Le hors-la-loi d’hier contre le délinquant d’aujourd’hui
Extrait du livre Anarchiste conservateur, d'Anthony Michel (essayiste et auteur de plusieurs ouvrages dont Résigné et révolté et L'Anarque)
(Entre guillemets, des expressions tirées du livre L’Enseignement de l’ignorance, de Jean-Claude Michéa) En bons anarchistes conservateurs, nous pouvons apprécier la figure du « bandit d’honneur des sociétés traditionnelles » qui « puisait sa force et sa légitimité historique dans son appartenance à une communauté locale déterminée ; et, en général, il s’en prenait d’abord à l’État et aux divers possédants ». Tandis que « le délinquant moderne, au contraire, revendique avec cohérence la froide logique de l’économie pour « dépouiller » et achever de détruire les communautés et les quartiers dont il est issu ». Autrement dit – comme, par exemple, un certain « prince des voleurs » –, le premier hors-la-loi sait encore d’où il vient et s’oppose plus clairement au symbole politique (Etat) de l’injustice sociale. Quant au deuxième, il respecte de trop les codes culturels de l’économie de marché – à tel point qu’il peut en exalter sa violence – en n’hésitant pas à – syndrome du « Nique ta mère » oblige – maltraiter, oppresser, ceux qui, pour le premier, représentent encore la famille ou les amis donc des êtres et des valeurs à respecter et défendre. En même temps, le premier s’inscrit dans une période où, justement, le pouvoir politique était moins directement soumis à un pouvoir économique. Aussi, la violence du deuxième est inédite mais, pour le peuple, ses représentants sont plus difficilement visibles que ceux du pouvoir politique. Nous pourrions parler de subordination du visible politique à l’invisible économique.
Tags : Sécurité Philosophie Culture
20 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON