La thèse de Hayek soulève de nombreux
problèmes et des failles sérieuses dans sa cohérence.
Opposant
l’ordre construit à l’ordre auto-régulé, il prétend que la
liberté est dans le second. Comment peut-on parler de liberté dans
un ordre qui s’autogénère par le jeu de forces qui échappe à à
la compréhension et par conséquent à la décision et à la
responsabilité ?
La hiérarchie qu’il établit entre ces
deux ordres se heurte à un argument historique : comment justifier
que l’auto-régulation libérale occupe une si faible place dans la
succession des sociétés et civilisations ? L’Egypte pharaonique, les
sociétés pré-colombiennes, la civilisation chinoise n’ont que peu
de rapports avec cette rationalité sous-jacente au capitalisme
moderne.
Mais comment ne pas appliquer à la
théorie d’Hayek un soupçon bien difficile à évacuer. Les
détenteurs du pouvoir et de la richesse ont très souvent défendu
l’ordre dont ils profitaient par l’argument de nature (que celle-ci
soit divine ou "naturelle"). Les systèmes adverses étant
taxés de dangereuses constructions hérétiques, utopistes ou
totalitaires. Autrement dit et pour simplifier, le libéralisme est
le seul ordre conforme à la nature des choses et vouloir s’y opposer
relève d’une dangereuse aberration mentale.
Enfin, comment défendre un système
libéral dont les effets pervers s’accumulent depuis un siècle et
demi ?
Heureusement que les Us et l’Europe
n’ont pas toujours suivi ce prohète de malheur : les congés payés,
la réduction du temps de travail, les solidarités sociales ,
etc...toutes ces atteintes à l’ordre auto-régulé ont permis quand
même d’éviter le pire jusqu’à l’avènement des Nixon, Thatcher et
autres Blair et Sarkozy !