Très bien qu’il y ait des événement de ce genre et que cela réunisse des sensibilités différentes.
Mais comment peut-on croire à la sincérité de certains qui, présents au Châtelet, ont par ailleurs témoigné avec violence de leur rejet de populations arabo musulmanes considérées à priori et par essence comme inaptes à la culture et à la civilisation, alorsmême qu’ils considèrent ’humaniste" l’armée d’un Etat qui viole depuis sa création le Droit international.
Je me demande si ce consensus de circonstance n’est pas plus nuisible à la cause pour laquelle la plupart des participants s’étaient mobilisés.
Je me demande aussi dans quelle mesure la présence de BHL n’était pas un moyen de faire oublier ses calamiteuses bourdes et prises de position en faveur du terrorisme d’Etat.
Voilà une tarte à la crème particulièrement indigeste et l’humour de ce monsieur est encore plus lourd qu’une crème pâtissière vendue dans un supermarché.
Par ailleurs le brillant raisonnement sur les prélèvements résiste difficilement à une simple objection : comment une entreprise pourrait-elle vivre si elle ne bénéficiait pas de façon perenne des infrastructures publiques lui permettant d’assurer sa logistique (réseau routier, distribution de l’énergie, formation initiale, santé publique, etc...).
Du haut de sa chaire virtuelle, ce donneur de leçons nous offre tous les poncifs de la vulgate libérale, oubliant que sans le soutien des Etats le système financier aurait fait s’écrouler tout le crédit mondial.
Il ne suffit pas de s’autoproclamer expert économique pour en être un. Et l’on sent bien dans ses propos que le libéralisme économique ne fait jamais l’objet d’un examen, c’est un dogme.
La thèse de Hayek soulève de nombreux
problèmes et des failles sérieuses dans sa cohérence.
Opposant
l’ordre construit à l’ordre auto-régulé, il prétend que la
liberté est dans le second. Comment peut-on parler de liberté dans
un ordre qui s’autogénère par le jeu de forces qui échappe à à
la compréhension et par conséquent à la décision et à la
responsabilité ?
La hiérarchie qu’il établit entre ces
deux ordres se heurte à un argument historique : comment justifier
que l’auto-régulation libérale occupe une si faible place dans la
succession des sociétés et civilisations ? L’Egypte pharaonique, les
sociétés pré-colombiennes, la civilisation chinoise n’ont que peu
de rapports avec cette rationalité sous-jacente au capitalisme
moderne.
Mais comment ne pas appliquer à la
théorie d’Hayek un soupçon bien difficile à évacuer. Les
détenteurs du pouvoir et de la richesse ont très souvent défendu
l’ordre dont ils profitaient par l’argument de nature (que celle-ci
soit divine ou "naturelle"). Les systèmes adverses étant
taxés de dangereuses constructions hérétiques, utopistes ou
totalitaires. Autrement dit et pour simplifier, le libéralisme est
le seul ordre conforme à la nature des choses et vouloir s’y opposer
relève d’une dangereuse aberration mentale.
Enfin, comment défendre un système
libéral dont les effets pervers s’accumulent depuis un siècle et
demi ?
Heureusement que les Us et l’Europe
n’ont pas toujours suivi ce prohète de malheur : les congés payés,
la réduction du temps de travail, les solidarités sociales ,
etc...toutes ces atteintes à l’ordre auto-régulé ont permis quand
même d’éviter le pire jusqu’à l’avènement des Nixon, Thatcher et
autres Blair et Sarkozy !
De mon point de vue le plus grave dans le discours de Grenoble c’est la transgression par Sarkozy de deux principes qui fondent notre consitution et par voie de conséquence notre contrat socia :
- L’introduction de la responsabilité collective par le ciblage d’une communauté (aujourd’hui les Roms, demain qui ?) déclarée collectivement délinquante. Désormais en France on pourra être inquiété non pour ce qu’on a fait mais pour ce qu’on est !
- L’alourdissement des peines pour les français naturalisés ce qui transgresse formellement le premier article de notre constitution.
Cet homme est-il aujourd’hui digne de sa fonction ?
-Les grands lobbies du privé ont largement dépassé au XXI° siècles les lobbies proches de l’Etat : quelques exemples, Mosanto et l’agroalimentaire , Total et l’énergie, Nestlé et l’alimentaire, le système bancaire, etc...
-Quant à Rousseau, ce qu’il affirme dans le Contrat Social a fortement inspiré la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen. L’Etat de Droit ne peut être la seule résultante d’arrangements privés empiriques mais l’instauration d’un pacte auquel chacun doit se soumettre et auquel chacun peut avoir recours en cas de violation étatique ou privée.