"On en est resté à l’idéalisation des parents et de leurs
exigences, qui peut aisément être transposée au Führer ou à l’idéologie
correspondante. Étant donné que les parents ont toujours raison dans ce qu’ils
exigent, ce n’est pas la peine de se casser la tête à chaque fois, pour savoir
si leur exigence ponctuelle est également juste. D’ailleurs, comment
pourrait-on en juger, où trouverait-on les critères, quand on s’est toujours
laissé dire ce qui était bien ou mal, que l’on n’a jamais eu l’occasion de
faire l’expérience de ses propres sentiments, et qu’en outre toutes les
velléités [sic] de critique que les parents ne supportaient pas présentaient un
danger mortel ? Si l’adulte n’a rien bâti qui lui soit propre, il se voit
livré pour le meilleur et pour le pire aux autorités, exactement comme le
nourrisson aux mains de ses parents ; un « non » opposé aux
détenteurs du pouvoir lui paraît à tout jamais mortellement dangereux." A. Miller, C’est pour ton bien,
p. 104.
PS : La religion, puis l’école, puis les parents et le cercle continu.
"Sans doute par peur que cette manne se tarissent si on découvre d’ou ça vient !"
"Cela signifie que, règle générale, nous ne réalisons pas que l’on a fait
l’objet d’un subtil modelage aux exigences de l’institution (de la société),
puisqu’il fait partie de notre formation. J’anticiperai en précisant que cette
formation commence au berceau et se poursuit, au-delà de l’éducation parentale,
elle-même souvent conditionnée par l’institution, par l’éducation sociale, la
socialisation. En vue de nous convaincre, Castoriadis nous enjoint ensuite à
nous demander[84] :
"quelle est la part de tout
votre penser et de toutes vos façons de voir les choses et de faire des choses
qui n’est pas, à un degré
décisif, conditionnée et co-déterminée par la structure et les significations
de votre langue maternelle, l’organisation du monde que cette langue porte,
votre premier environnement familial, l’école, tous les « fais » et
« ne fais pas » qui vous ont constamment assailli, les amis, les
opinions qui circulent, les façons de faire qui vous sont imposées par les
artefacts innombrables dans lesquels vous nagez, et ainsi de suite."
"Contrairement à Merleau-Ponty, qui refuse l’absolue clôture par l’institution,
naturellement évolutive,
"Castoriadis insiste sur le fait que l’institution «
produit, conformément à ses normes, des individus, lesquels, par construction,
sont non seulement capables de, mais obligés à reproduire l’institution » et
constituent donc des « fragments ambulants de l’institution de [la]
société »[85], un peu comme les milliers de gouttes d’eau qui sont enfermées
dans un vase n’évoluent toujours qu’à l’intérieur de celui-ci et sont toujours
collectivement en tant que gouttes agglutinées, en forme de vase. Ainsi, pour
lui, l’examen de la façon dont fonctionnent le magma imaginaire social et ses
institutions au sein d’une société révèle l’existence d’une clôture (fermeture
sur elle-même). Cela a des répercussions au potentiel dramatique tel que le
suggère la fin du passage suivant[86] :
"Toute société (comme tout être ou
espèce vivante) instaure, crée son propre monde, dans lequel,
évidemment, elle « s’ »
inclut. (…) Il serait même insuffisant de dire que toute société
« contient » un système d’interprétation du monde. Toute société est un système d’interprétation du
monde ; et, ici encore, le terme « interprétation » est plat et
impropre. Toute société est une construction, une constitution, une création
d’un monde, de son propre monde. Sa propre identité n’est rien d’autre que ce
« système d’interprétation », ce monde qu’elle crée. Et c’est
pourquoi (de même que chaque individu) elle perçoit comme un danger mortel
toute attaque contre ce système d’interprétation ; elle la perçoit comme une
attaque contre son identité, contre elle-même.
"Castoriadis soulève ici un point crucial : la tentative de remettre en
question le système d’interprétation du monde d’une personne fermée sur sa
conception, résulte en un braquage, dû au sentiment d’être attaqué dans son
identité profondément ancrée. Là réside l’un des fléaux les plus destructeurs
entre les humains : la peur de l’autre qui proviendrait, comme je
l’expliquerai plus loin, de la peur de l’autre en soi, la peur de l’inconnu en
soi, de ce qui nous est inexploré, notre face cachée de Lune dont on redoute
les conséquences, si elle venait qu’à nous être dévoilée. Dans une société
étant composée d’un grand nombre de personnes encastrées dans leurs idées qui
se veulent fixes, même si elle se prétend être une société ouverte, le résultat
à l’échelle collective peut laisser à désirer."
[83] C. Castoriadis, L’imaginaire,
supra, note 19, p. 222-223. ; [84] Ibid., p. 223. ; [85] Ibid., p. 223. ; [86] Ibid., p. 226.
@ Stifter", Le problème "éthique" fondamental est que personne n’est obligé de se soumettre à une analyse didactique les rendant conscients du refoulé de leur enfance. On en a la preuve ici. L’interprétation est fausse. Peut importe le protocole, les interprétations sont toujours fausses.
Plus bas dans le lien vous trouverez : "In an alternative interpretation of the Clark doll experiments, Robin Bernstein has recently argued that the children’s rejection of the black dolls could be understood not as victimization or an expression of internalized racism but instead as resistance against violent play involving black dolls, which was a common practice when the Clarks conducted their tests.[18]"
Toutes les personnes compétentes savent que les petits enfants noirs s’identifient à la poupée noire. Ce sont eux qui se perçoivent négativement parce que leur mère ou la personne de référence est idéalisée. Si elle est méchante, ils pensent qu’ils le méritent parce qu’ils sont méchants et sont obligés de croire qu’elle les aime pour ne pas être abandonnés par elle. En 1950 et même aujourd’hui c’est le 4ième commandement qui empêche que l’on voit les parents et la mère telle qu’ils sont c.à.d. tel que depuis des générations les parents bousillent les enfants "pour leur bien".