’asservir.
        Rousseau disait en substance une loi telle que chacun s’y soumette sans obéir à quiconque.

        2-C’est parce qu’ils sont universels en théorie qu’ils permettent à chacun d’accepter l’autre. Ici on peut penser à deux auteurs, Kant et Levi-Strauss .
        Kant universalise la morale par la maxime suivante : "Agis de telle sorte que tu considère l’humanité en ta personne et en celle d’autrui toujours comme une fin, jamais comme un moyen."

        Dans son discours, Race et Histoire , Levi-Strauss dit "Le barbare, c’est celui qui croit en la barbarie". Autrement je ne suis humain que si je reconnais l’autre comme tel, qu’il soit proche ou lointain, semblable ou différent.

        3-La dernière question est d’ordre épistémologique et renvoie à un vieux débat du xx° siècle. La science progresse-t-elle par rupture ou continuité ?

        Qui a raison, Auguste Comte et les positivistes ? ou Bachelard et les adeptes de la rupture épistémologique ?

        Probablement les uns et les autres selon les époques et les disciplines.

        En revanche une science n’est jamais achevée et donc théoriquement toujours réfutable (Karl Popper).

        Une théorie scientifique qui prétendrait avoir le dernier mot pzerdrait son caractère de scientificité pour devenir une doctrine.

        C’est toute la question de la scientificité de la théorie freudienne : à vouloir faire tout entrer dans son paradigme explicatif, il quitte le terrain scientifique auquel pourtant il se voulait si attaché.

        J’espère que ces quelques propos nécessairement lacunaires et un peu décousus vous permettront cependant de réfléchir à ces sujets.


      • 1 vote
        Elisa 25 septembre 2014 18:38

        PS : mon dernier commentaire s’adresse au dernier de Gueguen


      • vote
        ffi 25 septembre 2014 19:45

        Elisa :

        Quelle est la différence entre une coutume et une convention ?
        Une coutume est une convention issue du passé et qui subsiste à travers les générations. Or, les "droits de l’homme" ne sont-il pas une convention du passé qui subsiste encore aujourd’hui ? Ils sont donc une coutume.

        De plus, le corpus des droits de l’homme n’est-il pas issu d’une instance transcendante, l’assemblée constituante, où pullulaient d’ailleurs ces mêmes juristes qui faisaient déjà leur loi sous la monarchie ?
         
        Donc je n’y vois pas de changement dans les principes, mais un simple jeu de chaise musicale. Je ne vois pas non plus pourquoi ce qui fut après la révolution serait plus acceptable que ce qui fut avant. Il ne suffit pas de clamer que c’est universel pour cela. Tout cela, c’est de l’idéologie et de la mythologie révolutionnaire.
         
        Ce que je vois, dans le réel, c’est notre patrimoine. Or je trouve que celui d’avant la révolution est généralement de meilleure qualité.
         
        Pour comparer les deux systèmes, il faut se demander :
        Le droit actuel nous permet-il de mieux faire face aux nécessités que nous avons, et nous impose-t-il moins de nécessités superflues que le droit ancien ? Mais c’est difficile de comparer le présent et un passé révolu.
         
        Cependant, quand je vois toutes les nécessités superflues que le juristes nous inventent, aux prix de systèmes toujours plus compliqués et tirés par les cheveux, je pense que le système actuel est vraiment pourri.
         
        Par exemple, on m’invente le devoir de payer un parcmètre pour garer mon véhicule près de chez moi. Autre exemple, si je suis sans emploi, alors que j’ai la nécessité de travailler pour subsister, il me sera néanmoins interdit d’aller vendre dans la rue quelque chose que j’aurais produit chez moi, comme par exemple de la nourriture, car ce serait de la vente sauvage.
         
        Pour moi, c’est très clair, le système actuel non seulement m’invente des nécessités qui n’existent pas, mais en plus m’empêche de faire face aux nécessités que j’ai.
         
        C’est donc un droit qui n’est pas conforme aux lois et la désobéissance ne peut aller qu’en grandissant.


      • 3 votes
        Éric Guéguen Éric Guéguen 25 septembre 2014 21:03

        @ Elisa :
         
        Merci pour ces réponses très claires.
        Je vais malheureusement devoir être fort concis à cette heure, n’y voyez pas une dérobade. Je dirais qu’à mes yeux les droits de l’homme ne sont pas naturels au vrai sens du terme, mais qu’ils tendent à le laisser entendre, par commodité, sachant pertinemment, eux aussi, que ce qui peut se targuer du label "naturel" a plus de chances de s’imposer... fût-ce à coups de missiles air-sol en Irak, an Syrie ou en Afghanistan. Donc pour moi, les droits de l’homme auront beau se présenter à tous les peuples comme un cadeau, ils resteront toujours un parchemin fondamentalement occidental, l’alibi d’un impérialisme moderne qui refuse de dire son nom (en Russie, en Chine ou en terre d’islam notamment, lorsque l’on conspue ces pays eu égard aux droits de l’homme bafoués et que des représailles s’ensuivent).
         
        Et pour ce qui est du naturel, je pense pour ma part - en définissant la nature comme ce qui rend l’homme contingent, terrible humiliation - qu’elle impose un certain nombre de choses, biologiques en particulier, qui sont pour nous autant de contraintes viagères. Du point de vue métaphysique à présent, j’aime assez l’image de l’homme en tant qu’animal particulier, claquemuré entre deux limites. Une limite basse qui est celle du simple instinct, comme tout autre animal, et une limite haute qui est celle d’une liberté liberticide, d’actions véritablement contre-nature mettant en danger la pérennité de l’espèce du fait d’un libre arbitre imaginé à tort sans la moindre entrave.
         
        Bonne soirée, et merci pour cet échange.
        EG


      • 3 votes
        Éric Guéguen Éric Guéguen 24 septembre 2014 15:46

        Intéressant, merci (sauf la première vidéo sur les grévistes, très onirique, très gôôôôche).
        Mais il vaut mieux lire Rousseau, directement, afin de voir de ses propres yeux les forces et les faiblesses du personnage.


        • 3 votes
          Éric Guéguen Éric Guéguen 24 septembre 2014 16:01

          On est quand même davantage dans la posture de gauche qu’avec Clouscard. Le "réactionnaire" a toujours bon dos, alors que Clouscard, à sa manière, l’était lui-même. Mais enfin Pagani nous invite à lire Clouscard, Rousseau, et même Lordon. C’est déjà pas mal et suffisamment rare pour apprécier.

          À voir donc...


        • 3 votes
          Éric Guéguen Éric Guéguen 24 septembre 2014 16:15

          "Tous les réactionnaires éprouvent le besoin d’en appeler à la nature"...
          Est-ce que cela inclut les droits de l’homme dits "naturels" ou les chantres d’un "état de nature" ? smiley


        • 2 votes
          Éric Guéguen Éric Guéguen 24 septembre 2014 21:59

          "Ce que l’homme a fait, l’homme peut le défaire".
          Exact :
          - L’homme est-il à l’origine de la reproduction de l’espèce ? Non. Il doit la subir.
          - L’homme est-il à l’origine du mariage pour tous ? Oui. Il peut donc le "défaire".
          Rousseau est difficile à manier pour un progressiste.


        • 5 votes
          Elisa 24 septembre 2014 15:52

          Absolument passionnant.
          Si on fait l’effort de l’écouter de bout en bout, on a la meilleure récompense, celle d’avoir le sentiment qu’on est devenu un peu plus cultivé et non "démagogisé" !
          L’articulation entre Rousseau, Marx et le mouvement révolutionnaire prolétarien apparaît à l’évidence comme une clé de compréhension de la situation actuelle, nationale et internationale.
          A écouter d’urgence si on veut s’extirper des polémiques qui nous feraient croire qu’on aurait le choix qu’entre le "système" et l’extrême droite !


          • vote
            ffi 24 septembre 2014 18:04

            C’est vrai qu’on peut cultiver du chardon.
            Mais ça ne nourrit pas.


          • 1 vote
            Qaspard Delanuit Qaspard Delanuit 25 septembre 2014 04:17

            Ce monsieur est très sympathique mais tiendrait-il le même propos sur les grèves de la SNCF s’il lui était arrivé d’être absent à l’une de ces conférences devant un auditoire de 300 personnes à cause de l’une de ces grèves ? Ou bien tout simplement s’il n’avait pas d’autre moyen pour se rendre à son travail que le train et pas d’autre solution pour faire vivre sa famille que de travailler, et pas de possibilité de se mettre lui-même en grève, par exemple parce qu’il est un travailleur indépendant ayant affaire à des clients et non à des usagers captifs et des contribuables contraints ?

            Si les employés de la SNCF veulent faire entendre une protestation, ils pourraient peut-être chercher une manière plus intelligente de l’exprimer.

            Ah, mais oui, le problème, c’est qu’il faudrait pour cela avoir un peu de créativité ; et les syndicats, c’est pas exactement l’imagination au pouvoir, hein...

            (Voilà, c’était ma minute Erwanet de la semaine.) 


            • vote
              Qaspard Delanuit Qaspard Delanuit 25 septembre 2014 04:43

              A part ça, le reste est intéressant. 


            • vote
              maQiavel maQiavel 25 septembre 2014 15:11

              J’en suis pour le moment à la première vidéo. Le propos de Pagani sur l’UE et la guerre mérite d’être noté.

              Dans la théorie générale d’équilibre des puissances dans les relations internationales, lorsque le système est bipolaire, deux coalitions se constituent  autour des deux grandes puissances qui jouent le rôle de suzerains et les Etats qui s’agglomèrent à eux sont des vassaux (ce fut le cas avec les Etats unis et l’union soviétique).

              Il y’ a plusieurs scénarios sur la façon dont les choses peuvent se dérouler, et l’un des scénarios est la paix effective par la neutralisation par la terreur des deux grandes puissances qui crée un équilibre.

              C’est ce qui s’est passé entre l’union soviétique et les américains dans la région Europe (dans d’autres zones, ils continuaient à s’affronter indirectement). Pagani a donc tout à fait raison de dire que cet état de paix sur le continent n’est pas lié à l’existence de l’UE car dès que l’une des deux superpuissances s’est effondrée, celle qui restait a logiquement cherché à étendre son empire (les américains l’ont fait à l’est).

               Jusque là c’est évident. Mais c’est la suite qui est intéressante : il dit, en gros que l’UE a été construite pour permettre à l’Allemagne de prendre sa revanche. Sur qui et pourquoi ? Il n’en dit pas assez à ce niveau de l’interview. Si on va au bout de sa logique , on peut penser qu’ il insinue que les américains , par crainte de leur vassaux Français trop indépendantiste ( cfr les forces Gaullistes et communistes auxquelles il fait allusion ) , ont décidé de le mettre en concurrence avec l’ Allemagne qu’ ils venaient de vassaliser et ont impulsé un cadre Européen qui leur serait favorable contre la France.

              C’est une façon d’expliquer la création de l’UE assez originale …


              • vote
                maQiavel maQiavel 25 septembre 2014 18:00

                Deuxième vidéo :

                -« Marx n’est pas le théoricien d’une autre économie politique mais il est le critique de l’économie politique libérale (capitaliste je dirai) ».

                ------> Un très important que les critiques de Marx ne semblent pas comprendre.

                -« Ce qui n’est pas bien avec Marx, c’est qu’il est pour la lutte des classes »

                ------> Un autre contre sens de gens qui critiquent Marx sans avoir jamais fait l’effort de le comprendre et qui se contentent de leurs préjugés puisque comme le souligne Palani, le communisme n’est pas la lutte de la classe mais le processus qui mène à une société sans classe, c.à.d. Qu’elle passe aussi par l’abolition du prolétariat.

                -« Qui sait que la Pologne reçoit la plus grande quantité de financement américain tout de suite après Israël et l’Egypte ? »

                ------> Ah, je ne le savais pas mais effectivement, c’est logique.

                 



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