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Pasolini sur le fascisme et la société de consommation

Pier Paolo Pasolini n'a eu de cesse de dénoncer la société de consommation que Michel Clouscard décrivait à la même époque comme un euphémisme désignant l'avènement de la société néo-fasciste dans laquelle nous vivons actuellement.

Voici ce que Pasolini écrivait dans ses Écrits corsaires (copiés ici) :

« Il existe aujourd’hui une forme d’antifascisme archéologique qui est en somme un bon prétexte pour se décerner un brevet d’antifascisme réel. Il s’agit d’un antifascisme facile, qui a pour objet et objectif un fascisme archaïque qui n’existe plus et qui n’existera plus jamais. […] Voilà pourquoi une bonne partie de l’antifascisme d’aujourd’hui ou, du moins, de ce que l’on appelle antifascisme, est soit naïf et stupide, soit prétextuel et de mauvaise foi  ; en effet, elle combat, ou fait semblant de combattre, un phénomène mort et enterré, archéologique, qui ne peut plus faire peur à personne. C’est, en somme, un antifascisme de tout confort et de tout repos. »

« Je suis profondément convaincu que le vrai fascisme est ce que les sociologues ont trop gentiment nommé « la société de consommation », définition qui paraît inoffensive et purement indicative. Il n’en est rien. »

« Il ne s’agit plus, comme à l’époque mussolinienne, d’un enrégimentement superficiel, scénographique, mais d’un enrégimentement réel, qui a volé et changé leur âme. Ce qui signifie, en définitive, que cette « civilisation de consommation » est une civilisation dictatoriale. En somme, si le mot de « fascisme » signifie violence du pouvoir, la « société de consommation » a bien réalisé le fascisme. »

« Le fascisme, je tiens à le répéter, n’a pas même, au fond, été capable d’égratigner l’âme du peuple italien, tandis que le nouveau fascisme, grâce aux nouveaux moyens de communication et d’information (surtout, justement, la télévision), l’a non seulement égratignée, mais encore lacérée, violée, souillée à jamais »

Écrits corsaires (1976)

Dans l'intolérance généralisée qui règne aujourd'hui, mâtinée d'une médiocrité sans précédent dans l'histoire de l'humanité, puissent les antifas, les antiracistes et autres féministes lgbétistes réaliser ce à quoi ils sont en train de servir aujourd'hui : construire le lit du néo-fascisme.

Voici à présent le grand homme qui évoque le désastre de l'acculturation que la société de consommation a fait subir à l'Italie dans l'enfer de cette après-guerre que d'aucuns désignent comme "glorieuse"...

Le désastre semble définitif : ce qui a été perdu l'est pour toujours. Merci, Pier Paolo, merci de décrire ainsi le désastre du totalitarisme dans lequel nous baignons. Presque 50 ans après ta mort, tu restes une lanterne dans la nuit nazie qui s'abat sur les peuples d'occident.

Tags : Société Italie




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4 réactions à cet article    


  • 1 vote
    JL 25 juillet 2022 11:24

    Rassurants, les mass media, ça c’était avant, du temps de Pasolini.

    Aujourd’hui, «  Nous sommes en guerre » : contre les virus, contre Poutine, contre les pénuries, contre le réchauffement climatique, ....


    • vote
      gorguetto gorguetto 25 juillet 2022 13:07

      Pour compléter, la recension des Écrits corsaires par Michel Brac 

      https://youtu.be/NwtKhFb-E8U


      • vote
        V_Parlier V_Parlier 26 juillet 2022 18:51

        Si Pasolini a vraiment écrit à son époque ce qui est dans l’image d’illustration, alors c’était vraiment un visionnaire. Car à ce moment là peu étaient capables de l’anticiper. On peut en être certains quand on voit qu’aujourd’hui la majorité ne le perçoit toujours pas alors que maintenant ça saute aux yeux.


        • vote
          shouitte shouitte 27 juillet 2022 03:02

          super interessant, et je comprend bien l’association socité de consommation avec violence du pouvoir.
          Néanmoins, le fascisme "traditionnel" est bel et bien d’actualité et il est largement instrumentalisé par ce "neo-fascisme". (regime autoritaire, discrimatoire instrumentalisé par une bourgeoisie )
          De toute façon ca fait des millenaires que cette recette est sans cesse utilisée : diviser pour mieux regner.



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